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SYMBOLES. ORIGINES HISTORIQUES


s'étaient introduites les unes après les autres depuis le début du règne de Dioctétien. Épiphane et les autres évêques, « en un mot toute l'Église catholique » (xal croÀXT)68r, v -àoa ï ; âyîa y.xOoXixr, èxy.Xr, oîa) décidèrent de l’imposer à ceux qui recevaient le baptême. Mais il semble bien que cette forme développée soit trop prolixe pour constituer un symbole baptismal ; on peut donc supposer qu'à la fin de son ouvrage, Épiphane a voulu résumer la doctrine catholique qu’il avait défendue ; il l’a fait en une sorte de paraphrase du symbole baptismal, précisant et développant d’une part les articles de foi niés par les hérétiques, insérant d’autre part des affirmations empruntées au symbole baptismal qui peut-être avait été récité à son baptême. Cf. Caspari, Allé und neue Quellen…, Cristiania, 1879, t. i, p. 55.

C’est la forme brève qui, à part quelques modifications de détail, a constitué le symbole dit de NicéeConstantinople. Mais elle se termine par la finale de Nicée : Toùç SsXryovTa ; x. t. X. La forme longue développe avec des précisions remarquables la doctrine de l’incarnation, vérité de la divinité et de l’humanité dans le Christ, permanence des natures dans l’unité de la personne. La divinité du Saint-Esprit est affirmée avec une certaine prolixité et la finale de Nicée reprise avec une addition concernant la résurrection des corps et la condamnation de toutes les hérésies.

Symboles antipriscillianistes.

Par la présentation même de ces symboles, VEnchiridion de Denzinger

montre qu’il s’attache aux solutions préconisées par Karl Kunstle sur leur origine espagnole. Ces symboles antipriscillianistes sont la Formula Damasi, la Formula < Clemens Trinitas », la Formula « Libellus in modum symboli » (ou encore Formula Pastoris), et enfin le célèbre symbole Quicumque, appelé aussi symbole d’Athanase. Ce dernier est de beaucoup le plus connu et le plus important de tous.

1. La Formula Damasi est extraite d’un écrit supposé de saint Damase à saint Jérôme. De là, son nom. Damase n’en est pas l’auteur. Le texte en est publié par Hahn, § 200, d’après Coustant, Epistolse romanorum Pontificum, Paris, 1721, appendix, p. 101 sq. Le texte publié dans Denzinger, n. 15-16, a été revu d’après les éditions plus récentes et plus critiques de K. Kunstle, Anlipriscilliana, Fribourg-enB., 1905, p. 47 sq., et Eine Bibliothck der Symbole…, dans les Forschungen d’Ehrhard-Kirsch, i, 4, Mayence, 1900, p. 10 et 43 sq. Hahn fait observer la grande similitude de ce symbole avec celui de Phébade d’Agen ; cf. Hahn, § 189. Kunstle émet l’hypothèse que ce symbole a pu être rédigé par un concile de Saragosse de 380 et envoyé pour approbation au pape Damase, qui l’aurait accueilli. Cf. Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. i b, p. 986.

L’origine antipriscillianiste de ce symbole semble indiscutable en raison des assertions doctrinales qui s’y lisent. Le document est nettement divisé en deux parties. La première concerne la Trinité, la seconde l’incarnation. En dehors de cette disposition générale, il faut noter un certain nombre d’expressions qui font pressentir les formules du Quicumque. La finale, concernant la résurrection et les rétributions de l’autre vie, apparente davantage encore peut-être les deux symboles.

Hahn, § 201, donne une seconde formule faussement attribuée au pape Libère. Cf. Coustant, op. cit., p. 88 sq.

2. La formule Clemens Trinitus, d’auteur inconnu et incertain, doit vraisemblablement être rapportée à la fin du iv c siècle ou au début du Ve siècle.- Elle ne figure pas dans le recueil de Hahn, mais a été extraite par Kunstle d’un ms. de Heichenau. Cf. Anlipriscilliana, p. 65 sq. ; Forschungen, p. 12 et 147 sq. Ici encore i

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

l’apparentement avec le Quicumque est visible. Kunstle considère même que la formule Clemens Trinitas constitue le schéma initial du symbole athanasien.

3. l.a formule du Libellus in modum symboli, attribuée à Pastor, évêque de Gallécie, au v° siècle, se trouve à la fois dans Hahn, § 168, et dans Kunstle, Antipriscilliana, p. 43 sq. ; Forschungen, p. 8 sq. et 31 sq. Voir également Mansi, Concil., t. iii, col. 1003 A. Comme les précédents symboles, cette formule vise à coup sûr les erreurs priscillianistes ; mais elle se termine par 18 (Kunstle = 19) anathématismes, dont le dernier est un hommage à l’autorité du siège romain.

Cette formule ou règle de foi était autrefois présentée comme un symbole du I er concile de Tolède, dont on fixait la date à l’année 447. Cf. Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. n a, p. 482. Kunstle soutient que ce concile n’a jamais existé. Antipriscilliana, p. 30 sq. D’après lui, cette formule serait le libellus dont parle Gennade dans son Liber de scriploribus ecclesiasticis, c. lxxvi, P. L., t. lviii, col. 1103 A : Pastor episcopus composuit libellum in modum symboli parvum totam pêne ecclesiaslicam credulitatem per sententias continentem. In quo inler ceteras dissentionum pravitates, quas prwlermissis auctorum vocabulis anathematizat, priscillianos cum ipso auctoris nomine damnât. Ces dernières paroles avaient déjà éveillé, dans le sens de l’attribution faite par Kunstle, l’attention de Kattenbusch, Das apostolische Symbol, Leipzig, 1900, t. i, p. 158, et de dom G. Morin, Revue bénédictine, 1893, p. 385 sq. Étant donné qu’aucun autre document similaire de la même époque ne correspond à l’indication fournie par Gennade, l’attribution faite par Kiinstle semble certaine. Voir l’art. Pastor, t. x, col. 2241.

4. Le symbole Quicumque ou symbole de saint Athanase mérite de retenir plus longuement l’attention du théologien, en raison de l’autorité dont il jouit non seulement dans les Églises occidentales, mais même chez les protestants et surtout chez les anglicans qui l’ont accueilli dans leur liturgie.

On a étudié son origine à l’art. Athanase (Symbole de saint), t. i, col. 2178 et, tout en s’attachant à montrer qu’il convient de placer cette origine « dans le cercle des écrivains qui se rattachent à Arles et à Lérins, au v c siècle, dans un milieu où les ouvrages de saint Augustin sont lus et appréciés, mais où sa doctrine du péché originel soulève pourtant des objections » (col. 2186), M. Tixeront note en passant que « M. Kunstle a voulu depuis en faire un écrit antipriscillien, publié en Espagne ». On sait quelles étaient les autres opinions proposées : G. Burn a mis en avant le nom d’Honoré d’Arles ; dom Morin, celui de Césaire, tout au moins comme premier témoin ; Ommaney, celui de Vincent de Lérins. On vient de lire la conclusion de Tixeront.

La discussion sur l’auteur et le lieu d’origine du Quicumque a provoqué, depuis la publication de l'étude de M. Tixeront, de nouvelles hypothèses. Par la disposition même de l’enchaînement des textes des Antipriscilliana de Kunstle, on peut se rendre compte que cet auteur n’a pas affirmé sans quelque vraisemblance l’origine espagnole du Quicumque. Cf. Antipriscilliana, p. 204 sq. Mais, plus récemment, le P. H. Brewer, S. J., s’est efforcé de démontrer, par de « solides raisons », que l’origine espagnole et antipriscillianiste du Quicumque ne pouvait se soutenir et qu’il fallait considérer saint Ambroise comme l’auteur de ce symbole. Bas sog. Athanasianische Glaubensbekennlnis ein Werk des hl. Ambrosius, Paderborn, 1909. La thèse du P. Brewer a retenu l’attention des critiques qui, pour la plupart, s’y sont montrés favorables. Cf. Dom (j. Morin, dans Journal o/ theological studies, 1911, p. 161 sq. ; 337 sq., et G. Burn, ibid., 1925, p. 19. Le P. Scheepens,

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