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SYMÉON DE THESSALONIQUE — SYMMAQUE

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932. Pour l’administrer il faut trois prêtres au moins. Ibid., c. cclxxxiii, col. 517 B : Resp. xlix. ad Gabrielem, col. 893 C. Le rite récemment introduit de Veuchclaion des morts n’est pas un sacrement mais un sacramental d’institution ecclésiastique. De sancto euclwlœo, c. cclxxxvi, col. 520-522.

Sur les Fins dernières notre auteur s'écarte sur plusieurs points de la doctrine catholique. Non seulement il enseigne que la vision de l’essence divine est inaccessible aux anges et aux bienheureux avant comme après la résurrection — - c’est là un des dogmes du palamisme (cf. Dial. contra hæreses, c. xxxii, col. 172 BC ; Resp. m ad Gabrielem, col. 840 D) — mais encore il retarde jusqu’au jugement dernier les rétributions d’outre-tombe. Les justes, tout comme les damnés, ne reçoivent, après la mort, qu’un commencement de rétribution. C’est pourquoi on peut prier pour les saints à la messe, leur félicité commencée pouvant recevoir quelque accroissement. Cf. Dial. contra hæreses, c. xxiii, col. 117 ; Resp. iv ad Gabrielem, col. 84 1 C : Ilôcoai Se <>jyjx.i etciv à-îsXsïç, èotc, ôw 6 Kûpioç eXOt). De sacra liturgia, c. xciv, col. 280-286 ; De ordine sepulturæ, c. ccclxxiii, col. 693 BC ; Expositio de divino templo, 102, col. 748 BC. Quoi qu’il dise contre le purgatoire des latins, dans lequel il découvre la doctrine origéniste de l’apocatastase finale, Syméon est complètement d’accord avec le dogme catholique du purgatoire dans ce qu’il a d’essentiel et de défini. Il enseigne en effet très clairement l’existence d’une peine temporelle due au péché même pardonné, peine qu’il faut subir en ce monde ou en l’autre, et l’efficacité des suffrages de l'Église pour soulager et délivrer les âmes des défunts qui sont morts dans le repentir avant d’avoir achevé leur pénitence. Contra hæreses, c. xxiii, col. 117-118 ; Resp. iv ad Gabrielem, col. 842848.

Il nous reste, en terminant, à dire un mot de la polémique de Syméon contre les latins. Elle n’est pas son meilleur titre de gloire, car elle rappelle les petitesses et les mesquineries de celle de Michel Cérulaire et de ses théologiens. Tout usage latin dans les sacrements, les rites et la discipline en désaccord avec la règle byzantine est blâmé, censuré quelquefois en termes violents. Il trouve à redire à tout, même à la rotondité de nos hosties. De sacra liturgia, c. lxxxviii, col. 265-268. Ces attaques contre les latins viennent sous sa plume même dans ses ouvrages les plus iréniques. Quand il parle ex professo de leurs innovations dans le Dialogue contre les hérésies, c. xix-xxiii, col. 97-124, il se fait l'écho des pires insanités propagées contre eux depuis le schisme du xie siècle : les latins mangent des viandes étouffées, des animaux impurs. Ils vont jusqu'à boire leurs urines « comme beaucoup l’ont constaté » ; ils font leur lessive dans les ustensiles qui servent ensuite à leur cuisine. Leurs moines ne sont pas d’un seul habit, mais ils ont multiplié les frocs, violant ainsi la prescription du divin Dcnys, etc. Si l’on compare cette polémique avec celle de Georges Scholarios, contemporain plus jeune de Syméon, quelle différence I C’est que Syméon est sorti d’un milieu monastique imbu de toutes sortes de préjugés contre les Occidentaux. Il ne connaît la doctrine de l'Église latine que par les écrits des polémistes, ses devanciers, qui souvent la travestissent. Esprit assez borné et peu spéculatif, il attache une importance démesurée à des vétilles d’ordre liturgique. Passé maître dans l’interprétation symboliste des rites, il n'était que trop porté à en exagérer la portée.

L. Allatius, Diatriba de Symeonibu.i, reproduit on tête de P. G., t. clv, col. 9-18 ; Fabricius-Harlès, Bibliotkeca greeca, t. xi, p. ; 128 sq., reproduit ibid., col, 18-21 ; KrumbacherEhrhard, Geschichte der byzantinischen Literatur, 2e éd., Munich, 1897, p. 112 sq. ; L. Petit, Les évêques de Thessalo nique, dans Échos d’Orient, t. v, 1902, p. 95-96 ; cf. t. xviii, p. 2ÔO. Sur la doctrine de Syméon on trouvera de nombreux extraits et références dans les quatre premiers volumes de notre Theologia Orientalium dissidenlium spécialement dans le t. iii, De sacranientis.

M. Jugie.

    1. SYMMAQUE (Saint)##


SYMMAQUE (Saint), pape du 22 novembre 498 au 19 juillet 514. — I. Le pontificat. IL La littérature symmachienne.

I. Le pontificat de Symmaque.

Au moment où disparaissait le pape Anastase II (19 novembre 498), la situation dans Borne était troublée. L’attitude que ce pape avait prise dans l’affaire du schisme acacien avait paru un recul en comparaison avec la fermeté qu’avaient montrée ses deux prédécesseurs, Félix III et Gélase. Un grand nombre de clercs et de prêtres s'étaient séparés de lui. Il était inévitable qu’un conflit ouvert n'éclatât à sa mort. En fait une double élection eut lieu, le même jour, pour remplacer Anastase ; une partie considérable du clergé, celle-là vraisemblablement qui avait pris parti contre le feu pape, se prononça en faveur du diacre Cœlius Symmachus, originaire de Sardaigne, tandis qu’une autre faction, numériquement moins forte, mais qui paraissait vouloir continuer la politique d’Anastase II, élisait l’archiprêtre Laurent. Celui-ci fut consacré le dimanche 22 novembre, dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure ; au même moment Symmaque était consacré au Latran. Nul des deux concurrents n’ayant voulu céder, ce fut le schisme déclaré dans l'Église romaine, avec son cortège habituel de troubles et de violences.

Finalement il fallut bien recourir à l’arbitrage du roi des Austrogoths, Théodoric. Bien qu’arien, le souverain se décida à prendre l’affaire en main. Malgré les insinuations perfides du récit mis en circulation par le parti de Laurent (fragment laurentien), il n'était pas nécessaire que Symmaque recourût à des moyens de corruption. La sentence du roi goth était des plus équitables : celui des deux compétiteurs qui aurait été élu le premier, serait reconnu ; s’il était impossible de prouver l’antériorité d’une élection sur l’autre, on considérerait comme évêque légitime celui qui aurait réuni le plus grand nombre d'électeurs. Ainsi fut assurée la, reconnaissance de Symmaque. Très peu de temps après, un concile romain, réuni à Saint-Pierre le 1 er mars 499 et dont les actes se sont conservés, Mansi, Concil., t. viii, col. 229-238, entérinait ce résultai. Il prenait en même temps des mesures pour empêcher à l’avenir le retour d’un schisme : tout engagement pris durant la vie d’un pape et à son insu, au sujet de l'élection de son successeur, toute manœuvre pour s’assurer des voix seraient punis de la déposition et de l’excommunication ; si un pape mourait subitement, sans avoir rien déterminé pour le choix de son successeur, le candidat serait reconnu qui aurait été élu par l’unanimité du clergé ou tout au moins par la majorité. On remarquera que le droit semble reconnu au pape de désigner plus ou moins explicitement son successeur. Trente ans ne se passeraient pas que cette concession ne fût retiré »  » Le concile de mars 499 n’accabla pas, d’ailleurs, le candidat évincé, Laurent ; il fut maintenu à son rang d'évêque et se vit attribuer le siège de Nocera, en Campanie. Symmaque paraissait ainsi définitivement reconnu ; ce fut lui qui, en 500, reçut Théodoric, lors de la visite officielle que fit le souverain dans l’ancienne capitale de l’empire. Cf. Jafïé, Regesta, post n. 754. De même régla-t-il de son autorité le différend entre les deux métropoles de Vienne et d’Arles, en prenant le contrepied de ce qu’avait décidé son prédécesseur le pape Anastase II. Jaffé, Regesta, n. 753, 754.

Mais le parti adverse n’avait pas dit son dernier mot, sans doute encouragé à distance par les menées