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L64Ô) SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. EXPLICATIONS DES PÈRES 1644

Ibid., 1t. il. col. 576. Voir, sur la pleine science accordée

au Christ jKir saint Jérôme, la lettre à Damase citée ci-dessus, col. 1635

3. Controverse christologique du p » siècle. Le principal protagoniste est Ici saint Cyrille d’Alexandrie.

Dans les milieux antiochiens, la science humaine <lu Christ était généralement considérée comme limitée. Cf. Schulte, op. cit., p. 72 sq. Ainsi Théodoret déclare que beaucoup de paroles du Christ ne peuvent être rapportées a sa divinité ; on doit les rapporter à l’humanité. Il s’agit principalement de celle où il affirme son ignorance. Dire qu’il n’ignorait pas le jour du jugement serait l’accuser de mensonge ; dire qu’il l’ignorait comme Dieu serait impie. Contrit anathem.., iv, />. < ;.. t. Lxxvi, col. 409-112. Cf. Hseretic. fabul. comp., I. V, c. mu. t. i. xxxiii. col. 197.

Par contre, a la même époque, Isidore de Pélllse, dans sa lettre cxvii à l’archimandrite Athanase, expose que le Christ connaissait le jour du jugement, mais qu’il n’a pas voulu le révéler parce que la connaissance de ce jour nous eût été inutile et même nuisible. /'. (i-, t. i.xxviii, col. 260-261.

Saint Cyrille d’Alexandrie est. de tous les Pères, celui qui a le plus souvent discuté la question de l’ignorance apparente OU réelle du Christ. Jusqu’en 128, il combat surtout les ariens : après 428, il vise surtout Nestorius : l’erreur n’est plus la même, mais sa conception de la science du Christ ne semble pas avoir été modifiée. Schulte a cru pouvoir distinguer entre ces deux périodes un changement dans la pansée de saint Cyrille : avant 428, polémiquant contre les ariens, il aurait admis dans le Christ une ignorance apparente. J. Lebreton estime que « les textes ne semblent pas suggérer cette distinction : dans le Thésaurus déjà, le caractère tout extérieur de l’ignorance du Christ est aussi fortement affirmé qu’il le sera plus tard i. Op. rit., p. 568, note 1.

a) Thésaurus, ass. xxii. /'. C. I. i.xxv. col. 363380 : réponses aux ariens (avant 428). - Le Verbe est le Créateur des temps ; il connaît donc le dernier jour, puisqu’il décrit les signes avant-coureurs de la lin. Il peut dire qu’il l’ignore eu égard à son humanité. Col. 369 A. Il faut rapporter à l’humanité ce qui est hum fin mais le Verbe n’ignore rien de son œuvre. Col. 369 BC. 1." Christ connaissait l’heure comm ; Dieu, puisqu’il dit ailleurs : < l'ère, l’heure est venue. « Il dit l’ignorer comme homme. Col. 3(>9 CD. Il n’a pas dit qu.> l’Esprit ignore ; donc le Verbe sait : mais en disant que

le Fils et non « le Fils de Dieu i (voir ci --dessus col. 1641, cette remarque déjà formulée par Grég lire de Nazianze) ignore, il a parlé de lui-même comme d’un homme, tout en se réservant de savoir comme Dieu. Col..172 H. C’est par le Fils que Dieu fait tout : c’est donc aussi par lui qu’il a déterminé le dernier jour : ce jour, le Fils le connaît donc comme Dieu. Col. 372 B. Le Fils a tout ce qu’a le l'ère, donc aussi la connaissance du dernier jour, il est dans le l'ère et le l'ère est en lui, il connaît donc ce que connaît le l'ère : il est l’image parfaite du l'ère, donc il n’ignore rien de ce que sait le l'ère ; il connaît le l'ère, ce qui est une connaissance plus grande encore que celle du dernier jour. Col. 372-373. Ce Christ a dit : « Veillez, car vous ne savez, pas à quelle heure votre Seigneur viendra : il a montré par là qu’il connaissait cette heure ; s’il paraît l’ignorer, c’est a cause de son humanité. Col. 373 H. Il

a su le jour du déluge (Gen., vu. 1-4), Usait de même le jour du cataclysme final. Col. 373 c. L’ignorance n’est

p is plus imputable au Verbe divin que la faim, la

soif et les autres misères humaines. Col. 373-376. Bien que comme Verbe et Sages>e de Dieu, le Christ ait

connu le jour et l’heure, il a rép indu qu’il les ignorait

|i mi' n p is conl lister ses disciples. Il déclare n I p is

savoir, a cause de son incarnation. Après sa résurrec

tion, il parlera autrement ; cf. Ad., i. 7. Si le Christ avait vraiment ignoré, il aurait dit alors « .Je vous l’ai déjà dit, je ne sais pas. Col. 376-377. Ce Fils de Dieu sait tout. Dan., xiii, 12. donc aussi le dernier jour. Il y a donc, dans la ré]) >nse apportée par Marc, i économie > et non réelle ignorance : olxovo(t£Ï yâp toi y.n--'jq, uvJ) siSévat. — r, v &O0CV èxetvrjv, x.ai oùx. ikrfiCoç iyvoeT. Col. 377 1).

On reconnaît ici des échos de l’enseignement de saint Athanase dans le 111e discours contre les ariens. Voir ci-dessus, col. tt140. Le P. Lebreton fait suivre l’analyse de la pensée de saint Cyrille dans le Thésaurus d’une remarque, qui montre le bien fondé de son interprétation par rapport à celle du P. Schulte :

Les deux atlinn itions [du Christ : Le Christ sait tout, le Cils ne sait pas] en apparence contradictoires, se concilient surtout par l’incarnation : les l'ères avaient donné d’autres explications, et on en retrouve la trace chez saint Cyrille ; mais, s’il les rapporte, il les complète toujours par la considération, qui lui est chère, de l’incarnation du Christ et des misères humaines qu’il a voulu porter : ainsi, bien d’autres Pires a lient dit d : j : que le ( luist avait park de la sorte pour ne pas contrister les apôtres ; saint Cyrille le pense aussi, m lis, toujours soucieux de montrer la sincérité du Christ, il ajoute que le Fils de Dieu pouvait ainsi parler parce qu’il était devenu chair, et qu’il s'était approprié les infirmités de la chair ; on ferait la même remarque au sujet de l’argument tiré de-, questions posées |>ar Dieu à Adam et à Caïn.

Le plus souvent d’ailleurs la considérai ion de l’incarnation e~t la seule « pie propose saint Cyrille : il fait observer que l’ignorance est le lot qui convient à l’humanité ; le Christ a voulu la porter comme nos autres misères, comme la faim et la soif.

Cependant, dès cette époque, saint Cyrille est soucieux de sauvegarder l’uni té du Christ : jamais do ne il ne concédera, purement et simplement, que le Christ ait ignore : c’est pour

lui un abaissent 'ni consécutif à l’incarnation (tomceIvoxjic) : c’est une disposition voulue (otxovo(xi’a) ; c’est une ressentblance(â|xo(b>iTi ;) avec les homm is ignorants ; c’est une apparence (t/ L".a) ; ce n’e>t pas une véritable Ignorance. Op. cit., p. 570-571.

h) Dialogue sur la Trinité, dial. vi, /'. G., t. lxxv. col. 1069-1073 (avant 428). - Le Christ comme Dieu n’ignore rien ; mais il a parlé ici comme homme ; il a voulu prendre nos infirmités ; cf. col. 1064 A. Cyrille ajoute une nuance à son explication : pour écarter la (] lest ion indiscrète des apôtres, le Christ leur répond en se mettant à leur p oint de vue. comme s’il était simplement un homme. Col. 1073 A. Voir également le commentaire sur Zacharie, n. 105, P. G., t. i.xxii, col. 252.

c) Aprèï 128, Cyrille repousse plus explicitement toute interprétation qui tendrait à diviser le Christ. Il ne veut pas qu’on dise qu’en Jésus le Dieu connaît, tandis que l’homme ignore. Cf. Ilom., xvii, n. 3, P. G., t. i.xxvii, col. 780-781 (en 429).

Dans la Défense des anathémutismes (en 430), (, ri Ile reproche à Théodoret d’avoir dit que l’ignorance n’appartient pas au Verbe de Dieu, mais à la forme d’esclave ; ce serait là diviser le Christ. Anathem. tv, /'. G., t. i.xxvi. col. llti. Il serait mieux d’attribuer l’ignorance et les autres faiblesses aux conditions de son humanité, toïç ttjç àv()p(.)7r6rr ; TO< ; aùxoû uirpoiç. Voir aussi la réponse aux Orientaux. /'. (, '., t. LXXVI, col. 310-3 11.

Même réponse dans ['Exposé de lu foi orthodoxe aux reines (en 130) : Ignorer les mystères divins n’est pas Chose insolite ni niesséanle pour une créature… Si l’on dit que le Fils a été abaissé un peu au dessous des anges : en tant qu’il est devenu hoiiim bien qu’il soit par sa divinité transcendant à tonte créature, qu’y a t il d'étonnant à ce qu’on dise qu’il ignore comme les anges le mystère Caché en Dieu, bien qu’il soit sa Sa

gesse et sa Puissance ?… Ainsi, si l’on peut dire qu’il a ignoré hum îincin -nt. il a su divinement, oùxoôv xàv