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31Il SYRO-MALABARE (ÉGLISES LE SYNODE DE DIAMPER 3112

connaître par écrit quelles conditions il devait accepter : renoncer aux erreurs de Nestorius, Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste ; reconnaître qu’il y a une loi unique du Christ et non plusieurs lois capricieusement divergentes, de saint Thomas, de saint Pierre, etc. ; émettre la profession de foi qui lui avait été envoyée lors de sa nomination comme administrateur de l’archidiocèse d’Angamalé ; procéder à la correction des textes liturgiques ; promettre obéissance au pape ; anathématiser le patriarche de Babylone ; s’engager à ne recevoir dans le diocèse aucun évêque qui n’ait été nommé par le pape et agréé par les autorités portugaises ; reconnaître l’autorité de l’archevêque de Goa ; préparer la réunion d’un synode ; accompagner l’archevêque dans sa visite.

La rencontre de l’archidiacre et de l’archevêque eut lieu à Vaïpicota. Georges demanda en grâce de ne pas être obligé à un acte public de soumission ; il promit, jura, signa en présence du seul archevêque et du P. Roz. Puis on convint que le synode aurait lieu à Diamper (Udiamperur) et s’ouvrirait le 20 juin, troisième dimanche après la Pentecôte.

Arrivé à Diamper quelques jours avant le synode pour vérifier la préparation des divers détails et recevoir les participants, Menezes commença par la cérémonie d’ouverture, telle qu’elle est fixée par le pontifical, faisant chanter toutefois les litanies des saints en syriaque d’abord, puis en latin. Le 21 juin fut consacré à la profession de foi ; bien que l’archevêque eût commencé lui-même par lire la formule de Trente, la main sur les évangiles, plusieurs « syriens » protestèrent que, ayant toujours été chrétiens, ils se sentaient offensés de ce qu’on leur demandât d'émettre publiquement une profession de foi. Mais l’archevêque expliqua les raisons de l'Église en une courte instruction et tous, à commencer par l’archidiacre, professèrent leur foi suivant la formule tridentine, complétée par des anathématismes contre les erreurs nestoriennes. La séance dura sept heures, les prêtres s’exprimant en syriaque, les députés laïcs, au nombre de quatre par chrétienté, en malayalam.

L’ordre prévu pour le synode avait fixé que la séance suivante, ou aclio lertia, serait consacrée aux questions dogmatiques fondamentales. Mais les cassanares demandèrent à ce que ces questions fussent traitées avec une certaine réserve, sans l’intervention des chanoines de Cochin et autres personnalités portugaises, car il leur en coûtait de voir discuter devant un auditoire d'étrangers ces erreurs auxquelles ils avaient été précédemment attachés. L’archevêque acquiesça volontiers et l’ordre des séances fut modifié : on commença donc par examiner la matière destinée à Vaclio quarta, c’est-à-dire les questions de doctrine et de discipline relatives aux sacrements de baptême et de confirmation. I.e synode siégeait le matin de sept à onze heures et l’après-midi de deux à six. Chacun pouvait faire ses observations sur les articles de doctrine ou les projets de décrets. Le plus souvent l’archevêque répondait lui-même. Le 23 juin on traita la matière de Vaclio quinta : sacrement de l’eucharistie et sacrifice de la messe. Le 24, tandis que les Portugais étaient allés, pour fêter la Saint-Jean-Baptiste, à une église assez distante, Alexis de Menezes inaugura la séance par un exposé général de la foi, puis on discuta longuement et jusqu'à une heure avancée de la nuit, afin que rien ne restât dans l’ombre. Les prêtres acceptèrent assez facilement les formules proposées par l’archevêque et il n’y eut de résistance a ses désirs que sur un point : il aurait voulu que le clergé abandonnât l’office chaldéen, sous prétexte que l’hérésie nestorienne y affleurait à chaque page. Le bréviaire romain le remplacerait, traduit en syriaque. Mais les cassanares tenaient à leurs prières traditionnelles ; on finit

par transiger, il y aurait correction seulement. Le résultat de cette journée fut l’approbation par les synodiques d’un décret sur la foi, en quatorze chapitres, qui devait servir comme résumé de la doctrine jusqu'à composition, en malayalam, d’un catéchisme un peu développé. Les arguments principaux traités dans ces chapitres étaient : la Trinité, l’incarnation, la maternité divine de Marie, le péché originel, les fins dernières, les anges gardiens, l'Église et son organisation, le canon des livres saints.

Vingt-deux décrets venaient ensuite où étaient considérés les points, qui revêtaient une importance particulière au Malabar. Et d’abord l'Écriture sainte (décrets 2 et 3) : le canon des syro-malabares était incomplet, car il y manquait F.sther, Tobie, la Sagesse, la 7/ a Pétri, les deuxième et troisième épîtres de Jean, l'épître de Jude, l’Apocalypse. Il y manquait aussi la péricope de la femme adultère, le verset des trois témoins célestes, quelques autres paroles. En fait, tous ces défauts n'étaient pas propres au Malabar : les textes syriaques de la Bible étaient les mêmes partout, et dès avant Nestorius. Il ne fallait donc pas accuser les nestoriens d’avoir modifié l'Écriture, ils s'étaient contentés de remplacer « Dieu » par « Christ » dans quelques passages, Act., xx, 21 ; I Joa., iii, 16. Le P. Roz, qualifié à la fois par sa connaissance de l'Écriture sainte et par celle du syriaque, devait réduire les livres bibliques à la teneur de la Vulgate latine.

Trois décrets mettaient en garde contre les influences païennes, d’autant plus à redouter que les idolâtres formaient une écrasante majorité, étaient riches et, dans plusieurs localités, avaient le monopole de fait de l’enseignement. Le 4e décret condamnait la doctrine de la métempsycose et celle du fatalisme, par laquelle on se figurait que le sort d’un chacun était fixé dès sa naissance, ainsi que toutes ses futures actions. Ce décret mettait aussi en garde contre l’indifféientisme en matière de religion ; il était facile qu’on fût tenté de regarder comme bonnes toutes les religions, dans un pays où tant de cultes développaient côte à côte leurs cérémonies. Les 12e et 13e décrets regardaient la fréquentation des écoles : autant que possible, il fallait avoir pour chaque communauté chrétienne un maître chrétien. Là où il était impossible d’en avoir, les enfants des chrétiens ne devaient être autorisés à fréquenter les écoles païennes que dans la mesure où on pouvait être assuré qu’ils ne seraient pas obligés de s’associer à des actes d’un culte idolâtrique. Les maîtres chrétiens pouvaient accepter parmi leurs élèves des enfants de familles païennes, mais ils ne devaient en aucune façon avoir dans leurs écoles des simulacres idolâtriques auxquels les enfants païens pussent rendre leurs hommages à l’occasion de la classe.

Toutefois, ce à quoi visait le plus l’archevêque de Goa, c'était à déraciner pour toujours les influences mésopotamiennes et nestoriennes, dans la foi, dans l’organisation ecclésiastique, dans les formules liturgiques ; œuvre délicate au possible, car la réforme risquait d'ébranler tout l'édifice chrétien auquel, si imparfait qu’il fût, étaient habituées ces pauvres populations, bien dignes d'être prises en pitié pour leur ignorance et leur simplicité. Mais Alexis de Menezes n'était pas homme à reculer devant ce qu’il pensait être son devoir. Dans le 5e décret, il fut question de la crucifixion et de la passion de Notre-Seigneur, que les nestoriens préféraient passer le plus possible sous silence, sous prétexte de mieux respecter le Christ, mais privant ainsi leur piété d’un aliment essentiel. Dans le 6e décret, on expliqua ce qu’il fallait tenir sur la maternité virginale et la pureté de Marie. Dans les 7e et 8e décrets, on élucida l’organisation de l'Église : une loi seulement, celle du Christ, et non deux