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    1. SYRO-MALABARE (ÉGLISE)##


SYRO-MALABARE (ÉGLISE). GOUVERNEMENT DES CARMES

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Bibliothèque nationale de Paris, psautier copié en 1504 par Mar Jacques, fut la propriété d’Alexandre de Campo et contient des notes de sa main ou le concernant, des années 1660 à 1670. H. Zotenberg, Catalogues des manuscrits syriaques et sabéens (mandaïles) de la Bibliothèque nationale, Paris, 1874, p. 10.

Le Saint-Siège se trouvait en face d’une situation inextricable : tandis que les communautés « syriennes » avaient été divisées en trois groupes par leur obéissance respective à Thomas de Campo, Alexandre de Campo et Raphaël de Figueredo, restant divisées après la mort de ces trois personnages, les diocèses latins dépendant du padroado portugais, de Cranganore et de Cochin, sur le territoire desquels étaient la plupart des chrétiens de Saint-Thomas étaient la plupart du temps sans évêques résidents. Cristovâo de Nazareth, Mitras lusitanas no Oriente, t. ii, 2e éd., Nova Goa, 1924, p. 47 sq., 55 sq., 81. D’autre part, les gouverneurs hollandais n’admettaient pas l’intervention des pontifes goanais dans les régions dont ils avaient le contrôle, non plus d’ailleurs que l’exercice du ministère par des missionnaires européens. Innocent XII, voulant à tout prix trouver une solution, se servit pour traiter avec les Pays-Bas de l’empereur Léopold I er. Tandis que celui-ci promettait d’assurer aux calvinistes de Hongrie le libre exercice de leur religion, il obtenait en échange, par un acte du 1 er avril 1698, que des carmes belges, allemands ou italiens pourraient résider au Malabar et y poursuivre leur activité missionnaire. Hierarchia carmelitana…, loc. cit., p. 17 sq. A la suite de cet arrangement, Ange-François de Sainte-Thérèse, supérieur du séminaire que les carmes avaient fondé pour les « syriens » à Vérapoly en 1682, fut nommé, par bref du 20 février 1700, vicaire apostolique Serrée Malabarensium seu sancti Thomæ avec la dangereuse clause donec et quousque archiepiscopus (Cranganorensis) et episcopus (Coccinensis) ad suas respective Ecclesias personaliter accesserint. Ibid., p. 17. Lorsque la nouvelle de cette nomination parvint aux Indes, le 6 décembre 1700, le P. Ange-François convoqua une réunion des syro-malabares en communion avec Rome et fut acclamé par tous le 13 février 1701, mais il ne put obtenir d'être consacré, ni par l'évêque de Cochin, qui résidait hors de son siège, ni par l’archevêque de Goa, ces prélats ne voulant pas admettre que le Saint-Siège pût nommer un évêque aux Indes sans la présentation préalable de Lisbonne. Il se trouva heureusement un évêque syrien, un certain Mar Simon, qui accepta de consacrer le nouvel élu, le 22 mai 1701, en l'église de Mangate, quarante-huit ans exactement après la pseudo-consécration de l’archidiacre Thomas, origine des divisions qui n’avaient pas cessé dès lors de déchirer la chrétienté du Malabar. Ibid., p. 22.

Mais la nouvelle de la nomination d’un vicaire apostolique n’avait pas tardé à provoquer une réaction du gouvernement portugais : le 5 décembre 1701, le jésuite Jean Ribeiro était nommé archevêque de Cranganore et, dans le courant de 1704, nonobstant l’opposition des Hollandais et d’une partie du clergé, il prenait effectivement en mains le gouvernement de l’archidiocèse. Les syriens » n'étaient pas disposés à obéir à un prélat jésuite et, le 20 juin 1704, un groupe de cassanares se réunit à Caturte pour rédiger une déclaration dans laquelle ils proclamaient qu’ils obéiraient seulement à l'évêque carme. Celui-ci toutefois, bien qu’ayant en sa faveur le clergé portugais et sachant qu’il pouvait compter sur l’appui des Hollandais, estima qu’il devait se soumettre à la clause limitative du bref qui le nommait et se retira au couvent de Vérapoly, après avoir envoyé une circulaire explicative aux chrétientés qui lui obéissaient, et ce dès le 29 juin 1701. Ibid., >. 22-27. Ces divisions ne pouvaient favoriser que l’ancien parti de Thomas de

Campo, devenu jacobitc. La Propagande le comprenait et décidait en conséquence, le 26 septembre 1706, que les pouvoirs du vicaire apostolique devaient être maintenus. Mais cette décision n’eut pas de suite immédiate et dut être confirmée par le vote d’une congrégation plénière le 25 juin 1708. Encore les lettres apostoliques des 13 mars et 4 mai 1709 insistaientelles sur les droits des prélats portugais et sur le devoir qu’avait le vicaire apostolique de ramener les schismatiques à leur obédience. Entreprise impossible, peut-on dire, étant données les dispositions des chrétiens de Saint-Thomas et celles de la Société hollandaise des Indes I Le P. Ange-François n’en procéda pas moins à la visite des chrétientés de janvier à septembre 1712 ; mais l’effort avait été trop considérable, il mourait épuisé le 17 octobre de la même année. Ibid., p. 27-32.

Les lettres apostoliques nommant son successeur, Jean-Baptiste Morteo, ou Jean-Baptiste Marie de Sainte-Thérèse, contenaient encore la clause restrictive pro ecclesiis tamen, et locis respective diœcesium Cranganorensis et Coccinensis, in quibus ordinarii jurisdictionem suam libère exercere impediuntur. La Propagande ne pouvait évidemment abolir le padroado mais cette formule allait prolonger la concurrence, comme on le vit bien après la confirmation par Innocent XIII, en 1721, des jésuites portugais Antoine Pimentel et François de Vasconcellos aux sièges de Cranganore et de Cochin. Le trouble continua dans la communauté syro-malabare, où par surcroît un évêque nestorien, originaire de l’Adherbeidjan, nommé Gabriel, se présentait comme converti au catholicisme. Toutefois, à la suite d’une instruction émise par la Propagande en 1724, la pacification semble s'être faite peu à peu. Les chrétientés demeuraient assez florissantes numériquement, mais il était difficile d’y maintenir la vie chrétienne à un niveau élevé, car les autorités hollandaises ne permettaient pas qu’il y eût plus de douze religieux à la fois dans la mission et leur nombre était souvent bien moindre. Hierarchia carmelitana…, dans Analecla…, t.xii, 1937, p. 217-226.

Lorsque Jean-Baptiste Morteo s'éteignit le 6 avril 1750, il laissait un coadjuteur avec droit de succession, le polonais Nicolas Szostak ou Florent de Jésus, nommé par bref du 6 décembre 1745, mais pas encore consacré. Et ce fut au milieu des guerres qui désolaient pour lors l’Hindoustan, que le P. Florent dut entreprendre un voyage pénible et périlleux pour obtenir enfin la consécration le 22 avril 1751. Il réussit à faire revivre à partir de 1764, avec l’approbation de la Propagande, le séminaire, qui avait peu duré après 1682 par manque de ressources, et fit imprimer à Rome la première édition du missel syro-malabare. Sa mort, arrivée après une longue période d’infirmité, le 26 juillet 1773, fut l’occasion d’une dispute entre les missionnaires et les prêtres indigènes, latins et syriens, qui faillit dégénérer en schisme : il s’agissait de savoir qui porterait jusqu'à sa dernière demeure la bière contenant le corps du prélat I Hierarchia carmelitana…, dans Analecla…, t. xiii, 1938, p. 17-37. C’est à son pontificat, plus exactement à l’année 1758, que se rapporte l'état de la chrétienté du Malabar publié par Anquetil du Perron, Zend-Avesta, t. i a, Paris, 1771, p. clxxxiii-clxxxix : 50 000 latins, 100 000 syro-malabares catholiques, 50 000 schismatiques, avec 12 églises latines, 81 syriennes catholiques, 30 schismatiques. Ibid., p. clvii.

Les cannes avaient un ministère difficile, mais il semble bien qu’ils employaient vis-à-vis des « syriens » la meilleure méthode : formation des prêtres au séminaire de Vérapoly, visites fréquentes et pour ainsi dire continues dans les paroisses, conseillant et corrigeant les cassanares, remédiant ainsi aux insuffisances de