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SYMÉON DE THESSALONIQUE
M, 81)
par dos affirmations gratuites et générales dans le genre de celle-ci : « Le Verbe du Père n’a pas dit :
L’Esprit procède de moi. mais il a dit : Il procède du Père, lit toi. le novateur, tu as l’audace de lui donner ce que lui-même ne s’est pas attribué. Qui cependant mieux que lui est renseigné sur la procession éternelle du divin Esprit ? Expositio symboli, col. 784-785.
Sur l’origine de l'âme humaine, il est partisan du créatianisme et de l’animation immédiate. Resp. n ad Gabrielem Pentapolitanum, col. 840.
Contrairement à plusieurs de ses contemporains, il n’admet point ce que nous appelons l’opinion scotiste sur le motif de l’incarnation. Dans son Exposition abrégée du symbole, col. 768 BC, il déclare que les anges n’ont reçu de l'œuvre de la rédemption opérée par le Verbe incarné qu’une augmentation accidentelle de gloire et de bonheur, surtout par la joie qu’ils éprouvent de notre salut.
C’est surtout par sa doctrine sacramentaire que notre auteur mérite de retenir l’attention et cela n’est pas étonnant, puisque la plus grande partie de ce qu’il a écrit a pour objet les sacrements et les rites qui s’y réfèrent. Il enseigne d’abord le septénaire sacramentel, le septénaire catholique, non celui du moine Job le Jasite, dont il a connu le petit traité. Job énumérait comme sixième sacrement l’habit monastique et faisait un seul sacrement de Veuehelaion (extrêmeonction) et de la pénitence. Syméon suit bien l’ordre de Job dans l'énumération des sacrements, mais il place en sixième rang la pénitence, à laquelle, du reste, il rattache l’habit monastique comme une sorte de sacramental, un sacramental que Jésus-Christ luimême a institué. Col. 177 B, 197-202. Il rapproche le septénaire sacramentel des sept dons du Saint-Esprit, col. 177 B.
D’après lui, non seulement Jésus-Christ a institué tous les sacrements, mais on peut dire qu’il les a tous reçus lui-même en quelque manière. Plusieurs chapitres sont consacrés à le démontrer, c. xliii-lvi, col. 185-205. Syméon condamne sans doute les rebaptisations et les réordinations mais il paraît ignorer la doctrine du caractère sacramentel. Le seul sacrement au sujet duquel il parle d’un sceau, açpxYÎç, est la confirmation ; mais justement il déclare que ce sacrement doit être réitéré aux apostats de la foi chrétienne, parce qu’il confère la vie et la îespiration dans le Christ, la sainteté et le sceau ou caractère du chrétien, toutes choses que fait perdre l’apostasie et qu’il faut renouveler. C. xliii, col. 188 CD ; Resp. XXIU ad Gabrielem, col. 873-870. On voit combien cette théologie est éloignée de la nôtre. C’est aussi chez lui une conviction bien arrêtée que le baptême n’imprime aucun sceau et ne donne aucune grâce. Il ne fait qu’effacer les péchés. Cette théorie lui permet d’attaquer les latins, qui ne confèrent pas la confirmation aux petits enfants aussitôt après le baptême, les exposant ainsi à mourir sans avoir reçu le sceau et la grâce du Saint-Esprit et dans l'état d’imperfection spirituelle : '.yy.z.~i » -'jç x.px xal XGyp&yioxoç, -ô, XpiOTtji ô ar, to u.ûpov SeÇàftevoç, c. xi.m, col. 188 BC ; cf. c. xxxv, col. 1 77 C ; c. lxv-lxvi, col. 2211-232 ; c. lxxxiii, col. 218 A, où il est dit positivement : Celui qui n’est pas oint après le baptême ne reçoit ni le sceau et la marque de la sainte Trinité, ni la grâce de l’Esprit. > C. ccxci, coi. 529 D ; Expositio de divino iemplo, 1-2, col. 700.
Sur l’eucharistie sacrifice et sacrement notre auteur a une doctrine conforme à la tradition grecque et byzantine sans aucune spéculation scolastique. Il affirme très nettement le dogme de la présence réelle à la manière réaliste des anciens Pères grecs, sans aucune vue des accidents eucharistiques considérés comme distincts du corps et du sang de Jésus-Christ,
et comme voilant et contenant ceux-ci : Jésus-Christ n’est pas présent dans l’eucharistie ; mais l’eucharistie, après la consécration, c’est Jésus-Christ lui-même. L’eucharistie, c’est aussi un vrai sacrifice offert, renouvelé hic et ruine. Cf. De sacra lilurgia, c. xcviii, col. 293 : « Le pontife représente le Christ lui-même mis à mort et vivant, placé sur l’autel comme immolé mystiq uement et offert sans cesse en sacri fice » ; et encore Expositio de divino templo, 86, col. 733 A : « Aussitôt après l'épiclèse, le célébrant voit Jésus étendu vivant et étant lui-même véritablement le pain et le viii, car le pain est son corps même, et le contenu du calice son sang même. » Voir aussi De sacerdotio, col. 969 AB, où il est dit que le sang de Jésus n’a pas été répandu seulement une fois, mais qu’il l’est continuellement sur nos autels.
A propos des parcelles qui, dans le rite byzantin, sont rangées autour de la grande hostie et représentent les saints du ciel, les vivants et les morts, Syméon déclare qu’elles ne sont pas consacrées mais qu’elles sont sanctifiées par le voisinage du Christ rendu présent sur l’autel. De sacra lilurgia, c. xciv, col. 280-286. Par contre il paraît enseigner la consécration de l’eau et du vin du calice, à la messe des présanctifiés, par le contact de l’hostie consacrée. Responsio lvii ad Gabrielem, col. 909 ; cf. Respons. lxxxiii, col. 952.
Sur la question des azymes, notre auteur déclare seul licite l’usage du pain fermenté, sans oser déclarer explicitement invalide la consécration in azymo, comme l’ont fait quelques rares polémistes. D’après lui, Jésus-Christ a bien mangé la pâque légale avec ses disciples, mais il en a devancé le moment et a pu ainsi se servir de pain fermenté pour instituer sa pâque à lui. De sacra liturgia, c. lxxxix-xci, col. 268-274. C’est une des cinq opinions des polémistes antilatins sur cette question.
Sur la forme de l’eucharistie et le moment précis de la transsubstantiation, Syméon reproduit la doctrine de son prédécesseur Nicolas Cabasilas. Voir ici l’art. Épiclèse, t. v, col. 250-258. A l’en croire, la réception de l’eucharistie serait de nécessité de moyen pour le salut, même pour les petits enfants. C’est pourquoi les latins ont grandement tort de supprimer la communion des petits enfants aussitôt après le baptême. De sacramentis, c. lxix, col. 236 CD.
Un point sur lequel notre théologien a une doctrine ferme, opposée à certains abus qui avaient cours dans l'Église byzantine, c’est la nécessité de l’ordination sacerdotale tant pour célébrer que pour absoudre validement ; et pour absoudre validement, le simple prêtre a encore besoin de la permission de son évêque. Cf. Resp. X-XIII ad Gabrielem, col. 860-864, où l’auteur enseigne aussi très clairement la validité des sacrements conférés par un ministre indigne. Resp. xxxiii, xxxvi-xxxviii, col. 881 CD, 884-888.
A retenir aussi cette affirmation, qui va directement contre la doctrine, commune de nos jours parmi les gréco-russes : que la bénédiction nuptiale est une pure cérémonie ecclésiastique, qui ne confère pas la grâce et ne peut, par conséquent, constituer le sacrement de mariage comme tel : TsXe-rr, [i.ôvv} xal où rîjç [ZETaào- : (.x-r i ( ; /àpiTOÇ (texte fautif, vraisemblablement, pour : où p.ETaSoTt.y.r, tîjç /àpiTOç). De matrimonio, c. cclxxxi, col. 509 C.
Pour Syméon comme pour beaucoup d’autres byzantins, Veuehelaion ou extrême-onction est une sorte de succédané du sacrement de pénitence. On ne doit pas seulement l’administrer aux malades et aux moribonds, comme font les latins, mais aussi aux bienportants pour la rémission des péchés, spécialement comme préparation à la communion. De sacramentis, c. lvi, col. 204-205 ; De sancto euchelœo, c. cclxxxv, col. 517-520 ; Resp. LXXII ad Gabrielem. col. 926-