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SYRO-MALABARE (ÉGLISE). LITURGIE


spéciale que dans le chapitre sur la formation du clergé : étude du syriaque et de la liturgie syro-malabare. Le professeur de syriaque sera choisi et payé par les vicaires apostoliques de Trichur et Kottayam, il habitera chez le curé de Puthempally et ne devra se mêler on rien de l’administration du séminaire. Acta et décréta concilii provinciæ V’erapolitanie primi…, Ernakulam, 1900, p. 61, 65, 71.

Depuis que les syro-malabares ont une hiérarchie propre, leur discipline a été précisée par un certain nombie d’ordonnances épiscopales. Mgr Lavigne en publia un volume en 1891 pour le vicariat apostolique de Kottayam et Mar Matthieu Makil en 1903 pour celui de Changanacherry. Les ordonnances de Mai-Louis Pareparambil et de Mar Augustin Kandathil ont été promulguées par insertion au bulletin officiel de l’éparchie, Ernakulam Missam.

Les évêques jacobites ont introduit au Malabar le droit du patriarcat d’Antioche, basé principalement sur le Nomocanon de Barhebra ?us. Mais certains éléments locaux ont persisté, qui proviennent de l’ancien droit des syriens orientaux ou de la législation imposée par les Portugais avant 1653. Dans les cent dernières années, les tribunaux du Travancore sont intervenus maintes fois dans la vie de la communauté jacobite, et leurs décisions y ont force de loi.

Enfin, depuis la réunion de Mar Ivanios, certaines ordonnances ont fixé des détails importants. Toutes ces sources ont été utilisées dans l’exposé méthodique préparé pour la Commission de codification canonique orientale par le P. Placide de SaintJoseph, Fonli, sér. ii, fasc. 9, Fontes juris canonici syro-malankarensium, Cité du Vatican, 1940, 348 pages in-4°.

A ce propos, il importe de relever que les deux partis de l’Église jacobite, patriarchistes et Melran parti ;, ont présenté aux tribunaux du Travancore, depuis 1879, deux textes différents du Nomocanon, qualifiés respectivement dans les textes judiciaires Exhibit xviii et Exhibit A. Ce dernier seul, qui est du Mctran parly, est conforme aux manuscrits. Les patriarchistes, pour renforcer leur position, en sont venus à déclarer nulles les consécrations d’évêques faites par le patriarche Abdu’l-Masîh après sa déposition par le sultan, et conséquemment les ordinations faites par les évêques du Melran parly ! On voit par là avec quelle liberté sont traitées les traditions les plus fermes sur le pouvoir d’ordre et la validité des sacrements. Placide de SaintJoseph, op. cit., p. 67 sq. Les évêques du Melran parly ont publié en 1934 un recueil en malayalam, intitulé « Constitution de l’Église syrienne orthodoxe du Malankar » ; on en trouvera la traduction latine ibid., p. 321-339.

IX. Liturgie.

Les « syriens » du Malabar ont pratiqué, jusqu’à l’arrivée des Portugais et un certain temps après, la liturgie des syriens orientaux de Mésopotamie. Il n’en reste malheureusement pas de manuscrits antérieures au xvi c siècle et quelques-uns seulement qui appartiennent à ce siècle, ceux apportés à Rome par Mar Joseph : deux manuscrits se complétant pour former un pontifical, copiés en 1556, un recueil d’hymnes pour les fériés, un rituel, un livie de l’office férial ou kaSkul, un livre de prièies pour les moines : Vatic. syr. 45, 46, 62, 65, 85, 88.

Les Portugais ne tolérèrent pas longtemps que les chrétiens indigènes de leur empire des Indes eussent des observances différentes des leurs. Nombreux étaient les points qui les heurtaient : usage du pain fermenté, forme des ornements liturgiques, calendrier des fêtes et des jeunes, cérémonies des sacrements. Dès avant le milieu du siècle ils entreprirent une vaste réforme latinisante. Déjà Mai Jacques, un des évêques envoyés en 1503, qui aurait dû être ménagé en raison de l’aide très efficace qu’il avait donnée aux Portugais

en conseillant à ses ouailles de leur apporter directement leur récolte de poivre, sans passer par les intermédiaires musulmans, avait été contraint, dès 1523, de protester contre des prêtres groupés autour d’Alvarez Penteado, lesquels prétendaient rebaptiser les chrétiens de Saint-Thomas, sous prétexte que la manière de l’évêque n’était pas la bonne. G. Schurhammer, Three letters of Mar Jacob bishop of Malabar, 1503-1550, dans Gregorianum, t. xiv, 1933, p. 76 sq. Penteado avait écrit, dès 1518, qu’il fallait obliger les chrétiens de Saint-Thomas à l’usage de Rome. Ibid., p. 81. La tendance qu’il représentait finit par avoir raison des résistances du vieil évêque ; lorsque saint François Xavier le connut en 1549, il pouvait écrire de lui qu’il était « très obéissant aux coutumes de notre sainte Mère l’Église romaine ». Monum. Xaveriana, t. i, Madrid, 1900, p. 511. Un autre tas typique est celui de Mar Joseph, le frère du martyr Sulâqâ, retenu avec Mar Élie pendant près de deux ans au couvent des franciscains de Basseïn et contraint de célébrer en latin, col. 3102, puis, à son retour de Rome se résignant à employer les hosties azymes et les ornements liturgiques des latins, col. 3103. Cette adaptation n’alla pas sans résistance de la part des fidèles : écrivant en 1604, François Roz raconte comment une partie de la population de Cranganore s’était enfuie dans les montagnes des Ghats pour échapper à la contrainte des missionnaires latins, qui leur faisaient manger du poisson les jours de jeûne contrairement à leur discipline, leur interdisaient de commencer le carême avant le mercredi des cendres et empêchaient les cassanares de célébrer avec du pain fermenté. G. Schurhammer, op. cit., p. 83.

Il semble bien que Mar Abraham ne se prêta guère aux mesures latinisantes, échappant le plus qu’il put au contrôle de la hiérarchie portugaise, encouragé peut-être aussi par les jésuites de Vaïpicota, qui semblent avoir été plus libéraux en matière de rit, plus compréhensifs, parce qu’ils connaissaient la variété des chrétientés du Proche-Orient et eurent aux Indes à cette époque même au moins un confrère maronite, le vénérable Abraham Georges, col. 3117. Mais l’archevêque d’Angamalé ne put éviter fie se rendre à Goa pour le troisième concile provincial, qui s’y tint en 1585, et il dut souscrire aux décisions prises dans la troisième session, tout entière consacrée aux chrétiens de Saint-Thomas. Or, on y décida que les livres liturgiques latins, bréviaire, missel, pontifical, rituel, devraient être traduits en syriaque. Scss. iii, décr. 7, dans Ihillarinm patronatus, Appendix, t. i, Lisbonne, 1872, p. 75. Il est probable que les jésuites de Vaïpicota travaillèrent à ces traductions et peut-être fût-ce une de ; tâches réservées au P. Abraham Georges ; il semble en tout cas qu’on commença par le rituel, car la validité des sacrements donnés par les cassanares préoccupait. Au moment du synode de Diamper les usages liturgiques des « syriens » étaient encore à peu près dans leur totalité ceux de l’Église de Babylone, mais la traduction syriaque du rituel romain existait, puisqu’Aloxis de Menezes put en remettre une copie à chacun des prêtres désignés pour administrer une paroisse, à la cérémonie de conclusion du synode. Les séminaristes de Vaïpicota avaient préparé les exemplaires nécessaires, col. 3114.

Les prescriptions liturgiques du synode sont nombreuses, et toutes dans un sens latinisant. Les oppositions furent d’ailleurs assez vives et les cassanares sauvèrent tout de même la plus grande partie de leurs prières traditionnelles, alors que la tendance des membres portugais du synode était de réaliser l’uniformité complète, même dans la langue. Les décisions relatives aux sacrements ont déjà été signalées, col. 3151. Les prières de la sainte liturgie furent épluchées au cours