Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/832

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
iur.

SYRIGOS | IVfÊLÈCE)

3166

l’Espérance dans le quartier de Kontoscallon (KoumKapou). Il la desservit jusqu’en 1660, date à laquelle

elle fut détruite par un incendie. Il revint alors à Galata. à l'église dite du Christ des jardins. C’est là qu’il s'éteignit, le 17 avril 1664, a l'âge de soixante-dix-huit

ans. Son corps fut enseveli au couvent des Médikiotes, à Triglia, localité des environs de Constantinople.

II. Écrits et doctrine.

Mélèce Syrigos a été à la fois prédicateur, polémiste, bagiographe et hymno graphe, traducteur, mais il a surtout été prédicateur. La plupart de ses écrits sont encore inédits. Le P. Pargoire a trouvé, tant dans la bibliothèque du Métokhion du Saint-Sépulcre à Constantinople, que dans celle du Syllogue littéraire grec de la même ville, dix-huit manuscrits remplis de ses œuvres, qu’il a minutieusement décrits. Cf. Échos d’Orient, t. xi, 1908, p. 266280. Plusieurs de ces manuscrits sont autographes et la plupart renferment des renseignements historiques précis sur la vie et les œuvres de notre auteur.

Sermonnaires.

Six des manuscrits décrits par le

P. Pargoire sont remplis par des sermons. Ces sermons ne sont pas tous complets ; plusieurs sont de simples brouillons. Leur nombre se monte à près de deux cents. La partie la plus importante de cette prédication est constituée par une série complète d’homélies pour tous les dimanches de l’année. Comme ces discours sont tous inédits, il nous est impossible de porter un jugement tant sur leur fond que sur leur forme.

Écrits théologiques et polémiques.

 Le ms. 356

du Métokhion du Saint-Sépulcre contient le premier écrit théologique de Syrigos, daté de 1635. Il s’agit de Yingt-quatres chapitres théologiques (KscpxXaia OsoXovtxâ) précédés d’une Lettre sur le jeûne. Le contenu est avant tout d’ordre ascétique, comme le suggèrent les titres : 1. Sur la foi en Dieu. — 2. Sur la puissance de la foi et sa constance. — 3. Sur la foi sans les œuvres… — -10. Sur ceux qui retournent à Dieu… — 22. Sur le bon prêtre, etc. Ce sont des thèmes assez courts, puisqu’ils ne remplissent qu’une soixantaine de feuillets. Ils sont inédits.

Le second ouvrage théologique de notre auteur par ordre de date est la Réfutation de la confession de la foi chrétienne éditée par Cyrille de Constantinople au nom de tous les chrétiens de l'Église orientale. Tel est le titre que donne le ms. 334 du Métokhion, sans doute un autographe ou tout au moins une copie revue par l’auteur. C’est de beaucoup l’ouvrage le plus long et le plus important laissé par Syrigos. Commencé en novembre 1638. il fut terminé le 28 novembre 1640. Écrit d’abord en grec ancien, il fut traduit plus tard par l’auteur luimême en grec vulgaire. Les mss nous le donnent dans les deux dialectes et c’est le grec vulgaire qui a eu les honneurs de l’impression, grâce au patriarche Dosithée, qui le publia à Bucarest en 1690 sous le titre : '()p6680£oç £vrlpppo*iç y.y.~x tôjv xeçaXoctcAV x.al èpwnfjcyeajv roô KuptXXou, en y joignant son propre écrit contre les calvinistes, consacré spécialement à démontrer la présence réelle et la transsubstantiation. Bien avant cette édition, dont il reste à peine cinq ou six exemplaires et que E. Legrand décrit tout au long dans sa Bibliographie hellénique du XVW siècle, t. ii, p. 458-473, l’ouvrage fut célèbre en Occident et surtout en France, où les auteurs de la Perpétuité de la foi touchant l’eucharistie lui firent une réclame retentissante. Dès sa composition, les jésuites de Galata s'étaient offerts à le faire imprimer moyennant quelques corrections de détail, auxquelles l’auteur refusa de se prêter. Du moins le chapitre sur la transsubstantiation — Mêlé tios compte parmi les théologiens grecs modernes cjui ont vulgarisé le mot p : £TOucîcoai.ç, traduction littérale du latin transsubstantiatio — fut édité à plusieurs reprises en Occident : d’abord par Richard Simon en 1684 dans l’Histoire critique de la créance et des cou tumes des nations du Levant, p. 199-215, et en 1687 dans La créance de l'Église orientale sur la transsubstantiation : puis par Benaudot, qui en avait fourni le texte à B. Simon, à la suite des homélies de Gennade Scholarios sur l’eucharistie, Gennadii patriarchæ Constantinopolilani homiliæ de sacramento eucharistiæ, Paris, 1709, p. 156-162. L'édition de Benaudot fut reproduite par Schelstrate, Acta orientalis Ecclesiæ contra Lutheri luvresim, Borne, 1739, p. 396-401, et passa aussi dans d’autres recueils. Dès 1674, le t. III de la Perpétuité de la foi en avait donné la traduction française. Cf. l'édition de Migne, t. ii, col. 1223-1226. Eusèbe Benaudot utilisa largement 1 AvTtppTjffiç dans la Continuation de la Perpétuité, t. iv, 1711, t. v, 1714. Cf. l'édition de Migne, t. iii, col. 687-691, 811, 930-932, 965-966, 1034-1038, 1044-1046, 1061. Dans sa Réfutation, Syrigos suit l’ordre même des articles de la Confession de foi de Lucaris. Peu ou point de spéculation dans cette œuvre polémique relativement sereine, mais des textes de l'Écriture et des Pères. Sa connaissance de la langue latine ouvre à Syrigos non seulement les sources grecques et byzantines mais aussi les occidentales, encore qu’il reste étranger à notre scolastique.

On ne peut évidemment attribuer à Syrigos la paternité de la Confession de foi orthodoxe de l'Église orientale, ou Catéchisme de Pierre Moghila. Il a cependant sur elle quelque droit, non seulement parce qu’il l’a traduite en grec vulgaire et que c’est sa traduction qui a reçu l’approbation officielle des quatre patriarches d’Orient en 1643, mais aussi parce qu’il y a fait des corrections de fond importantes, notamment sur la forme de l’eucharistie et sur la négation de la peine temporelle due au péché et d’un état intermédiaire entre le ciel et l’enfer après la mort. Ces corrections, qui furent approuvées par les patriarches orientaux, eurent les plus graves conséquences pour le sort de la Confession orthodoxe, que leur principal auteur, Pierre Moghila, ne voulut point reconnaître pour sienne et dont les théologiens de Kiev rejetèrent longtemps certains articles. Son autorité était battue en brèche dès son apparition. Elle n’a fait que diminuer depuis.

Il y a de bonnes raisons de supposer que notre théologien ne fut pas étranger à la rédaction des actes du synode constantinopolitain du 21 septembre 1638, sous Cyrille II Contaris, qui anathéinatisa les principales erreurs de Cyrille Lucaris, et qu’il dut composer la Lettre synodale que Parthénios I effet son synode promulguèrent en mai 1642 comme devant servir de base aux pourparlers de Iassy. Il était, en effet, comme le théologien attitré de la Grande Église, à qui l’on recourait quand il était question de doctrine. Ces documents officiels ont été publiés plusieurs fois, notamment dans les recueils des livres symboliques de l'Église orientale orthodoxe et même dans Mansi, Concii :, t. xxxiv, col. 1629-1637, 1709-1716.

Écrits hagiographiques et liturgiques.

Les écrits

hagiographiques de Syrigos sont intimement liés à ses écrits liturgiques. Les premiers consistent en notices biographiques de plusieurs martyrs grecs des xvi' et xviie siècles, victimes du fanatisme musulman. Ces notices sont appelées par les Grecs des synaxaires ou martyria. Les écrits liturgiques proprement dits sont des acolouthies ou offices complets, ou des parties d’offices, spécialement des canons, pour ces martyrs, pour des saints plus anciens et pour d’autres fêtes. Le P. Pargoire a dressé la liste complète de ces compositions multiformes. Elle ne comprend pas moins de vingt numéros. Cf. Échos d’Orient, t. mi, L909, p. 337-3 12. Quelques-unes de ces pièces ont été imprimées soit à part, soit en divers recueils signalés par le P. Pargoire. loc. cit. Les autres sont conservées dans les mss du Métokhion du Saint-Sépulcre, notamment dans le ms. 746.