1828 qui fermait les collèges des jésuites : la critique qu’il fait de l’ordre est au moins fort déplacée. Il y eut, dit Quérard, une seconde édition la même année. — Vie du P. Lejeune, dit le Père l’Aveugle, prêtre de l’Oratoire, Limoges, 1830, in-8°, 44 p., raconte un certain nombre de faits de la vie de ce grand prédicateur du xviie siècle, que l’on ignorait ou qu’on avait oublié.
Tabaraud a fourni aussi des articles aux Nouvelles ecclésiastiques, 3 juillet 1790, aux Annales de la Haute-Vienne, aux Débats, à La France catholique pour défendre l’Oratoire, collaboré quelque peu à la Chronique religieuse, journal rédigé par Lanjuinais, Grégoire, Dubertier et le président Agier : mais il a déclaré lui-même n’avoir fourni que quelques articles à ce recueil dont il n’approuvait pas la ligne politique et religieuse. Voir Ami de la religion, 30 oct. 1819, t. xxi, p. 364. Il a travaillé à l’Encyclopédie de Courtin, à la Biographie de Feller. Il fut un des principaux collaborateurs de la Biographie universelle de Michaud à laquelle il donna 770 articles, dont un certain nombre sont importants tels ceux sur Arius, Baronius, Bellarmin, saint Augustin, saint Bonaventure, saint Charles Borromée, saint Hilaire, etc. ; ses idées gallicanes et jansénistes y paraissent trop souvent ; il se plaît à ridiculiser des personnages de grande valeur comme le P. Amelote, son confrère. L’administration se lassa : il donna peu d’articles dans les trente derniers volumes.
Depuis 1814, il était affligé d’une cataracte et obligé de dicter ses ouvrages ; il mourut le 9 janvier 1832. Il avait écrit dans son testament le 5 janvier 1831 : « Je rends grâce à Dieu de m’avoir fait naître dans le sein de l’Église catholique, apostolique et romaine… et préservé de toutes les erreurs qu’elle condamne… Si dans les ouvrages que j’ai publiés, il se trouvait quelque chose qui ne fût pas conforme à ces dispositions, je le soumets au jugement de la dite Église, comme je demande à Dieu pardon de tout ce qui, dans mes dits ouvrages, pourrait avoir offensé les personnes. » Dans l’article de l’Ami de la religion, t. lxxii, p. 561, Picot lui reconnaît « un talent véritable qui n’eût eu besoin, pour être plus utile, que d’avoir pris une autre direction ». Dans l’introduction de La tradition de l’Église et dans le corps de son livre, Lamennais plaisante l’oratorien, « dont les ouvrages, remplis de conséquences fausses, tirées de faits infidèlement rapportés, vaudraient infiniment mieux s’il se défiait davantage de sa main quand il copie et de son jugement quand il raisonne ». Voir Vallery-Radot, Lamennais, p. 95. Il y a du vrai dans cette critique cependant injuste, car Tabaraud « était un homme de forte trempe et un cœur vaillant, un de ces hommes moulés, comme parle Montaigne, au patron des siècles anciens ». Dubédat, op. cit., p. 229. Son œuvre considérable est diminuée par l’entêtement gallican qui était de son temps et déparée par le jansénisme dans lequel il n’avait vu « qu’un mouvement libéral inauguré par des esprits généreux et honnêtes auquels il voulait se rallier. Nul plus que lui n’eut le courage de ses opinions dans la bonne et la mauvaise fortune ». Ibidem, p. 231. Une étude approfondie reste à faire, qui sans doute expliquerait, mieux qu’on a fait jusqu’ici, les déficiences d’un très beau talent et d’une ardeur au travail au-dessus de tout éloge.
L’Ami de la religion a publié une notice sur Tabaraud, le 21 juillet 1832, t. lxxii, p. 561, n. 1974, et la liste à peu près complète de ses ouvrages, 16 août 1832, t. lxxiii, p. 97, n. 1985 ; Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, éd. 1882, t. v, p. 1040 ; Dubédat, Tabaraud, Limoges, 1872, in-8° de 271 p., paru d’abord dans le Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. xx, 1870-1871, p. 1-234 ; Gosselin, Vie de M. Émery, t. i, 1861, p. 117 ; Ingold, Essai de bibliographie oratorienne, p. 165 ; Lamennais, Œuvres inédites, publiées par A. Biaise, Paris, 1867, in-8°, 1. 1, p. 305, 307, 409 ; Michaud, Biographie universelle, art. Tabaraud ; Quérard, La France littéraire, art. Tabaraud, Annuaire de la Haute-Vienne, 1833.
TABERNA, voir Taverne Jean-Baptiste, col. 80.
TABOURIER Pierre-Nicolas, (1753-1806) naquit à Chartres en 1753 ; il prêta le serment civique en 1791 et devint curé constitutionnel de Saint-Martin de Chartres. Il assista aux conciles de 1797 et de 1801, convoqués par ceux qu’on appelait les « réunis » et qui se tinrent en l’église métropolitaine de Paris. Après le concordat de 1801, l’évêque de Chartres le nomma curé de Saint-Pierre de Chartres. C’est là qu’il mourut le 28 novembre 1806.
Tabourier a écrit les ouvrages suivants : Tableau moral du clergé de France, 1789, s. l., in-8° : l’évêque a le droit de nommer ses curés et ce sont ceux-ci qui élisent les doyens ; voir Préclin, Les jansénistes du XVIIIe siècle et la Constitution civile du clergé, p. 430. — Défense de la Constitution civile du clergé, avec des réflexions sur l’excommunication dont nous sommes menacés, Chartres, 1791, in-8°. C’est l’écrit le plus important de Tabourier. Il avait prêté le serment exigé des fonctionnaires ecclésiastiques ; il expose ici les motifs de sa démarche. Les abus étaient tels qu’il fallait une réforme radicale et Tabourier s’applique à justifier la Constitution civile des reproches qu’on lui adresse : elle ne brise point les liens qu’un catholique doit avoir avec le Saint-Siège ; elle n’empiète nullement sur l’autorité spirituelle pour la nouvelle distribution des diocèses ; elle donne aux évêques un conseil qui lui est supérieur, mais les évêques avaient besoin de ces conseillers qui leur donneront l’autorité qu’ils avaient perdue ; de plus, le peuple a le droit d’élire ses pasteurs ; enfin, en déposant les évêques qui ont refusé le serment et en les remplaçant par ceux qui l’ont prêté, la Constitution civile a compris que le salut du peuple est le premier des devoirs du citoyen. D’ailleurs, les évêques ne sont pas déposés, mais simplement dépossédés par le fait d’avoir refusé le serment. Les nouveaux évêques occupent le siège que leur confère la volonté générale du peuple. En s’appuyant sur la proposition 91e de la bulle Unigenitus, Tabourier montre que les nouveaux évêques n’ont point à redouter une excommunication, laquelle d’ailleurs serait nulle d’elle-même, puisqu’elle serait portée pour une faute purement temporelle, à savoir, la prise de possession d’un siège épiscopal. Nouv. eccl. du 16 août 1791, p. 130-132. — Discours pour tranquilliser les consciences sur les affaires du temps qui sont relatives à la religion, Chartres et Paris, 1791, in-8°. — Deux mots à la mère Duchesne sur la faiblesse de son antidote, ou Défense de mon discours pour tranquilliser les consciences, Chartres, s. d., in-8°. — Entretien sur la Révolution, par P. Tabourier, curé de la ci-devant paroisse de Saint-Martin réunie à la cathédrale, Chartres, 1792, in-8°. — Divinité de la religion chrétienne et de ses vérités fondamentales, s. l., s. d., in-8°. — Adresse sur la divinité de la religion chrétienne à tous ceux que l’impiété des derniers temps a séduits, par P. N. Tabourier, député au concile national par le clergé du département d’Eure-et-Loire, Chartres, 1797, in-12. L’ouvrage se termine par un post-scriptum qui est une pompeuse apologie des théophilantropes.
Michaud, Biographie universelle, t. xl, p. 551 ; Feller, Biographie universelle, t. viii, p. 66 ; Quérard, La France littéraire, t. ix, p. 309 ; Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, t. ii, p. 2220.
TAILLEPIED Noël, cordelier du xvie siècle. — Né vers 1540, au diocèse de Rouen, il entra de bonne heure chez les cordeliers, prit à Paris le doctorat en théologie et enseigna cette science au couvent de Pon-