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SUSO (HK.XHI — SUSPENSE


soient, ne changent guère le lecteur de ce qu’il a trouvé dans les ouvrages antérieurs.

On croit avoir remis la main sur le recueil original constitué par Elisabeth Staglin qui serait contenu dans le ms. de Stuttgart, cod. theol., 67, signalé par Pfeifîer. Il s’agit de vingt-six lettres parmi lesquelles se retrouvent, mais assez différentes, les onze de l’Exemplaire. De son côté, V. Preger, Die Briefe Heinrich Suso’s, Leipzig, 1867, a publié un autre recueil, de vingt-six lettres également, où se retrouvent textuellement les onze pièces de V Exemplaire avec un certain nombre d’autres dont quelques-unes semblent des remaniements de celles-ci. Cette collection ne présente donc pas un intérêt majeur ; on trouvera la traduction française des lettres qui ne figurent pas au Petit livre, à la fin de l'édition de G. Thiriot. Voir la bibliographie.

5. Ouvrages douteux ou apocryphes.

En plusieurs éditions de Suso, et d’abord dans celle qu’a donnée Surius, figurent plusieurs sermons qui se retrouvent également parmi les œuvres de Tauler. En fait ces compositions, où la dialectique la plus sèche s'étale à toutes les pages, ne s’apparentent guère à l'œuvre de Suso.

Le Petit livre de l’amour fdas Minnebùchlein), publié en 1896 par W. Preger dans les Abhandlungen de l’académie de Bavière, philos. -hist. Klasse, t. xxi b, p. 427-477, d’après un ms. de Zurich, où le traité est anonyme, n’est pas reconnu comme authentique par le P. Déni fie. Celui-ci admet néanmoins que l’opuscule est écrit dans l’esprit de Suso dont certains passages rappellent la manière. Peut-être y aurait-il lieu tien appeler de ce jugement.

Sur la foi des premières éditions on a également attribué à Suso Le livre des neuf rochers. C’est une censure assez vive des désordres qui désolent l'Église. Chacun des neuf rochers en question sert d’abri à une catégoiie d'âmes plus ou moins avancées dans la perfection. Ce petit livre est l'œuvre d’un bourgeois de Strasbourg, Rulmann Merswin († 1382), membre de l’association des « Amis de Dieu ». Édit. Ch. Schmidt, Strasbourg, 185'.). Cf. ci-dessus, col. 28 17. n. 8.

III. Appréciation.

Les œuvres authentiques de Suso suffisent à sa gloire. Nous avons essayé de caractériser au passage chacune d’entre elles. Si l’on fait abstraction du Livre de la Vérité, elles nous révèlent, à coup sûr, le plus aimable des mystiques allemands et peut-être de tous les écrivains mystiques. Pour la vigueur de la spéculation, il le cède à Maître Eckhardt, pour la clarté à Tauler. Il les dépasse tous deux par la profondeur et la tendresse du sentiment, par la fraîcheur de l’imagination, par le souffle poétique. Débarassée des doctrines adventices qu’il y a plaquées et qui s’en détachent si facilement, sa conception de la vie intérieure est accessible à toutes les âmes de bonne volonté, aux plus simples comme aux plus élevées. S’il est un point sur lequel insiste Suso, c’est à coup sûr celui du détachement des créatures, du parfait abandon à la volonté de Dieu. De cet abandon il parle d’expérience, ayant été soumis aux plus pénibles épreuves intérieures et extérieures. En lui néanmoins rien qui sente le « quiétisme ». S’abandonner, pour lui, ce n’est pas se laisser aller et il a des pages lumineuses sur ce qu’il appelle la vraie et la fausse résignation. Vie, c. u. Son zèle apostolique, son désir de gagner les âmes à Dieu, son obsession d’arracher au démon les personnes auxquelles il s’intéresse, tout cela est non d’un rêveur lige dans une contemplation stérile, mais d’un homme d’action qui fait de la glorification suprême de Dieu le but essentiel de la vie humaine et qui n’en renonce pas pour autant à sa pari de paradis. Dans toute sa direction ascétique, il peut être suivi en parfaite sécurité. Et puis il se lit avec tant d’agrément 1.Même sous l’accoutrement du français mi de l’allemand modernes comme l’on sent

la richesse de la langue native, sa douceur et sa naïveté. C’est l’un des très bons écrivains en langue allemande du xiv siècle, en même temps que le plus accessible des mystiques allemands.

I. Eninovs.

La première édition est en allemand ; elle a été donnée par F. Fabri, O. P., Augsbourg, 1482 ; rééditée à Augsbourg, 1512 ; ces deux éditions contiennent, en plus de l’Exemplaire, le Dialogue des neuf rochers et la Confrérie de la Sagesse éternelle (tiaduction allemande de l’Horologium, IIe part., c. vu). — En 1555, Surius publie à Cologne une traduction latine ci-dessus, col. 2847. C’est d’ordinaire sur cette édition qu’ont été faites les traductions anciennes en langue vulgaire. — Édit. en allemand moderne du C 1 M. Diepenbrock, Heinrich Suso’s gennant Amandus Leben und Schrilten, Itatisbonne, 1828, 4 « éd. en 1884 ; du P. Denifle, Die deutsche Schriften des seligen Heinrich Seuse, t. i (le seul paru), Munich, 1880 ; de W. Lehmann, Heinrich Seuses deutsche Scliriften, 2 vol., Iéna, 1911, 2e éd. 1922, qui donne en appendice deux sermons et le Minnebùchlein (dos Ruchlein der Liebe). — - Une édition critique du texte original a été donnée par K. Bihlmeyer, 2 vol., Stuttgart, 1907.

La traduction française la plus accessible est celle de G. Thiriot, O. P., Œuvres mystiques du B. Henri Suso, 2 vol., Paris, 1899 ; outie la tiaduction de l’Exemplaire, faite surl'édition Denifle, elle donne quatre sermons et les lettres de la collection W. Preger.

IL Travaux. — Les diverses éditions donnent d’ordinaire un aperçu sur la vie et l’oeuvre ; voir surtout celles de Denifle, de Bihlmeyer, de Thiriot. Il y a aussi des biographies sépaiées de H. YVilms (en allemand) et de Renée Zeller, Paris, 1>)22 (en français). Art. Heinrich Seuse dans Lexikon fur Théologie und Kirche, t. iv, 1932, col. 931-936 (K. Bihlmeyer). — F.tudes d’ensemble dans W. Preger, Geschichte der deutschen Mystik im Mittelalter, 2 vol., Leipzig, 1874, t. ii, p. 309-415 ; F.-X. Hornstein, Les grcmds mystiques allemands du A7l'e siècle, Luceme, 1922, p. 221-293 ; P. Pourrat, La spiritualité chrétienne, t. u. Le Moyen Age, Paris, 1921, p. 319-378.

On trouvera une bibliographie plus complète dans Ueberwegs-Geyer, Die patristische und scholastische Philosophie, Berlin, 1928, p. 628-630, 790.

É. Amaxii.

    1. SUSPENSE##


SUSPENSE. — I. Bref historique. II. Discipline actuelle.

I. Bref historique.

A l’imitation du droit hébraïque, I Reg., xvi, 5 ; Jos., iii, 5 ; Ez., xliv, 12-13, et du droit romain. Dig., i, xiii, 1, § 13 ; Dig., XLVII, x, 13, etc. qui prévoyaient des peines contre les prêtres prévaricateurs, l'Église, dès les premiers siècles, frappait ses ministres coupables de la peine de déposition, ou les suspendait de leur office. Concile d’Ancyre (314). can. 1 et 2 ; Can. apost., eau. 6, 45, 55, 56, 58, 59 ; cf. / Clem. ad Cor., c. xliv et xlvii ; S. Cyprien, Rpist., ix, xxviii et lxv ; concile de Nicée (325), can. 8 ; IVe conc. de Carth. (398), can. 49 et 68.

Les textes du VIe siècle donnent à cette déposition mitigée des noms divers : a sacro ministerio segregari, prohiberi, Novell, cxxiii, c. 1 et 2 ; ab ofjicio seguestrari, 1 IIe concile d’Orléans (538), can. 2 et 6 ; et même ab officio suspendi, [Ve concile d’Orléans (541), can. 10 ; Ve concile d’Orléans (549), can. 5. Ce terme de suspense ne sera cependant employé, à l’exclusion de tout autre, pour désigner cette peine, qu'à partir du xiie siècle. C’est aussi à partir de cette date que l’on distingua la suspense a bénéficia de la suspense ab officio ; la suspense ab ordine de la suspense a jurisdictione ; et que peu à peu prirent naissance de multiples suspenses partielles dans chacune de ces catégories.

II. Discipline actuelle.

Nature.

La suspense est une peine ecclésiastique dont l’effet propre

est d’interdire à un clerc l’exercice d’un pouvoir (d’ordre, de juridiction, d’administration) ou l’administration et l’usufruit d’un bénéfice. Le Code la définit : CENSURA qua clericus o/Jirio vel bénéficia vel utroque prohibetur. Can. 2278, § 1. Le plus souvent, en effet, la suspense est une censure, ou peine médicinale ; elle