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SYRIENNE (ÉGLISE). DOGMATIQUE


col. 2228-2230. Leur monophysisme serait surtout verbal ; on l’appelle aussi monophysisme sévérien. Ils tiennent à Identifier les termes oûoiç, dr : 6a- : xaiç, TTpôacoTTov. A leurs veux, le grand tort du concile de Chalcédoine et du Tome de Léon est d’avoir donné un sens précis à ç-Jctiç alors que Cyrille d’Alexandrie et les conciles ne l’avaient pas fait auparavant. Pour la discussion à propos tic ces formules, voir art. Monophysisme, t. x. col. 2216-2228 et Sévère d’Antioche, t. xiv. col. 1905-2000. Les affirmations de Sévère ont été répétées presque servilement par ses successeurs et ses disciples. On trouve, art. Monophysisme, t. x, col. 2232. quelques témoignages des patriarches syriens jæobites, de la liturgie, col. 2233, et de quelques écrivains, col. 2231. Nous donnerons quelques témoignages des plus grands docteurs de l’Église jacobite de Syrie pour montrer que la seule difficulté qu’ils voient dans l’adoption de la doctrine chalcédonienne, c’est de changer une terminologie qu’ils disent déjà consacrée par les Pères de l’Église Athanase et Cyrille.

Sévère d’Antioche dans sa lettre synodique à Théodose d’Alexandrie exprime nettement que le Christ, Verbe de Dieu, personne parfaite s’est incarné, sans changer le Verbe, le Fils, la divinité en chair ni la chair en essence divine :

Incarnatus est et inhumanatus est… neque esse Verbum et Deum et Filium ante ssecula, in conversionem carnis mutavit, neque carnem in essentiam divinam convertit. Nam impossibile est… Vis enim pura, vera et non mixta incarnationis ineffabilis dat nobis ut intellectu percipiamus distinctionem naturarum et distinetionem essentise earum qu » in unionem convenerunt, dico autem divinitatem Verbi et carnem nobis congenerem et connaturalem, quam e sancta Virgine Maria univit sibi hypostatice ; etiam indivisionem mysterii demonstrat, cura signilicet unum qui perfectus este concursu duorum et compositione ineffabili. Evidens est etiam unam naturam et hypostasim Verbi quae titra mutationem incarnata est et supra omne intellectum inhumanata est, merito unum 7tp6<TW710v videri et operibus nobis ostenditur sine discrimine eumdem esse Deum et hominem seu Deum qui homo factus est… Neque post unionem in duabus naturis aut in duabus hypostasibus constituitur aut agnocitur : quarum una quidem operationes assumât divinas, altéra autem contemptus et dolores humanos divisim sustineat. Hæc enim ad divisionem Nestorianorum pertinent, aut potius Judreorum. Nobis enim unus ex duabus naturis, sicut antea diximus, uiius est Emmanuel. Ea tamene quibus constat non miscuit neque confudit : distincta enim sunt in ratione sua. Neque post unionem in dualitatem naturarum dividitur sed idem ipse sine divisione operatur divina et patitur voluntarie passiones ad dispensationem pertinentes humanasque et omnia quæ recedunt a pollutione peccati. Dans Documenta, éd. et trad. Chabot, Corpus etc., Scriptores syri, série II, t. xxxvii, 1933, p. 12-13.

Dans sa première homélie cathédrale, Sévère anathématise Nestorius, Eutychès, aussi bien que le concile de Chalcédoine et déclare qu’après l’union ineffable et incompréhensible, il n’y a plus deux natures : Le Christ est Dieu parfait et homme parfait. Sa chair est de la même essence que la nôtre avec une âme vivante et raisonnable. Et il ajoute : « Confessons un seul Seigneur de gloire, c’est-à-dire l’Emmanuel, une seule personne, une seule hypostase, une seule nature de Dieu, le Verbe qui s’est fait chair, selon la manière transmise à nous par nos saints Pères inspirés. » Cf. Rev. Or. chrt’t., t. xix 1914, p. 76 sq.

Dans le même volume Documenta cité plus haut, l’on trouve plusieurs lettres synodiques échangées entre les évêques d’Antioche et ceux d’Alexandrie et toutes affirment que seul le Verbe de Dieu, le Fils s’est incarné de la toute vierge Marie, vraie mère de Dieu. Il a pris un corps qui nous est consubstantiel, doué d’une âme raisonnable et intellectuelle. Il s’y est uni hypostatiquement. Pour montrer la pensée exacte des docteurs de l’Église jacobite il est intéressant de citer,

parmi tant de lettres, quelques fragments de celle qu’a adressée Paul d’Antioche à Théodose d’Alexandrie :

Et illud sibi univit hypostatice, cum non tamen a sua diviiiitate inunutabili mutatus est neque miscuit aut con-Qavit in se carnem quam sibi univit, sed sine ulla mutatione aut commixtione aut confusione, compositionem ineffabilem operatus est ; ita ut site duabus naturis, e divinitate et humanitate qurc perfectæ sunt in propria ratione, unus Filins et Christus et Dominus et una natura et inzôtTroLvit ; ipsius Verbi incarnata et perfecte inhumanata. Sicut enim perfectus est in divinitate, ita etiam in humanitate perfectus est, unus et idem. Sede duabus per/ectis, divinitate inquam et humanitate, unum et eumdem gloriose univit et distinctionem substantialem servavit earum quibus compositus est : non enim unum et idem est secundum significationem naturalem, divinitas et humanitas ; et omnem separationem et divisionem removet. Ratio enim unionis naturalis et hypostaticæ mutationem quidem nonadmittit, separationem autem excludit. Op. cit., p. 74.

Pour cet écrivain comme pour tous ses devanciers et ses successeurs, il n’y a aucune distinction entre nature, hypostase et personne ; il en appelle aux douze anathèmes de Cyrille et à VHênoticon de Zenon. Il ajoute que le tome de Léon met une division dans le Christ en deux natures ou hypostases.

Pour tous les écrivains jæobites, l’admission de deux natures dans le Christ supposerait une division dans Jésus ; une séparation, deux existences distinctes, enfin deux personnes.

En 1168, au moment où le patriarche Michel entrait à Antioche, les Grecs engagèrent des controverses au sujet de la foi. Le patriarche écrivit un libelle contenant l’exposé du symbole de la foi. Ce libelle fut envoyé par les Grecs à l’empereur Manuel qui fit écrire au patriarche : « Notre Majesté s’est grandement réjouie en voyant le libelle que vous avez écrit, qui expose la vérité de la foi orthodoxe et la saine doctrine. » L’empereur envoya un légat au patriarche qui se déroba ; le légat eut une entrevue avec le catholicos des Arméniens ; ce dernier écrivit au patriarche pour lui exposer les exigences de l’empereur : « Il nous demande dix choses : cinq concernant la doctrine ; les voici : que nous disions deux natures unies dans le Christ, deux volontés, deux opérations qu’avec les trois synodes nous proclamions le quatrième, le cinquième, le sixième et le septième ; que nous ne disions plus « qui a été crucifié pour nous ». Les cinq autres concernent les usages ; c’est que nous célébrions la fête de la Nativité comme les autres confessions ; que nous mettions du ferment dans l’hostie et de l’eau dans le calice ; que nous fassions le chrême avec de l’huile d’olive ; que nous priions dans les églises, que nous fassions le sacrifice publiquement. En vue de la paix, il me semble facile de réformer les usages et de dire deux natures comme le Théologien (Grégoire de Nazianze), mais de supprimer la formule « qui a été crucifié pour nous » et d’anathématiser les saints, cela ne m’est pas possible. Là-dessus ce que tu feras nous le ferons. » Après plusieurs interventions, le patriarche assuré qu’il ne serait pas molesté répondit à l’empereur : « Nous désirons beaucoup et nous ne fuyons pas l’union avec quiconque ne change pas la doctrine des Pères et confesse avec Athanase et Cyrille : une nature du Verbe incarné. » Cf. Chronique de Michel le Syrien, t. iii, p. 335 sq.

Au début de sa profession de foi, Barhebrœus expose sa foi orthodoxe en la sainte Trinité, puis il poursuit pour déclarer sa foi en l’incarnation :

Credimus etiam, quod una ex personis Sanctje Trinitatis descendit de cœlis, quin tamen a sinu Patris recederet et inliahitavit in utero Virginis et incarnata est de Spiritu SanctO et ex Maria virgine, et homo facta est, maliens Deus.

Uni ta fuit carni consubstantlali nobis et vivarationabilique anima prsedita :. Nec antea templum assumpsit, doindo