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    1. SYRO-MALABARE (ÉGLISE)##


SYRO-MALABARE (ÉGLISE). GOUVERNEMENT DES JÉSUITES

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avait Immédiatement dépêché à la Curie son ancien collaborateur, le P, Hyacinthe de Magistris, tandis que les 400 i syriens demeurés Bdèles avaient chargé les carmes de mettre le Saint-Siège au courant de leurs affaires. La Propagande, alertée par les rapports des années précédentes, comprit de suite l’importance des événements et, profitant île ce que les carmes des Indes avaient déjà établi de bonnes relations avec les chrétiens de Saint-Thomas, elle décida d’envoyer comme visiteur le P. Hyacinthe de Saint-Vincent, lequel se choisit deux compagnons, italiens comme lui, le P. Joseph de Sainte-Marie Sebastiani et le P. Matthieu de Saint-Joseph. Il était entendu que, pour éviter une reaction désagréable du côté portugais, la mission passerait par Lisbonne. Mais le voyage par mer était fort long ; le pape décida que les PP. Hyacinthe et Matthieu iraient par mer. tandis que le P. Joseph irait au plus court, par la Syrie et la Mésopotamie. Celui-u se mit en route, accompagné par deux pères allemands. Marcel de Saint-Yves et Vincent-Marie de Sainte-Catherine. Arrivé à proximité de Goa sur un bateau hollandais, à la mi-janvier de 1657, il fut avisé par un message de ses confrères goanais que les autorités portugaises et les inquisiteurs s’opposeraient à sa mission. Profitant alors de ce que des bateaux de guerre hollandais croisaient devant la ville, il s’abstint de prendre terre, envoya aux inquisiteurs un rapport sur sa mission et continua jusqu'à Rapolim, où se trouvait l’archidiacre rebelle. Se prévalant de ce qu’il était envoyé aux « syriens », il eut bien soin de n’entrer nulle part en contact avec les jésuites ou les Portugais ; cette précaution ne suffit pas cependant à lui valoir la confiance des révoltés ; aussi, voyant que les négociations ne progressaient pas, il envoya à Cochin et à Cranganore le V. Vincent-Marie de Sainte-Catherine, porteur des brefs adressés aux autorités séculières et à l’archevêque Garzia. Entre temps, les gouverneurs François de Melo et Antoine de Souza Coutinho, vivement préoccupés par la menace hollandaise et désireux de s’assurer le concours des chrétiens du Malabar, le visitèrent à Rapolim et l’encouragèrent à poursuivre son action pacificatrice. Certain dès lors d’avoir l’appui des Portugais, recommandé d’autre part à tous les catholiques par l’archevêque Garzia, qui avait accueilli en toute sincérité les ordres du Saint-Siège, le zélé carme finit par trouver chez les sudistes de Corolongate une communauté bien disposée.

A la fin de l’année 1C57 le groupe sudiste était rallié en majeure partie ; les réunions continuèrent pendant plusieurs mois encore, au cours desquelles revenait sans cesse la démonstration de l’invalidité de la « consécration » reçue par l’archidiacre et, conséquemment, des actes posés par lui. Thomas de Campo, bien que persuadé, sans doute, en son for intérieur, s’obstinait cependant à ne pas vouloir se démettre et mettait en œuvre, pour se défendre, des artifices de toutes sortes. Ce nonobstant, le P. Joseph de Sainte-Marie gagnait sans cesse à son parti prêtres et communautés. Sur un point seulement il n’obtenait aucun succès : personne absolument ne voulait retourner sous la juridiction de l’archevêque Garzia. Excellent exposé de cette mission dans Werth, op. cit., p. 79-89.

Vcr^ la fin de 1657, on apprit que le P. Hyacinthe de Saint-Vincent était arrivé à Goa, pourvu des recommandations officielles qu’il était allé solliciter à Lisbonne. Le P. Joseph pouvait donc s’absenter pour référer à Rome sur son activité et obtenir de nouvelles instructions. Après avoir présidé, le 15 décembre, une réunion d’adieu, a laquelle participèrent Il prêtres, qui représentaient 28 communautés, confiant au P. Matthieu des pouvoirs temporaires jusqu'à l’arrivée sur place du P. Hyacinthe, avec des instructions très

DICT. DE THL.OL. CATHOL.

précises, le P. Joseph quitta le Malabar le 7 janvier 1658, rencontra à Goa son confrère, ainsi que le P. Hyacinthe de Magistris, rentré d’Europe, et, poursuivant sa route par la Mésopotamie et la Méditerranée, arriva à Rome le 22 février 1659. rendant son absence, l’union ne fit aucun progrès : ni les pourparlers, ni les menaces, ni les mesures de coercition prises par les autorités portugaises ne fléchirent la résistance des partisans de l’archidiacre. L’archevêque Garzia voyait de mauvais œil l’action du nouveau délégué ; sentant la mort approcher, il désigna comme administrateur de l’archidiocèse son confrère, le provincial du Malabar, Nunez Barreto. Mais celui-ci eut la sagesse de s’abstenir, lorsque le prélat mourut le 2 septembre 1659. Werth, op. cit., p. 129, n. 47. Quelques mois plus tard, le 10 février 1661, mourait à son tour le P. Hyacinthe de Saint-Vincent, accablé par les travaux, le climat et l’insuccès d’un effort qu’il avait soutenu pendant un peu plus de deux ans. Werth, p. 100-103.

Lorsque la Propagande eut été instruite par le P. Sebastiani sur la vraie situation du Malabar, elle aurait volontiers procédé immédiatement au remplacement de l’archevêque, mais il fallait au préalable s’assurer la présentation d’un bon candidat par la cour de Lisbonne. Comme la nomination d’un non-portugais comme Sebastiani pouvait susciter des difficultés, nonobstant la situation critique des établissements portugais aux Indes, on envisagea d’abord la possibilité de nommer un indigène, soit l’archidiacre rebelle Thomas de Campo, ce qui aurait automatiquement mis fin au schisme en satisfaisant son ambition, soit un prêtre connu pour sa fidélité envers Rome. Tandis que les cardinaux hésitaient, Alexandre VU décida que le P. Sebastiani allait regagner le Malabar en qualité de vicaire apostolique, après avoir reçu à Rome dans le plus grand secret la consécration épiscopale. De fait, Joseph de Sainte-Marie fut consacré évêque titulaire de Hiérapolis, le 15 décembre 1659, et le secret fut si bien gardé que les trois compagnons de son deuxième voyage, commencé le 7 février 1660, ne se doutèrent pas de sa nouvelle dignité. La Propagande lui avait remis des instructions détaillées où tout était subordonné à un but unique, l’extinction du schisme, avec une liberté presque totale pour le choix des moyens et les pouvoirs les plus étendus. Il semble que toutes les hypothèses avaient été envisagées, vie ou mort de Garzia, collaboration ou résistance de l’archevêque et des jésuites, opposition des chefs locaux, etc. Le vicaire apostolique pouvait, s’il le jugeait à propos, consacrer un évêque indigène, diviser le territoire de Cranganore et Angamalé pour former deux circonscriptions, sud et nord ; il pouvait enfin se choisir un successeur et le consacrer. Werth, p. 134-150. Une seule chose peut déplaire dans ces instructions, c’est que la S. Congrégation, tout en associant deux maronites à la mission comme connaisseurs de la langue syriaque, conseille de développer chez les jeunes clercs la connaissance du latin, afin que d’eux-mêmes ils renoncent à leur rit syrien. On était hanté par la crainte de l’existence de propositions hérétiques dans les formules liLurgiques.

De Rome, Sebastiani se dirigea vers Alep, s’y mit en relations avec François Picquet, le scrviable consul de France qui devait être l’intermédiaire de la S. Congrégation pour les transmissions de courriers ou de fonds. Il y apprit que Garzia était mort, ce qui devait faciliter sa mission, mais aussi que les Hollandais avaient remporté de sérieux avantages dans leur guerre contre le Portugal et ne tarderaient pas à me nacer directement le Malabar. Après s'être contentés,

pendant un siècle et demi, d’assurer le transport des épices au nord de Lisbonne, les Hollandais, exclus de

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