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SYMBOLES. ORIGINES HISTORIOUES


et l’unité de la divinité. Cf. II Cor., xiii, 13 ; Tit., iii, 4-7. Harnack lui-même reconnaît d’ailleurs que la profusion de foi aux trois personnes était en usage dès la fin de l'âge apostolique. Op. cit., p. 111.

L’EpistoIa aposlolorum, apocalypse apocryphe à tendance antignostique de la seconde moitié du ne siècle, composée en grec en Asie-Mineure (éd. C. Schmidt, Leipzig, 1919) donne une profession de foi trinitaire : « Je crois au Père, le Tout-Puissant (tôv raxvToxpâTopa), et en Jésus-Christ, notre Sauveur, et au Saint-Esprit, le Paraclet, et à la sainte Église et à la rémission des péchés. » Cette formule est appelée Symboli apostolici forma antiquissima, par Umberg, Denz-Bannw., n. 1. Elle est, en effet, comme on le constate, très brève et se contente de l'énumération des personnes, avec mention de l'Église et de la rémission des péchés. Indiquons en passant que VEpistola aposlolorum a été conservée en une version copte incomplète et une version éthiopienne interpolée. Voir ces textes, dans Texte und Untersuchungen, 3° série, t. xiii, ou dans P. O., t. ix, p. 3, ou dans H. Lietzmann, Symbole der alten Kirche, collection Kleine Texte, Bonn, 1925, n. 152.

2. Il est vraisemblable que cette formule trinitaire brevissima combinée avec la formule christologique explicite, telle qu’on la trouve dans I Cor., xv, 3-4, a donné naissance au cours du iie siècle à un symbole primitif « binaire », brève profession de foi aux trois personnes divines constituant un premier article, et profession de foi explicite au Christ, constituant un second article, et rien ensuite. Forme qu’on retrouvera plus tard, développée, dans le Te Deum qui est, lui aussi, si on l’examine attentivement, de construction binaire, la seconde partie commençant à Tu rcx glorise, Christe.

Par des raisonnements d’ordre historique et philologique, Harnack avait conclu à l’existence de ce « symbole primitif binaire ». Cf. Hahn, op. eit., Anhang, p. 364 sq. W.-M. Peitz l’a reconnu dans la formule 73 du Liber diurnus. Das Glaubensbekenntnis der Apostel, dans Stimmen der Zeit, 1918, p. 553 sq. Sur le Liber diurnus, voir Diclionn. d’arche’ol., t. ix, col. 243 sq.

3. La forme primitive de notre Symbole des apôtres est issue de la combinaison d’une formule de foi trinitaire un peu explicite, analogue à celle de VEpistola apostolorum avec la profession de foi christologique explicite. Mais cette forme primitive de notre Symbole des apôtres n’est plus binaire ; elle est « trinitaire », le Saint-Esprit ne venant qu’après la profession de foi au Fils et ne figurant plus au début, comme c’est encore le cas dans le Te Deum. Toutefois, l’extension de la profession christologique a rompu l'équilibre trinitaire de l’ensemble.

Il existe deux versions de cette forme primitive de notre Symbole des apôtres. La forme orientale est la plus développée. Voir les symboles de Cyrille de Jérusalem, Hahn, § 124, d'Épiphane, formule brève, § 125 et formule longue, § 126 (cf. Denz.-Bannw., n. 13-14) ; d’Eusèbe de Césarée, Hahn, § 123. La forme occidentale est plus brève. Voir les symboles de Nicétas évoque d’Aquilée, Hahn, §40 ; de Rufin, ibid., § 19, cf. §36 et, en grec, du Psallerium JElhclstani, ibid., § 18, etc. Ces deux formes, en usage du ive au vi° siècle, ont été supplantées au vie siècle, par la forme actuelle du Symbole des apôtres. Sur ces développements, voir 1. 1, col. 1661-1670. La formule romaine était primitivement « occidentale », et les additions « orientales » y ont été introduites aux ve et vi c siècles.

Dans une série d’articles parus dans Zeitschrijl fur

neutestamentliche Wissenschaft (1922, 1923, 1925, 1927),

H. Lietzmann a étudié Les origines du Symbole des

apôtres. Selon lui, il y avait, au I effet au iie siècles, des

l pes » de symboles, mais non des formules arrêtées ;

ceci, à son avis, résulte des variantes que présentent différents auteurs (notamment Tertullien et Irénée), de symboles ou de règles de foi, dans l’exposé de leur croyance. Au ine siècle, le type romain, avec variantes, s’est imposé à l’Occident. Dans un remarquable article Symbolforschung du Lexikon fur Théologie und Kirche, t. ix, col. 929, E. Krebs affirme que Lietzmann semble avoir raison.

4. Dans l’article cité, Krebs ajoute quelques détails intéressants, concernant l’usage du symbole des apôtres dans le protestantisme. Dès le xviie siècle, les luthériens orthodoxes comme Hiilsemann et Calov s'élevèrent contre l’usage du Symbole des apôtres dans la liturgie, principalement au baptême et à l’ordination des ministres. Cette opposition dura à l'état plus ou moins latent jusqu'à nos jours. En 1846, le synode général du protestantisme prussien voulait remplacer à l’ordination des pasteurs le Symbole des apôtres par un « symbole d’ordination ». Cette innovation ne fut pas acceptée. Les prescriptions de « l’autorité religieuse protestante » enjoignirent aux Églises luthériennes de faire usage de Y Apostolicum dans la liturgie. Elles amenèrent de violentes controverses, après 1870, après 1890 et vers 1910. Karl Holl, l’auteur du livre Enlhusiasmus und Bussgewall inder griechischen Kirche, n’hésitait pas à écrire en 1919 : « Il n’y a plus aucun théologien ni aucun fidèle de la communauté qui serait capable de faire sien le symbole des apôtres en son sens littéral. »

D’ailleurs, si tous les catéchismes protestants contiennent le Symbole des apôtres, on doit observer qu'à la suite du Catéchisme de Luther (cf. Petit catéchisme de Luther, Montbéliard, 1913), les catéchismes luthériens récents expliquent fort sommairement le symbole. Cf. Catéchisme évangélique, Strasbourg, 1924 ; Catéchisme pour l’instruction religieuse évangélique, Saverne, 1939. Ou encore ils rejettent le texte en appendice, sans l’expliquer directement ; cf. Petit catéchisme à l’usage des Églises évangéliques, Mulhouse, 1925. Le Catéchisme de Calvin, Toulouse, 1897, est beaucoup plus explicite.

Depuis la publication des articles de Mgr Batiffol et de M. Vacant, t. i, col. 1660-1(580, on doit signaler un complément de bibliographie sur l’origine du Symbole des apôtres. Chez les protestants : P. Feine, Dte Gestalt des apostolischen Glaubensbekenntnis in der Zeit des neuen Testamentes, Leipzig, 1925, p. 5-28. Chez les catholiques : W.-M. Peitz, S. J., Das Glaubensbekennlnis der Apostel, dans Stimmen der Zeit, 1918, p. 553 sq. ; A. Nussbaumer, O. M. C, Das Ursymbolum nach der Epideixis des M. Ircnâus und dem Dialog Justins, Paderborn, 1921 ; Dom B. Capelle, O. S. B., Le symbole romuin au second siècle, dans la Revue bénédictine, t. xxxix, 1927 ; du même, Les origines du symbole romain, dans Rech. de théol. anc. méd. de Louvaio, 1929, 1930, 1934.

Dans le Kirchenlexikon, t. v, col. G76-679, la première partie de l’art. Glaubensbekenntnis, du Thalhoter ; et dans le Lexikon fiir Théologie und Kirche, de Mgr Buchberger, les art. de E. Krebs, Apostolicum (Symbolum), t. i, col. 569571, et Symbolforschung, t. ix, col. 929.

2° Les symboles d'Épiphane. — Le symbole d'Épiphane se lit sous deux formules, la brève et la longue. Hahn, § 125, 126. Cette dernière seule se trouve dans Denz.-Bannw., n. 13-14. Les deux formules sont présentées par Épiphane lui-même, à la fin de son Ancoratus, composé vers 374. P. G., t. xliii, col. 232 C, 234. Elles furent proposées pour répondre à une prière de nombreux prêtres et de l’autorité civile de Sudre en Pamphylie, lesquels, en raison des controverses existant sur la Trinité et surtout sur le Saint-Esprit, avaient sollicité d'Épiphane un exposé clair et exact de la doctrine catholique. La formule brève devait être réservée à l’instruction des catéchumènes avant qu’ils fussent admis au baptême ; la formule plus longue avait pour but de réfuter les erreurs nouvelles qui