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SUISSE

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Dans la Suisse française ou romande, le diocèse le plus Important est celui de Lausanne. Genève et Fribourg, qui réunit les deux anciens évêchés de Genève et de Lausanne, supprimés lors du passage de ces villes à la Réforme] et dont l'évêque réside à Fribourg. Ce diocèse comprend donc les cantons de Genève, de Vaud, de Neuchâtel et de Fribourg. Ce dernier canton, avec ses 125000 catholiques, forme le noyau principal de ce grand et beau diocèse, qui compte quelque 270 000 catholiques, et qui s'étend du Jura aux Alpes, du lac Léman aux lacs de Neuchâtel et de Morat. Ici encore. 450 ans après la Réforme, le catholicisme refleurit et conquiert sans cesse des positions depuis longtemps perdues. A Genève et à Lausanne, le nombre croissant des catholiques réclame de nouvelles paroisses et de nouvelles églises et chapelles. Qu’il sullise de dire que, d’après le recensement de 1930, le canton de Genève, ville et campagne, comptait 72 000 catholiques contre 88 000 protestants, et que la ville de Genève, la « Rome protestante » d’autrefois, comptait, vers 1920, quelque 58 in’it catholiques contre OS 000 protestants ; on y trouve aujourd’hui une douzaine de paroisses catholiques. Même phénomène à Montreux, à Vevey, à Lausanne, où l’unique paroisse de Notre-Dame compte déjà trois filiales.

Le canton de Neuchâtel, où deux paroisses seulement étaient restées catholiques au temps de la Réforme, compte aujourd’hui plus de douze nouvelles paroisses avec de grandes et belles églises, telles que celles de Neuchâtel et de La Chaux-de-Fonds. C’est ainsi que la Suisse romande, qui était autrefois presque entièrement protestante, sauf le canton de Fribourg, se couvre d’une blanche parure d'églises et de chapelles catholiques.

Terminons ce tour d’horizon par le diocèse de Sion, qui comprend un seul canton, entièrement catholique, le pittoresque canton du Valais, c’est-à-dire la vallée où coule le Rhône, depuis sa source, au glacier du Rhône, jusqu'à son embouchure dans le lac Léman ou lac de Genève. Le diocèse compte quelque 130 000 catholiques, de langue allemande dans le Haut-Yalais et de langue française dans le Ras-Valais. Quelques paroisses de cette dernière région sont desservies par les chanoines réguliers du célèbre hospice du GrandSaint-Bernard et par les chanoines de Saint-Augustin de l’abbaye royale de Saint-Maurice, dont l’abbé porte le titre d'évêque de Bethléem.

Il n’y a pas d’archevêché en Suisse. C’est le doyen d'âge des évêques, qui préside la réunion annuelle des sept évêques que nous venons de mentionner. Cette réunion se tient généralement dans la célèbre abbaye bénédictine d’Einsiedeln, qui est en même temps un lieu de pèlerinage très fréquenté.

L’ne nonciature apostolique a été rétablie en Suisse pendant la Grande Guerre, sous le pontificat de Benoît NY. Vers la fin de l’année 1915, le pape envoya à Berne, comme représentant officieux, l’actuel cardinal-vicaire, S. Ém. le cardinal.Marchetti ; il devait travailler à l'œuvre de la paix et s’occuper en particulier des prisonniers de guerre. Le premier nonce fut l’actuel secrétaire d’ICtat de S. S. l’ie NU, S. Lin. le cardinal Maglione. Le nonce est accrédité, non plus comme autrefois auprès des cantons catholiques, mais auprès de la Confédération. Celle-ci, par contre, n’a pas de représentant officiel a Borne, auprès du SaintSiège.

111. Enseignement. — Le clergé suisse n’a plus besoin, comme autrefois, d’aller faire ses études théologiques dans les universités ou les séminaires étranChaque diocèse est aujourd’hui pourvu d’un séminaire où, pendant quatre et même cinq ans, les jeunes lévites reçoivent de maîtres compétents la

science philosophique, théologique, morale, juridique et liturgique qui leur est nécessaire. Les futurs prêtres ont d’ailleurs reçu une bonne instruction dans les écoles primaires ; ils ont lait ensuite d’excellentes études classiques dans les petits séminaires ou. mieux encore, dans les collèges officiels ou privés des différents cantons.

L’instruction primaire est très répandue en Suisse ; on n’y trouve pas d’illettrés ; les enfants anormaux, arriérés, aveugles, sourds-muets y sont l’objet d’une louchante sollicitude. L’enseignement à tous les degrés est de la compétence des cantons ; le pouvoir fédéral, exception faite pour l'École polytechnique de Zurich, qui a ete créée par lui et est encore organisés et iirigtï p ir lui n i j un us r.ussi, en ce. domaine très important et très délicat, à supplanter les cantons. La Constitution fédérale se limite à dire que l’instruction primaire doit être suffisante, obligatoire et gratuite dans les écoles publiques et que celles-ci doivent pouvoir être fréquentées par les adhérents de toutes les confessions, sans qu’ils aient à souffrir d’aucune façon dans leur liberté de conscience ou de croyance. Le peuple suisse, protestant ou catholique, n’a jamais interprété cet article constitutionnel dans le sens d’une école neutre ou sans religion. Aussi, sauf quelques rares exceptions, les cantons, aussi bien protestants que catholiques, maintiennent-ils l’enseignement religieux à l'école. Dans le canton de Fribourg, par exemple, et c’est le cas des autres cantons catholiques, la religion est une des branches officielles du programme scolaire ; les curés ou pasteurs font de droit partie des commissions scolaires communales ; ils ont le droit de faire des visites dans les écoles ; ils sont chargés de l’enseignement religieux et social dans les cours complémentaires ou post-scolaires. Grâce à l'école confessionnelle, le peuple suisse maintient ses traditions religieuses qui vont, chez lui, de pair avec les traditions nationales et patriotiques.

Un des mérites des catholiques suisses est d’avoir su organiser, d’un bout à l’autre du pays, des collèges où se développent encore ces traditions patriotiques et religieuses, où l’humanisme chrétien est à l’honneur, où enfin les futurs prêtres et les futurs magistrats, médecins, avocats, etc., faisant les mêmes études, apprennent à se connaître et à s’estimer, sans ces cloisons étanches qui, dans certains pays, les séparent les uns des autres dès leur enfance et qui risquent plus tard de les opposer les uns aux autres pour le plus grand dommage de l'Église et de la Patrie. Parmi ces collèges très florissants, il convient de citer le collège Saint-Michel de Fribourg qui a été organisé, en 1580, par saint Pierre Canisius et qui n’a cessé de rester fidèle à l’esprit de son fondateur. Une des grandes idées de celui-ci était de répandre l’instruction et la science pour corroborer la foi catholique et la défendre contre les attaques de ses adversaires. Plusieurs collèges sont tenus par des religieux, tels que les chanoines de Saintvugustin, les bénédictins et même les capucins. Les études classiques qui comprennent six ans de gymnase, sont couronnées au cours des deux ans de lycée, par l’enseignement de la philosophie et des sciences. C’est le privilège des collèges catholiques de donner à leurs élèves une solide philosophie, celle d’Aristote et

de saint Thomas, qui les garde contre certaines aber

rations de la pensée moderne. C’est cette même philo

sophie qui, suivant les directions pontificales, est enseignée dans les séminaires, ou le thomisme est a l’honneur, un thomisme qui sait d’ailleurs s’adapter a l'évolution et à l’enrichissement de la pensée moderne, surtout dans le domaine des sciences expérimentales. L’enseignement de la philosophie et de la théologie thomiste triomphe naturellement ; l’université catholique de Fribourg qui, après de modestes débuts, est