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antinomiste, semble encore, avec un langage presque traditionnel, conserver une attitude catholique à

l’égard des bonnes enivres. Noir, pour l’interprétation de ces passages, les art. Luther, t. ix, col. 1244, et Justification, t. viii, col. 2151-2153. On peut garder les lionnes œuvres, on doit même le faire, car la foi entraîne les œuvres, mais à condition de reconnaître que toute la valeur des œuvres est due à la personne et qu’elles ne comportent, même après la justification. aucun mérite : simple nécessité de présence, mais non d’efficience, précise exactement Bellarmin, De justipeatione, I. IV. c. vu. Voir l’art. Mérite, t. x, col. 714715. avec les références aux œuvres de Luther. Ce dernier restera toujours fidèle à cette doctrine. Voir Articles de Smalkalde, ri, 1 : iii, 13, dans Joh.-Tob. Millier, Die symbolischen Bûcher der evangelisch-lutherischen Kirche. Gûtersloh, 1912, p. 300, 325.

2. Négations f>lus mitigées chez Mélanchthon. — Mélanchthon est en accord fondamental avec Luther : l’absolue perversion de la nature humaine par le péché originel ne permet pas d’admettre, avant la justification, l’existence d’œuvres bonnes et surtout d’œuvres méritoires. Après la justification, la concupiscence persiste entière et il ne peut être question de mérites : la miséricorde divine est exclusive de nos mérites. S’il est question, dans l’Évangile, de récompenses promises à nos bonnes œuvres, c’est là une promesse toute gracieuse sans aucun mérite de notre part. Telle est la doctrine générale des Loci communes. Voir les textes à l’art. Mérite, t. x, col. 716-717. Aussi n’existe-t-il pas, en réalité, de distinction entre préceptes et conseils, sauf peut-être en ce qui concerne le conseil du célibat ; aussi les vœux sont-ils sans valeur morale. Loci communes, 7 a œtas, dans Corpus reformatorum, t. xxi, col. 124-126 ; 126-128. Ainsi les œuvres non commandées par Dieu sont-elles éliminées : nulla opéra suscipienda sunt sine mandato Dei. Loci com.. Il* œtas, col. 311.

Toutefois, dans la Confession d’Augsbourg, et dans Y Apologie de celle-ci, Mélanchthon s’exprime avec plus de prudence. Sans doute, les bonnes œuvres n’ont aucune valeur méritoire en vue de la justification ; mais, si la doctrine de Mélanchthon « écarte le mérite des œuvres avant la justification, elle a plutôt tendance à biaiser sur leur valeur après ». Mérite, t. x, col. 718. En tout cas, la Confession enseigne qu’une fois la justification gratuitement acquise, les bonnes œuvres deviennent nécessaires pour la faire fructifier ». Ibid., voir aussi Justification, t. viii, col. 2151.

Dans ses écrits postérieurs, Mélanchthon accentue cette note spéciale de V Apologie. Cette tendance se manifeste dans la refonte des Loci, voir surtout le chapitre De distinclione ronsiliorum et præceptorum, col. 719-720 ; 724 sq. (pauvreté) ; col. 728 sq. (chasteté ) ; et dans quelques autres ouvrages. Cf. Mérite, t. x, col. 721-723.

3. Chez les réformés.

Chez les réformés, la doctrine des œuvres tient généralement plus de place que chez les luthériens. Voir Justification, t. viii, col. 2153-2154. Mais, au fond, ce sont toujours les mêmes hésitations, pour ne pas dire les mêmes contradictions. D’une part, en effet, la foi seule justifie sans les œuvres. D’autre part, cependant, la foi, loin de s’opposer aux bonnes œuvres, doit les exciter, non comme un titre a la récompense céleste, mais comme un témoignage de fidélité et d’amour envers Dieu. Voir à Mérite, t. x, col. 723-728, la doctrine de Zwingle et de Calvin sur ce point, il suffira ici de retenir la conclusion formulée par J. Rivière : « Les réformateurs ne sont restés irréductibles que sur la préparation a la

. (ion toute part de l’homme, a plus forte raison tout mérite de congruo est exclu au profit de la justi fication par la seule foi. Quand ils en viennent au chrétien déjà justifié, ils continuent, d’ordinaire, à repousser le terme de mérite — et encore Mélanchthon ne craint-il pas de l’accepter — mais, sous celle forme ou sous une autre, ils aboutissent à conserver la chose. Leurs critiques s’adressent au mythe, dont leur imagination polémique est obsédée, d’un mérite qui créerait à l’homme un droit indépendant de Dieu, alors que, malgré le pessimisme profond de leur théologie, ils ne peuvent échapper à l’évidence d’une valeur morale dont la grâce devient le principe. Pour fuir l’antinomisme, c’est vers le catholicisme que, sans le vouloir et peut-être le croire, ils se trouvent finalement ramenés. » Loc. cit., col. 728.

2° Conséquences de ces principes relativement aux œuvres surérogaloires. — 1. Indications générales. — Ces œuvres sont rejetées non pas précisément parce que les œuvres bonnes sont devenues d’une façon générale impossibles à l’homme en raison de la corruption originelle de sa nature ; non pas même parce que, n’étant pas imposées par Dieu, elles représenteraient une initiative blâmable ; elles sont condamnées au même titre que les œuvres en général, en raison de la valeur méritoire ou satisfactoire qu’on prétend leur accorder et qui, d’après la doctrine protestante de la justification, constituerait une injure à la satisfaction surabondante et aux mérites infinis du Christ.

C’est ainsi que Luther rejette les œuvres surérogatoires comme œuvres satisfactoires : « La meilleure pénitence, dit-il, est une vie nouvelle et l’on ne saurait satisfaire par des peines temporelles, infligées par Dieu ou même volontairement acceptées, comme jeûnes, prières, et autres œuvres non commandées par Dieu et appelées surérogatoires. » Cité dans les Actes du concile de Trente, Theiner, t. i, p. 531. Cf. Luther, Sermo de pœnitenlia, dans Œuvres, édit. de Weimar, t. i, p. 320.

Mélanchthon admet volontiers que récompenses et punitions dépassent parfois les limites de la justice individuelle et se répercutent sur autrui : ainsi le péché de David retombe sur le peuple ; ainsi la justice de peu d’individus aurait sauvé toute la ville de Sodome ; ainsi Naaman fut une source de bénédiction pour la Syrie. Ces répercussions sociales ont pour but de nous exciter à faire le bien. Toutefois, en agissant ainsi, nous devons nous souvenir que nous ne faisons que rendre à Dieu ce qui lui est dû, Rom., xvii, 12, et qu’après tout, selon la parole du Sauveur, nous sommes des serviteurs inutiles. Luc, xvii, 10. D’ailleurs les exemples cités plus haut ne sauraient démontrer que nos œuvres peuvent faire quoi que ce soit dans l’ordre de la justification. Et quand elles profitent à autrui, c’est non en raison de leur dignité propre, mais en vertu de la promesse toute gratuite du Christ, oralio applicatur pro aliis quia nititur non dignilale propria sed gratuila Christi promissione. Loci communes, lit* œtas, de eucharislico sacriflcio, dans Corp. reform., t. xxi, col. 875-876.

Calvin abonde dans le même sens, Institution chrétienne, t. III, c. xiv : il représente que les catholiques « accordent bien que cependant que nous sommes eu ce monde, nous avons tousiours mestié que Dieu nous pardonne nos péchez, pour suppléer le défaut de nos œuvres ; mais que ce pardon se fait, entant que les fautes qui se commettent sont compensées par œuvres de supererogation ». N. 12, Corp. reform., t. xxxii, col. 281. Or. c’est là, ajoute -t-il, faire injure à la boulé toute gratuite du l’ère et à la justice de Christ. Et, rappelant la doctrine de la justification, il conçut : « Si ces choses sont vrayes, ii n’a un, K-s œuvres qui nous puissent d’elles mesmes rendre agréables à Dieu ; mesmes e.les ne luy sont pas plaisantes, sinon en tant que l’homme estant couvert de la iustice de Christ,