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2833 SURÉROGATOIRES (ŒUVRES) — SURIN (JE ANJOSE P H) 2834

qu’il soit anathèmc. » Denz.-Bannw., n. 829. C’est toujours, on le voit, la doctrine de la justification par la foi seule qui est au point de départ : si Luther déclare nuls les vœux et les promesses faits par le chrétien après son baptême, c’est qu’il y voit une atteinte à la foi que le catéchumène professe en celui-ci. Décrets. .., p. 222. 173 (n. 17) et 181 (n. 121).

e. — Enfin, toujours en vertu du principe de la foi justifiante, la Réforme rejette comme injurieuse au Christ l’intercession des saints, soit à la messe, où elle est une « imposture ». soit en dehors de la messe. Voir, au concile de Trente, sess. xxii, c. ni et can. 5, Denz.-Bannw. , n. 941, 952 ; Décrets…, p. 447, 455 ; et ici Messe, t. x, col. 1137. La deuxième forme de l’erreur se trouve dans la Confession d’Augsbourg, a. 21, et, d’une façon plus adoucie, dans l’Apologie. Voir Saints (Culte des), t. xiv, col. 964 ; J.-T. Millier, Die si/mbolischen Bûcher…, p. 47, 224. Zwingle justifie ainsi la position des novateurs : « Le Christ seul étant mort pour nous, il est aussi l’unique médiateur qu’il faut invoquer. » W’erke, t. ii, Zurich, 1830, p. 77.

Plus dédaigneuse encore est l’attitude des réformateurs à l’égard du culte des reliques. Voir Reliques, t. xiii, col. 2366.

Con clusions. — Comme conclusions à ce tableau d’un double courant doctrinal touchant les œuvres en général et les œuvres surérogatoires en particulier, quelques remarques s’imposent, qui manifestent les raisons profondes des divergences entre catholiques et protestants.

1° Luther et les réformateurs, en raison de leur conception de la justice extrinsèque, n’admettent dans l’âme de l’homme justifié aucun principe inhérent de vie spirituelle ; ils ne peuvent donc s’arrêter à l’idée d’œuvres qui porteraient en elles-mêmes un élément de justification, de mérite, de satisfaction, de perfection quelconque. La corruption communiquée à la nature humaine par le péché originel s’y retrouve toujours. Commandées par Dieu, les œuvres sont bonnes sous l’aspect de l’obéissance à Dieu ; mais elles ne sauraient acquérir d’efficacité salutaire. Quant aux œuvres librement accomplies, l’homme même justifié serait présomptueux et coupable de vouloir les employer pour mieux assurer son salut : en raison de la justice extrinsèque, c’est la foi-confiance aux mérites du Christ qui seule est efficace dans cet ordre. D’accord sur ces principes, les réformateurs accusent des divergences dans la question de savoir si l’on peut accorder une valeur morale à ces œuvres, indépendamment toutefois de toute valeur salutaire.

2° Pour l’Église catholique, au contraire, la justification produit dans l’âme une justice inhérente qui lui communique un principe de vie nouvelle dans l’ordre surnaturel. Cette vie nouvelle est tout entière due aux mérites du Christ et, par conséquent, toute la perfection et toute l’efficacité qui en découle pour nos œuvres ne saurait faire la moindie injure à l’œuvre rédemptrice du Christ. De plus, la valeur méritoire et satisfactoire des œuvres accomplies dans l’état de voie ne confère pas à l’âme une perfection égale et semblable à la perfection des compréhenseurs. La doctrine catholique respecte les hiérarchies.

3° Toutefois, œuvres commandées et œuvres surérogatoires peuvent être, au même titre, méritoires ou satisfactoires. Il suffit qu’elles soient informées par la charité. Sous cet aspect, il n’y a donc pas à distinguer entre les unes et les autres. Dans la session xv (de sacramento pwnitentise), c. ix, le concile de Trente les met sur le même plan. Denz.-Bannw., n. 906. Le canon 13 qui correspond à ce chapitre portait, dans sa première rédaction, après pietatis opéra, les mots empruntés à Luther, quæ supererogationes dicuntur : la rédaction définitive l’a allégé de ces trois mots.

A. Michel.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

SURET Antoine (1692-1764), né en 1692, au village de Cabrières, près de Nîmes, entra dans la congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne, en 1709 ; il fut successivement professeur de grammaire, de bellestettres et de philosophie au collège d’Aix, puis supérieur de cette maison. Il fut ensuite envoyé à Mende. A son insu, et durant son absence, il fut élu supérieur général des doctrinaires, le 26 mai 1750, au chapitre de Paris, après des séances fort mouvementées dont on trouve le récit dans les Nouvelles ecclésiastiques des 30 octobre et 6 novembre 1750, p. 175-178, et du 23 janvier 1751, p. 16. Il fut réélu en 1760. Durant son long généralat, Suret s’appliqua à calmer les esprits qui étaient alors en pleine effervescence. Il avait acquis une grande réputation à Mende et dans les diocèses voisins, comme prédicateur de retraites ecclésiastiques. Il mourut à Avignon, le 17 janvier 1764.

Les écrits de Suret sont des ouvrages de théologie morale surtout pratique. A maintes reprises, les Nouvelles ecclésiastiques lui reprochent d’avoir prescrit à sa congrégation la soumission à la bulle Unigenilus, et cela, disent-elles, « en pure perte », car les doctrinaires n’ont tiré aucun profit de cette soumission et ils ont perdu leur réputation d’indépendance (Nouv. eccl. du 15 mai 1753, p. 80). Suret envoya à sa communauté en particulier deux lettres, 5 août 1750 et 25 juin 1751. Dans la première il recommande de souscrire le Formulaire (ibid., 24 avril 1751, p. 66-68) et dans la seconde (ibid., du 16 et du 30 janvier 1752, p. 12 et 17) il conseille la lecture assidue de l’Écriture sainte et des conciles, spécialement du concile de Trente. Suret a publié les Conférences de Mende, 10 vol. in-12 et Conférences sur la morale et le Décaloguepour servir de suite aux Conférences de Paris du P. Semelier sur le mariage, l’usure et la restitution.

Michaud, Biographie universelle, t. xl, p. 451-452 ; Feller, Biographie universelle, t. viii, p. 54 ; Nouvelles ecclésiastiques des 30 oct. et 6 nov. 1750, p. 173-178 et du 24 avril 1751, p. 66-68.

J. Carreyre.

    1. SURIANO Antoine##


SURIANO Antoine, écrivain ascétique italien, naquit à Venise vers 1450 d’une famille noble. Après avoir été longtemps prieur des chartreuses de Venise (1487-1498) et de Padoue (1498-1504) et visiteur de sa province, il fut élu, le 27 novembre 1504, patriarche de Venise, et mourut, le 19 mai 1508, en réputation de sainteté. Il composa les ouvrages suivants qui, selon certains bibliographes, furent imprimés. 1. De reformatione interiori. 2. De vita contemplativa. 3. De solitudine. On a imprimé le discours latin prononcé par le célèbre François Philomuse, de Pesaro, le jour de l’intronisation du patriarche Antoine Suriano en présence du sénat, du clergé et du peuple de Venise. Voir des extraits de ce discours dans le Chronicon cartusiense de dom Pierre Dorland, Cologne, 1608, p. 464-466.

Oralio funebris in obitum A. S., Patriarchæ Venetiarum, auctore Joanne Marina, Venise, 1508, in-4°, 6 feuillets ; Elegia in obilum… exarata in Cartusiana Eremo S. Andreee de Litlore, Venetiis, XIII kalendas junias anno MDVIII, par le célèbre Zacharie Benoît Ferreri, alors novice chartreux, in-4°, 4 feuillets ; Possevin, Apparalus sacer ; Petrejus, Bibliotheca cartusiana ; Ughelli, Italia sacra ; Morozzo, Theatrum chronol. S. Ord. Cartus., p. 57 ; Dom Léon Le Vasseur, Ephemcrides Ord. Cartus., t. ii, p. 138.

S. AUTORE.

    1. SURIN Jean-Joseph##


SURIN Jean-Joseph, écrivain spirituel jésuite ( 1600-1665). — I. Vie. — Né le 9 février 1600, il était fils d’un conseiller au parlement de Bordeaux. II fut élève des jésuites etsubil aussi l’influencedes carmélites de Bordeaux que gouvernai L Isabelle des Anges, l’une des religieuses espagnoles chargées d’introduire en France la réforme t hérésienne. Le 1 2 juillet 1 61 6, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus dans la province

T. — XIV. — 90.