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SYMÉON MÉTAPHRASTE

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Les œuvres de Sj méon Métaphraste permettent une contre-épreuve concluante des arguments historiques précédents, par les synchronismes qu’elles appellent ou les dates qu’elles excluent. Même en laissant de rutila limite (948) de la chronique transmise sous son nom (voir plus bas le détail) ou le fait qu’il a composé une épitaphe au fils de Humain I.écapène, Etienne († 963), on trouve dans des pièces hagiographiques lui appartenant avec certitude et dans ses lettres, des indices décisifs. Ainsi la Vie de saint Luc le Jeune (S février) n’a pu être écrite qu’après la reprise de la Crète aux Sarrasins (961) ; celle de saint Samson l’hospitalier (27 juin) après la mort de Jean Tzimiscès († 976). Au 16 août. Syméon emprunte a Constantin Porphyrogénète (912-959), la légende de l’image achéropite d’Édesse et de sa translation à Constantinople (911). S’il était absolument prouve que la pièce consacrée, le 15 août, à la sainte Vierge dans le Ménologe de Métaphraste (B. I.atisev. Menologii byzantini sœculi z l quæ supersunt. Saint-Pétersbourg, 1912, t. ii, p. 347) est une refonte d’un morceau analogue de Jean le Géomètre, comme semble le prouver M. Jugie (Sur la vie et les procédas littéraires de Syméon Métaphraste, dans Échos d’Orient, t. xxii, 1923, p. 5-10) et non l’inverse, on pourrait admettre que notre hagiographie a dû mourir tout à fait à la fin du siècle. C’est durant cette période, en effet, que se situe l’activité littéraire de Jean. On ne saurait plus invoquer la Vie de saint Paul de Latros écrite après 969, comme on l’a fait autrefois (cf. V. Vasilievskij, op. cit.). H. Delehaye a montré que l’auteur était un moine de Latros, Analecla boll., t. xi, 1892, p. 10 sq. Des lettres de Syméon récemment publiées par S. Eustratiadès, deux font allusion à des événements contemporains repérables, l’une aux incursions de l’émir Chamdam (944966), l’autre à l’expédition byzantine de Calabre, en 964 ; cf. op. cit., t. x, p. 31, et F. Dolger, Byz. Zeitschr., t. xxxiv, p. 402, pour une interprétation correcte des passages.

Il n’est pas défendu d’identifier avec notre personnage le Syméon magistros et logothète, que le juriste Eusthatios Romanos a connu au Palais dans sa jeunesse, c’est-à-dire à la fin du xe siècle. LTsipà, c. lxiv, 1, Zachar. von Lingenthal, Jus græco-romanum, t. I, p. 272. C’est même le plus vraisemblable. Métaphraste a-t-il été protasecrelis et patrice avant d’être logothète et peut-on, en ce cas, lui attribuer les deux novelles qu’on prête à un fonctionnaire homonvme de ce rang sous Nicéphore Phocas (964-967) ? Cf. Coll. III, nov. 19, 20, Jus græco-romanum, même édit., t. iii, p. 292, 296. La fréquence des homonymies n’autorise pas de solution.

Résolu le problème chronologique, il reste fort peu à dire sur la vie de Syméon. Les documents sont quasi muets. Psellos le fait naître à Constantinople de noble et riche famille, briller dans toutes les sciences, mener en grand style les affaires de l’État. Il s’attarde surtout sur l’œuvre hagiographique, le fait finir en saint, etc. P. G., t. exiv, col. 183-200. Mari d’Éphèse ajoute peu : Syméon serait né sous Léon VI. Il nous le montre en controverse religieuse avec un ambassadeur « perse » : il aurait pris in extremis l’habit monastique et aurait été enterré dans l’église de Sainte-Marie tûv ôSirfûv, , op. cit.

Nous avons signalé la légende d’Éphrem le Petit, selon qui Syméon aurait été plus ou moins disgracié par lia ile II, vers 980, [jour un passage de la Vie de sainte Théoctiste jugé humiliant pour l’empereur. Ce pourrait être un écho de difficultés rencontrées au début par la révolution hagiographique i du Métaphraste, à moins qu’il n’y ait la qu’un artifice pour introduire la canonisation céleste de l’œuvre, qui fait suite dans le récit.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

Célébré comme saint par M. Psellos et Marc d’Éphèse, Syméon n’a trouvé place dans les synaxaires imprimés que tardivement. 2Iuva^apiCTT-r, ç -ôiv SûSsxa [xr, vcov.., de Nicodème l’I lagiorite, 2e édit., Zacynthe, 1868, l re part., p. 244-245. Inscrit d’abord au 28 novembre, il a été placé ensuite au 8 du même mois.

IL Œuvres. — On doit exclure d’emblée le Commentaire de saint Luc qu’on a quelquefois prêté à notre Syméon, pour l’avoir souvent trouvé cité à son compte dans la chaîne de Nicétas. A. Mai, Script, veter. nov. collectio, t. ix, Rome, 1837, p. 626-734. Ces passages sont tout simplement empruntés au Ménologe. A rejeter de même la Air^r^iq 7repl -rîiç oîv.o80[xrjç toû vaoû tyjç èxxXvjaîaç T7Jç àyîœç Zotpîaç, cf. Th. Preger, Scriplores originum Constantinopolilanarum, t. i, Leipzig, 1901, p. 74-108, qui porte son nom dans quatre manuscrits. Cf. du même, Die Erzâhlung vom Bau der Hagia Sophia, dans Byz. Zeitschr., t. x, 1901, p. 456-457. Le traité De moribus Ecclesise signalé par N. Comnène Papadopoulos, Prænotationes mystagogicæ, Padoue, 1697, p. 398, pourrait bien être une fiction de cette infatigable faussaire, à moins qu’il n’ait voulu indiquer par là les’Hôtxol X6yot xS’, extraits de saint Basile sur lesquels nous reviendrons. Quant au reste de l’œuvre, on n’a pas fait encore la reconnaissance critique qui permettrait un départ complet de l’inauthentique et de ce qui ne l’est pas.

Écrits d’ordre historique.

1. La Chronique de

Syméon Logothète. La Chronique du cod. Paris, gr. 1712, partiellement éditée par Combefis, Scriplores post Theophanem, Paris, 1685, p. 401-498, et Bekker, Corpus de Bonn, 1838, sous le nom de Syméon Magister n’a rien à voir avec Syméon Métaphraste. On la désigne d’ordinaire sous le nom de Pseudo-Syméon. Cf. K. Krumbacher, Geschichle der byz. Liter., p. 359.

Mais il existe aussi une Chronique universelle que beaucoup de manuscrits grecs attribuent à « Syméon magistros et logothète » et une traduction slavonne, « Syméon métaphraste et logothète » (éditée par Sreznevskij, Spisanie mira ot bytia i liétovnik, Saint-Pétersbourg, 1905). Sous sa forme initiale, elle finissait en 944 ou 948, bien que certaines recensions aillent plus loin. La critique a posé à son sujet une série de doutes dont la solution éclairerait une bonne portion de la littérature historique byzantine : authenticité, transmission du texte, sources. Aucun n’étant de tout point élucidé, il serait hasardeux de dépasser ici un simple état de la question ; voir un bon résumé dans J.-B. Bury, History of the eastern Roman Empire, Londres, 1912, p. 455-459.

On admet que, par Syméon Logothète et Syméon Métaphraste, c’est le même écrivain qu’on entend désigner. En revanche on se sépare sur l’authenticité. C. de Boor, Weitcres zur Chronik des Logothelen, dans Byz. Zeitschr., t. x, 1901, p. 70-90, ne retient au compte de Syméon que la xoauoTrotcx qui ouvre la Chronique. Ce serait un élément autonome, ajouté après coup, en guise de façade, à des compilations où le nom de Métaphraste se serait substitué assez vite au nom de l’auteur, si même il n’a pas tout bonnement suppléé au silence d’un recueil originairement anonyme. Beaucoup d’autres soutiennent l’authenticité, v. g. Ehrhard, J.-B. Bury, etc.

Le texte est représenté par de nombreuses recensions assez différentes ; les unes, sous le nom de Syméon, d’auties, anonymes, une dernière série enfin, portant des étiquettes diverses. Sont dans ce cas : a) la Chronique de Léon le Grammairien (xi° s.) qui finit en 948. Bekker en a édité la deuxième partie (813-948) d’après le Par. gr. 17 Il en même temps que la section complémentaire du Par. gr. 854, qui, en fait, n’appartient pas, comme il le croyait, à la même ligne que la première. — b) la Chronique de Théodose

T.

XIV. — 94.