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3141 SYRO-MALABARE (ÉGLISE). HIÉRARCHIE INDIGÈNE 3142

riat, il ne lit guère d’efforts pour gagner l’affection îles fidèles qui lui étaient particulièrement confiés. Bien plus, il omit d’exécuter une des conditions fixées par la Propagande au moment de sa désignation ; il ne nomma jamais le vicaire général et les quatre conseillers syro malabares, qui devaient l’assister. Les intentions du Saint-Siège étaient donc en majeure partie frustrées.

Cependant, après la conclusion d’un concordat avec le Portugal le 23 juin 1886 et l’institution de la hiérarchie aux Indes par la bulle Humanæ salutis auctor, du 1 er septembre de la même année. I.conis XIII Pontifiais Maximi acta. Rome, 1887, p. 164-179, il fallut bien aborder la question des syro-malabares. Le SaintSiège avait eu soin de les soustraire aussi complètement que possible à la juridiction des prélats portugais, mais allait-on voir les « syriens », qui sortaient de la juridiction de l’archevêque de Goa, retomber purement et simplement sous celle des carmes ? Ils avaient, contre cette mesure, de beaux arguments à faire valoir, entre autres les documents sur la formation du clergé indigène, depuis le bref Onerosa pastoralis, d’Innocent XI en date du 1 er avril 1080 jusqu'à l’instruction du 23 novembre 1845, Collect. S. C. de prop. fide. t. i, Rome, 1907, p. 544 : Ad omnem vero scientiam, ac pietatem levitse indigense injormandi et in sacro ministerio sedulo exercendi sunt ; ita quidem, ut, quod jamdudum apostolica Sedes in votis habet, ad ecclesiastica quævis munia, adque ad ipsum Missionum regimen idonei fiant, et episcopali etiam charactere digni existant. Les syro-malabares étaient 200 000 au moins avec 360 prêtres, quatre séminaires tenus par les tertiaires, 59 religieux, et cependant ils n’avaient pas d'évêques, tandis que les arméniens catholiques, qui étaient à peine 80 000, avaient dix-huit évêques résidentiels et plusieurs titulaires, et les chaldéens catholiques, moins nombreux encore, un patriarche et douze évêques. L'établissement de la hiérarchie aux Indes, avec des diocèses dont plusieurs comptaient moins de 10 000 fidèles, rendait la situation encore plus humiliante. Mais les carmes proclamaient que la mission de Vérapoly était carme et devait rester carme, tandis que de nombreux missionnaires, appartenant à diverses missions des Indes, redoutaient qu’en voyant des « syriens promus à l'épiscopat, les Indiens de leurs missions s’agitassent pour obtenir eux aussi des évêques de leur race. Inutile d’ajouter que plusieurs bons esprits et connaisseurs du pays répliquaient dès lors en affirmant l’idonéité à l'épiscopat, et des syriens » et des Indiens.

Au surplus, puisque l’expérience tentée en 1877 n’avait pas procuré les résultats espérés, il fallait essayer d’une autre solution. Les « syriens » de l’archidiocèse de Vérapoly furent donc soustraits à la juridiction des carmes et groupés dans les deux vicariats nouveaux de Trichur et Kottayam. On n’osa pas nommer de suite des vicaires apostoliques syro-malabares : les prélats désignés le 20 mai 1887 furent, pour Trichur, Mgr Adolphe E. Medlycott, ancien élève du Collège urbain, pour Kottayam, le jésuite français Charles Lavigne. On leur enjoignit, comme à Mgr Berardi en 1877, de se faire assister par un vicaire général et quatre conseillers syro-malabares. Mais, tout Indien qu’il fût, Mer.Medlycott ne connaissait pas le malayalam et ne l'étudia pas : il ne traitait directement qu’avec ceux de ses prêtres qui parlaient anglais. Quant à Mgr Lavigne, qui avait été choisi en raison de sa facilité pour l'étude des langues, il eut affaire avec plusieurs difficultés que sa bonne volonté ne réussit pas à vaincre. En 1896, les deux prélats étaient absents de leurs diocèses, et il ne manquait pas de pétitions tendant à la nomination d'évêques du rit. Le Saint-Siège estima que le moment était venu de par faire l'œuvre commencée : trois vicariats furent érigés au lieu de deux, avec résidences à Trichur, Vérapoly (transfert du siège à Ernakulam le 29 décembre 1904) et Changanacherry, cette localité étant devenue en fait, depuis 1890, la résidence de Mgr Lavigne.

I es trois nouveaux prélats, nommés le 1 1 août 1896, étaient des syro-malabares : Mar Louis Pareaparambil et Mar Jean Menachery, à Ernakulam et Trichur, avaient été respectivement les secrétaires généraux des vicariats de Kottayam et Trichur. Mar Matthieu Makil, désigné pour Changanacherry, avait été le vicaire général de Kottayam pour les sudistes, car il avait fallu, dès 1888, autoriser Mgr Lavigne à nommer deux vicaires généraux pour les deux groupements ethniques qui coexistaient dans son vicariat et répartir les charges de conseillers. Comme d’ailleurs le vicariat de Changanacherry ne comprenait pas uniquement des éléments sudistes, il fallut, en 1911, pour mettre un terme à une situation pénible, diviser le vicariat de Changanacherry, qui était le plus considérable. Ainsi, Kottayam redevint le centre d’un vicariat, cette fois entièrement composé de sudistes, par la réunion sous une juridiction de caractère personnel, de toutes les églises appartenant à ce groupe ethnique, des deux vicariats d’Ernakulam et Changanacherry. Mar Makil fut transféré à Kottayam et remplacé par l’ancien élève du Collège urbain, Thomas Kandalacherry.

II ne restait plus qu’un pas à faire pour donner à l'Église syro-malabare un statut définitif ; il fut accompli au consistoire du 20 décembre 1923, veille de la Saint-Thomas, lorsque Pie XI érigea la province syromalabare avec Ernakulam comme siège métropolitain et les trois éparchies suffragantes de Trichur, Kottayam et Changanacherry. C'était aussi en un consistoire tenu la veille du jour où l'Église de Rome célèbre la fête de leur saint patron, le 20 décembre 1599, que les chrétiens de Saint-Thomas avaient été placés sous la juridiction de prélats occidentaux.

En même temps que les circonscriptions ecclésiastiques se multipliaient et s’organisaient, la vie religieuse se développait au Malabar : les tertiaires carmes après avoir eu leurs constitutions approuvées ad sexennium par décret du 1 er janvier 1885 et définitivement en 1906, après avoir été sous la dépendance immédiate du vicaire apostolique, puis du délégué apostolique (décret du 15 décembre 1887), obtenaient l’autonomie, que méritait l’accroissement de leur nombre, lors du renouvellement de l’approbation temporaire de leurs constitutions en 1893. Le premier prieur général, il est vrai, fut un européen, le P. Rernard de Jésus (Philippe Arguinzoniz), mais, lorsque celui-ci devint coadjuteur de Mgr Mellano, il confia pratiquement le gouvernement de la congrégation au premier assistant, dont il fit son vicaire délégué ; puis, lorsqu’il se retira en 1902, il témoigna que le prieur général pouvait être choisi dans le sein de la congrégation : ce fut le P. Alexandre de SaintJoseph, un des religieux qui avaient prononcé leurs vœux le 8 décembre 1855. Lorsque le centenaire de la fondation fut célébré en

1931, la congrégation des tertiaires carmes syro-malabares comprenait 135 prêtres, 120 scolastiques, 25 novices, 53 frères lais et 77 aspirants, répartis dans 16 couvents, The carmélite Congrégation n Malabar, 1831-1931, Trichinopolꝟ. 1932. Il y a parmi les tertiaires des nordistes et des sudistes ; pour ces derniers a été commencée il y a une quinzaine d’années dans le diocèse de Kottayam une congrégation spéciale, dite des oblats du Sacré-Cœur. Enfin, à la même époque, les prêtres île la Mission ont commencé à Ernakulam une branche du rit syro-malabare. Slatistica con cenni slorici delta gerarchiae dei fedcli di rilo orientale, Rome,

1932, p. 380.

Sept congrégations de femmes sont ('closes depuis