Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/785

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
3071
3072
SYRIENNE (ÉGLISE). ORGANISATION


1. Le patriarche.

A la tête de la hiérarchie se trouve le patriarche, suprême chef et dernier recours pour tous les évêques, clercs et fidèles de son Église. Il légifère, seul ou avec son synode, envoie des lettres patriarcales à toutes les circonspections ecclésiastiques de son patriarcat et des lettres synodiques pour annoncer son élection aux autres patriarches monophysites. Il forme un tribunal d’appel et en dernier ressort pour toute sa communauté et punit les coupables quels que soient leur rang et leur dignité. Cependant il traite les questions très importantes en assemblée synodale. Il a le droit de préséance sur tous les métropolites, évêques et dignitaires de son Église. Il s’est réservé le droit de sacrer les évêques. Quand il en est empêché, il délègue son pouvoir à trois évêques consécrateurs. Il s’est réservé le droit de consacrer le saint chrême et l’huile sainte. Il préside le synode patriarcal, soit le synode législatif, soit le synode électeur des évêques. Il visite par lui-même ou par un délégué les différents diocèses de son patriarcat et décide les réformes nécessaires qui doivent y être apportées. Il peut exempter certains monastères et certaines églises de la juridiction directe de l'évêque du lieu. Il se met depuis quelque temps, comme on l’a vu à propos des synodes, à accorder certaines dispenses et à adoucir la loi du jeûne et de l’abstinence. Cf. Revue Al-Hikmat, t. iv, 1930, p. 68.

Longtemps les jacobites ont été fidèles à l’ancienne loi qui est de ne jamais choisir le patriarche parmi les évêques, mais parmi les moines ou même les laïques célibataires. Gan. 15 de Nicée et 21 d’Antioche ; Nomocanon de Barhebrœus, part. I, c. vii, sect. 1. Mais déjà en 709, Élie, évêque d’Euphémia (Hama) a été élu patriarche ; cf. Abbellos-Lamy, Gregorii Barhebrœi Chronicon ecclesiaslicum, t. i, p. 297. Michel le Grand à son élection (1167), demanda que l’on revînt à l’ancienne législation. Actuellement on choisit le patriarche dans le corps épiscopal.

Le choix du patriarche se fait par élection au synode des évêques réunis à cet effet. Les membres du synode doivent prendre l’avis de leurs fidèles avant d’entrer à l’assemblée électorale, d’après les décisions du synode tenu en octobre 1930. Autrefois, plusieurs modes ont été employés : douze évêques se réunissaient en synode électoral. On écrivait quatre bulletins dont trois pour trois candidats et le quatrième au nom de Jésus Bon Pasteur. On déposait le tout dans un calice sous l’autel. Après la célébration de la divine liturgie, un enfant tirait un bulletin qui déterminait le choix du nouveau patriarche. Si le bulletin contenait le nom de Jésus Bon Pasteur, on était contraint de recommencer l'élection de trois nouveaux candidats. Cf. Assémani, Bibl. orient., t. ii, Diss. de monophysitis, p. 34 sq. D’après Barhebrœus, la première élection faite par le tirage au sort fut celle du patriarche Jean, l’an 1051 des Grecs (740 de J.-C.). Abbellos-Lamy, Gregorii Barhebrœi, Chronicon ecclesiaslicum, t. i, col. 305 sq. Pour l'élection d’Athanase le Chamelier, ce fut par une inspiration, après trois jours de jeûne. Les électeurs ayant reçu en songe l’ordre de prendre le premier qui se présenterait le matin devant la porte du monastère. Le matin Athanase de Samosate conduisait les chameaux pour aller quérir la provision de sel de son monastère. Ce fut l'élu et le chef de la communauté (595-631). Cf. ; 7>/d., col. 261 sq.

La pression des califes, des pachas et de la Sublime Porte influaient grandement sur les électeurs ; et quelquefois le même nom était inscrit sur les trois bulletins. Ibid., col. 326. Pour les électeurs absents, ils avaient le loisir de déléguer leur pouvoir à un évêque présent qui avait alors double voix ou bien ils envoyaient de leur part un prêtre délégué. Échos d’Orient, t. x, 1907, p. 1 1 1. D’autres fois ils envoyaient des lettres d’adhésion ;

les moines eux-mêmes écrivaient de pareilles lettres. Cf. Abbellos-Lamy, op. cit.. t. ii, col. 537 sq. ; Chabot, Chronique de Michel le Syrien, t. iii, p. 330. Le synode électeur est présidé par le plus ancien des évêques. Il lui revient le droit de bénir le nouvel élu et de l’introniser suivant une liturgie spéciale. Abbellos-Lamy, t. ii, col. 540-542. D’après Barhebrœus, à la mort du maphrian Marutha, on tomba d’accord que le patriarche sacrerait le maphrian et que le maphrian sacrerait le futur patriarche. Ibid., t. iii, col. 129 sq.

Le chef de l'Église jacobite prend le titre de patriarche d’Antioche, la ville de Dieu, et de tout l’Orient ou bien il se dit patriarche d’Antioche et de tout le siège apostolique. En 1034, le patriarche Denys IV résida au monastère de Deir-ez-Zaafaran. Michel le Grand, patriarche de 1167 à 1200, y fixa le siège patriarcal et cela dura plus de sept siècles. Au synode de 1932, le patriarche transféra sa résidence à Homs, l’ancienne Émèse, en Syrie, pour y suivre la grande partie de son troupeau qui était venu se réfugier au Liban et en Syrie.

Pour la liste des patriarches jacobites et des schismes qui divisèrent le patriarcat jacobite, voir Antioche, t. i, col. 1427 sq. Pour compléter la liste patriarcale, voir I. Armalet, Al-Zahrat al-Zakia (Histoire du patriarcal syrien d’Antioche), Beyrouth, 1909 ; la revue Al-Machriq, t. xxi, 1923, p. 500-507, 589-599, 660-669 ; et P. de Tarrazi : As-Salassel atTarikhiat (Histoire de l'épiscopat syrien), Beyrouth, 1910, p. 409, 415. L’auteur y donne la liste des patriarches syriens et ne met aucune interruption entre les jacobites et les catholiques ; à partir de 1662, il continue sa liste par les noms des patriarches de l'Église syriaque catholique, comme s’ils complétaient la lignée des patriarches jacobites. Ces deux écrivains ont résumé et complété la liste dressée par Michel le Syrien, Chronique, trad. Chabot, t. iii, p. 448-482 ; on y trouve les noms d’un grand nombre d'évêques qui ont été ordonnés par les prédécesseurs du patriarche Michel. Barhebrœus a écrit l’histoire des patriarches d’Antioche dans les deux volumes de son Chronicon ecclesiaslicum, éd. Abbellos-Lamy. Le patriarche actuel a été élu et sacré le 30 janvier 1933 et a pris le nom d’Ignace Éphrem I er Barshum.

2. Le maphrian.

Voir une courte notice sur ce dignitaire à l’art. Antioche, t. i, col. 1428 et 1429. I. Armalet a écrit une série d’articles dans la revue Al-Machriq, Beyrouth, t. xxii, 1924, p. 182 sq., 272, 364 sq., 417 sq., 519 sq., 604 sq., où il dresse la liste des maphrians avec une courte notice pour chacun d’eux d’après le Chronicon de Barhebrœus, liste qu’il a complété par une courte notice sur les dignitaires postérieurs, jusqu’au dernier, Basile Bahmam III († 1859). Après cette date, le patriarche n’a plus sacré de maphrian. A la mort du maphrian Marutha, on était tombé d’accord que le patriarche sacrerait le maphrian et que celui-ci bénirait le patriarche élu. Cf. Barhebrœus, Chronicon, t. iii, col. 129 sq. Une lutte était toujours menée entre ce dignitaire et le patriarche. En février 11 80 des Grecs (869 de J.-C), un concile fut réuni à Kefartouta (près de Mardin) pour définir certaines questions. Le patriarche Jean qui y prenait part dit avoir défini huit questions :

a) Les évêques du monastère de Mar-Matthieu et les moines seront soumis et obéiront au maphrian qui est sur le siège de Tagrit. — b) Le patriarche n’entrera pas dans les diocèses qui dépendent de Tagrit pour y gouverner, si ce n’est quand on l’y appellera, ni le maphrian de Tagrit dans ceux du patriarche. — c) Quand le maphrian se trouvera en présence du patriarche d’Antioche, il siégera le premier à sa droite, (de plus) il sera nommé après lui (dans les diptyques de la liturgie) et recevra la communion après lui. — d) Le