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3113 SYRO-MALABARE (ÉGLISE). LE SYNODE DE DIAMPER 3114

lois différentes, celle de saint Thomas et celle de saint

Pierre, comme certains auraient voulu, toutes deux immédiatement promulguées par le Christ, et donc un seul vicaire du Christ, avec cette conséquence qu’on ne pouvait qualifier le patriarche de Babylone de pasteur universel. Cette position théorique avait, au 19° décret un corollaire pratique : réprouvant le serment prêté dans le conciliabule consécutif à la mort de Mar Abraham, les synodiques s’engageaient à obéir au pape et a ne recevoir comme évêques à l’avenir que ceux qu’il aurait désignés.

Les syriens orientaux, en Mésopotamie et conséquemment au Malabar, étaient restés dans l’ignorance théorique et pratique des dispositions arrêtées par les conciles œcuméniques : par le 20e décret, l'Église du Malabar déclarait les accepter en bloc, mais en particulier celui d'Éphèse, où Nestorius avait été condamné. Mlle reconnaissait officiellement la sainteté du légat pontifical à ce concile, Cyrille d’Alexandrie. Le dernier concile œcuménique, celui de Trente, dont l’application se faisait alors à toute l'Église, fut reconnu par le 21' décret, où l’on prit soin de spécifier que les syro-malabares observeraient les dispositions disciplinaires de ce concile, telles qu’on les observait dans toute l'Église, et en particulier dans les diocèses voisins, de la province ecclésiastique de Goa.

La réforme de la foi devait être poursuivie dans chaque chrétienté par le moyen de prédications : le 17 l décret fixa les règles pour l’approbation des prédicateurs. Le 18e décret s’occupa des rétractations que devaient faire devant leurs ouailles ceux qui auraient soutenu auparavant des doctrines erronées. Enfin, pour que tout ceci ne restât pas lettre morte, tous s’engagèrent à obéir aux dispositions de la sainte Inquisition goanaise (décret 22), laquelle était instamment priée de nommer deux commissaires pour Angamalé, en raison de la distance. Le devoir de dénoncer les hérétiques existait pour tous, spécialement, comme de juste, pour les membres de la hiérarchie. Décret 23.

Mais la foi ne dépend pas seulement de la prédication : elle peut être corrompue par la lecture des livres hérétiques ou compromise par des formules liturgiques incorrectes. Les ouvrages littéraires dangereux furent condamnés nommément par le 14e décret, avec mention, pour la plupart, de ce qu’ils contenaient de plus répréhensible : le récit apocryphe de l’enfance de Notre-Seigneur connu sous le nom de Protévangile de Jacques, la lettre apocryphe sur l’observation du dimanche, un livre sur la procession du Saint-Esprit non identifié, le Livre des Pères ou collection de témoignages dogmatiques, le traité sur les sacrements du patriarche Timothée IL l’encyclopédie théologique du métropolite de Nisibe, Mar 'Abdiso', ainsi crue son Paradis d'Éden ; des collections d’homélies, un commentaire des évangiles d’après Théodore de Mopsueste ; des vies do personnages considérés comme saints par les nestoriens. relie du moine Joseph Bousnaya. celle de l’abbé Isaïe, celle de Rabban Ilormizd et la collection de biographies monastiques comparée à la Flos sanctorum et qui doit être le Livre de la chasleté de 'ISodenah, évêque de Basrah ; le Livre des ordinations, les hymnes de Georges Warda et celles de Qamis bar Qardahe ; le recueil de la discipline mésopotamienne ou Liber canonum ; trois volumes imbus de superstitions : le Livre îles sorts, ['Anneau de Salomon et le Parisman ou Médecine des perses. Identification de ces divers ouvrages par J.-B. Chabot, L’autodafé des livres syriaques du Malabar, dans Florilegium ou recueil de travaux d'érudition dédiés à M. le marquis Melchior de Vogue à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance, 18 octobre 1909, Paris, 1900. p. 615-623.

La question des formules liturgiques était plus épineuse, puisqu’au lieu de condamner en bloc on « levait corriger : il y avait des expressions dangereuses pour la foi au mystère de l’incarnation ; il y avait des noms de personnages à supprimer, parce que ceux-ci étaient ou hérétiques formels ou suspects d’hérésie ; certaines fêtes devaient disparaître. Décrets 9 et 15. Les livres liturgiques devaient tous être présentés pour la correction, soit à l’archevêque au cours de sa visite, soit au P. Roz, ou d’une façon générale aux jésuites de Vaïpicota. Décret 16. Les livres hérétiques devaient être détruits sans plus et toute cette besogne devait être terminée dans un délai de deux mois. Enfin, il fallait changer le titulaire de la cathédrale d' Angamalé érigée par Mar Abraham : au lieu d’Hormisdas le moine, on y vénérerait dorénavant Hormisdas, martyr persan. Décret 10.

Le 25 juin eut lieu Yactio seplima sur l’ordre et le mariage, le 2(5, Vaclio oclava sur l’organisation du diocèse, le 27, Vaclio nona sur la réforme des mœurs. Cette dernière session, où furent proclamés vingt-quatre décrets, toucha à plusieurs points importants de la vie sociale : règlement des héritages et des adoptions, fréquentation des assemblées païennes non îeligieuses, attitude vis-à-vis des païens de secte noble, les nairs, et vis-à-vis des parias ou intouchables. Menezes, mû par un profond sentiment chrétien, aurait voulu que l’on passât outre à ces réglementations aristocratiques, dont une des pires conséquences était qu’elles interdisaient pratiquement la conversion au christianisme des malheureux appartenant aux castes inférieures ; mais les chrétiens indigènes, qui étaient assimilés aux brahmanes nambudiris ou aux nairs en vertu de privilèges anciens, ne voulurent pas y renoncer et prononcer eux-mêmes leur propre déchéance sociale.

En cette même aclio nona, il fut procédé par le décret 25 à la conclusion du synode. Il était enjoint à tous les recteurs d'églises d’avoir dans leurs archives une copie au moins du texte malayalam des actes du synode, tel qu’il résultait de la traduction authentique, signée par l’archidiacre Georges et le supérieur du collège de Vaïpicota. Afin que tous les fidèles fussent instruits des prescriptions du synode, on devrait en lire les actes par sections, chaque fois qu’il n’y aurait pas de sermon, aux offices des dimanches et fêtes, ou les jours de fêtes seulement, si les dimanches étaient consacrés à la lecture et à l’explication du catéchisme. Deux exemplaires originaux seraient conservés, souscrits tous deux par l’archevêque, dont un à Vaïpicota et l’autre à Angamalé.

On proclama ensuite les noms des soixante-quinze paroisses et ceux des curés et vicaires, dont certains devaient avoir la charge des chapelles desservant un trop petit nombre de fidèles pour qu’on pût en faire des centres paroissiaux. Les prêtres désignés s’avancèrent pour baiser la main de Menezes, qui leur adressa une fervente exhortation, suivant le style des monilions aux ordinands du pontifical romain. Après quoi tous s’avancèrent pour signer, 153 prêtres et 600 laïcs, puis l’archevêque entonna le Te Deum, que l’on chanta processionnellement, les Portugais en latin et le clergé indigène en syriaque, tandis que les fidèles psalmodiaient en malayalam.

Avant la dislocation, l’archevêque fit remettre à chaque recteur de paroisse une pierre d’autel consa (ne par lui, une boîte aux saintes huiles, un rituel contenant les formules des sacrements traduites du latin en syriaque, un catéchisme en malayalam, un surplis pour l’administration des sacrements. Toutes les églises et chapelles furent pourvues de calices, de linges d’autel, d’ornements. Après quoi, Alexis de Menezes, certain maintenant d'être partout bien accueilli, reprit la visite du diocèse d’Angamalé. Le