Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/822

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

3145 SYRO-MALABARE (ÉGLISE). GROUPE S YRO-M ALAN K A RE 3146

N’ayant pas réussi alors dans son désir d’avoir un prélat syrien, la communauté jacobite, qui devait

compter une trentaine de paroisses, tenta de se réunir à la portion catholique îles chrétiens de Saint-Thomas,

en proposant un gouvernement en commun du vicaire apostolique et du prélat Indigène. Il n’y avait donc pas chez les jacobites une aversion bien définie contre le Saint-Siège. On le voit aussi à ce détail qu’un évêque nestorien. Mar Gavril, métropolite d’Adherbeidjan, exhiba pour se faire accepter par les jacobites des Indes, un document de la Propagande, lequel était d’ailleurs une lettre, où en réponse à une demande d’admission dans le sein de l'Église catholique, on lui demandait d’envoyer une profession de foi plus explicite. 'Y. Germann, op. cit., p. 532-534. Pendant plusieurs années, jusqu'à sa mort arrivée à la fin de 1730 ou au début de 1731, il essaya de s’assurer une part dans le gouvernement de la communauté jacobite et polémiqua avec Mar Thomas. F. Nau, op. cit., p. 78, trad., p. 81 sq. ; nombreux détails sur ces années de luttes intérieures dans AV. Germann, op. cit., p. 533-562, principalement d’après la correspondance du syriacisant Charles Schaaf et des missionnaires protestants allemands de Tranquebar.

En 1751 arrivèrent au Malabar, envoyés par le patriarche jacobite, trois prélats, dont un avec le titre de métropolite du Malabar, Basile Choukrallah, les deux autres étant un métropolite Mar Grégoire Jean et un simple évêque nommé Jean. Ils auraient dû consacrer Mar Thomas Y, mais ils ne s’entendirent pas avec lui sur le paiement du voyage, si bien qu’ils consacrèrent un autre candidat sous le nom de Mar Cyrille. Celui-ci, ne réussissant pas à supplanter Mar Thomas, installa son siège à l’extrémité septentrionale du royaume de Cochin, à Tholyur, créant ainsi un diocèse autocéphale, qui a duré jusqu’aujourd’hui, grâce à ce que l'évêque y a soin, à peine nommé, de se choisir et consacrer un successeur. Mar Thomas Y étant mort en 1765, deux des prélats qui étaient venus pour le consacrer consentirent à consacrer en 1772 un de ses neveux, Mar Thomas YI, qui prit le nom de Mar Dionysios I er.

A partir de cette époque, en face de l’influence des prélats jacobites venus du Proche-Orient, commence à se dresser celle des missionnaires protestants. Les évangélistes du comptoir danois de Tranquebar, dont la mission fut fondée en 1706 par le saxon Barthélémy Ziegenbalg, n’eurent qu’assez peu de relations avec les chrétiens de Saint-Thomas, mais ils ne les ignorèrent pas et ce sont leurs rapports qui éveillèrent dans le monde protestant, au xviiie siècle, cet intérêt pour les syro-malabares, dont témoigne l’Histoire du christianisme des Indes par Mathurin Yeyssière de La Croze, bibliothécaire et antiquaire du roi de Prusse. Ce n’est pourtant qu’au commencement du xixe siècle qu’ils lurent l’objet d’une sollicitude directe des missionnaires protestants, lorsque, après une visite de Claudius Buchanan, chapelain de la Compagnie des Indes orientales, le colonel Munro, résident britannique près les cours de Travancore et de Cochin, obtint en 1816 l’envoi de trois missionnaires de la Church Missionary Society. Imitant la méthode suivie par le zélé franciscain Vincent de I.agos, qui, dès avant 1545, avait ouvert un séminaire à Cranganore, les nouveaux venus se proposèrent avant tout de porter remède à la pitoyable ignorance des cassanares et fondèrent à Kottayam un collège-séminaire ; puis ils s’efforcèrent de mettre l'Écriture sainte à la disposition des fidèles dans une traduction malayalam. Pendant un peu plus de dix ans, l’accord régna entre le clergé jacobite et les missionnaires, qui avaient grand soin de ne pas aborder dans leurs prêches les sujets sur lesquels ils auraient dû prendre position contre les croyances ou

les pratiques des chrétiens indigènes, comptant que leur action sur les futurs prêtres obtiendrait la purification désirée de la foi et du service divin. Mais, après la mort en 1825 du métropolite Mar Dionysios III (Punnatharaï Dionysios) et surtout après l’arrivée d’un métropolite et d’un évêque syriens, Mar Athanase et Mar Abraham, l’opposition contre les missionnaires devint si violente qu’il fallut en 1837 arriver à une rupture officielle. G. -M. Bæ The syrian Church in India, Edimbourg et Londres, 1892, p. 281-303 ; cf. AV. Germann, op. cit., p. 609-705 ; G.-B. Howard, The christians oj St. Thomas and their liturgies, Oxford et Londres, 1864, p. 56-113.

Une péripétie dans la vie de la communauté jacobite se produisit en 1813, lorsqu’arriva de Mésopotamie un ancien élève des collèges de la Church missionary Society à Kottayam et Madras, d’où il avait été renvoyé comme inapte au ministère évangélique. Après avoir séjourné pendant sept mois en la résidence du patriarche jacobite, au monastère de Deir Za’faran, près de Mardin, il avait été ordonné, puis consacré par lui avec le titre de métropolite du Malankaraï sous le nom de Mar Athanase Matthieu, Le patriarche lui avait remis des lettres, où il se félicitait, après avoir reçu un grand nombre de pétitions entre 1825 et 1842, d’avoir enfin trouvé le candidat idéal pour une fonction si importante. Le métropolite indigène, Mar Dionysios IV (Cheppat Dionysios), n’entendait pourtant pas s’effacer devant ce concurrent, quelle que fût la validité de la mission dont il se targuait, et ce d’autant moins qu’il avait été reconnu comme chef religieux des communautés jacobites par une proclamation du souverain du Travancore. Mais la consécration de Mar Cheppat Dionysios était de valeur discutable, tandis que Mar Athanase Matthieu avait été consacré par le patriarche lui-même. Les Chrétientés se divisèrent et recoururent au patriarche : celui-ci envoya un de ses métropolites, Mar Cyrille, pour les départager. Mais celui-ci, qui était pourvu de blancs-seings, n’hésita pas à se délivrer un aTa-rixôv, où il était désigné comme métropolite du Malankaraï. Il avait eu soin, au préalable, d’obtenir un document par lequel Mar Cheppat Dionysios renonçait spontanément à son siège. C'était augmenter la confusion ; il fallut recourir aux autorités judiciaires, qui, après avoir découvert le faux de Mar Cyrille, provoquèrent en 1848 une déclaration royale en faveur de Mar Athanase Matthieu. Traduction latine d’après The Travancore royal Court Judgement, dans Placide de Saint-Joseph, Fontes juris canonici syro-malankarensium, Cité du Vatican, 1940, p. 26 sq.

Cependant un autre métropolite, Mar Etienne, arrivait de Mésopotamie, porteur d’une lettre à Mar Cheppat Dionysios, qui conseillait un gouvernement en commun des communautés jacobites. Bien que le résident britannique ait pris position contre lui, dès 1850, Mar Athanase Mat I hieu ne fut délivré de ce concurrent qu’en 1857 ; cf. Placide de SaintJoseph, op. cit., p. 27, et voici qu’en 1865 il en surgit un autre, qui revendiquait un droit au siège métropolitain comme appartenant à la famille Palamattam, famille qui, jusqu’en 1813. avait eu le privilège de fournir les archidiacres. Mar Dionysios Joseph, comme Mar Athanase Matthieu, avait reçu du patriarche lui-même la consécration épiscopale. Mais il ne put obtenir aucune décision favorable des autorités britanniques. Pour lui faire échec plus certainement, Mar Athanase Matthieu, assisté de l'évêque de Tholyur, consacra en 1868 un de ses neveux, nommé Thomas, et le proclama officiellement comme son futur successeur. Embrassant avec opiniâtreté le parti de Mar Dionysios Joseph, le patriarche jacobite se rendit à Londres en 1874 pour obtenir gain de cause, puis se résolut à visiter le Mala-