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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/147

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TU Ko DOME DE MOPSUESTE

THÉODORE DE PHARAN

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théologie antiochienne. Depuis cette dato, voir ].. Amann, La doctrine clwistologique de Théodore de Mopsueste à propos

d’une publication récente (il s’agit des deux séries de Catéchèses publiées par Mingana), dans lien, des sciences rel., t. xiv, 1934, p. 16(1-190.

É. Amann.

12. THÉODORE DE PHARAN, évêque de

cette ville d’Arabie reliée, dans le massif du Sinaï (1™ moitié du viie s.). — Le concile du Latran de 049 et le VIe concile œcuménique de 680-681 font de ce Théodore, sinon l’auteur responsable, du moins l’un des premiers fauteurs de l’hérésie monénergiste, qui devait se transformer en monothëlisme. Voir art. Monotiiélismk, t. x, col. 2317. Il n’est pas très facile de dire quel fut exactement son rôle, et le mieux est de sérier d’abord les documents que nous avons sur lui.

A la troisième séance du Concile romain de 649, l’un des membres demanda que lecture fût donnée des écrits de Théodore de Pharan, étant chose notoire que cet évêque était le premier auteur de la nouveauté monénergiste. Ainsi du moins l’affirmait comme un fait patent Élienne de Dor. Mansi, Concil., t. x, col. 958 sq. On apporta donc dans l’assemblée un écrit de Théodore, envoyé par lui à Sergius, évêque d’Arsinoé en Egypte. Lecture fut faite de cinq passages assez brefs, tous concluant à l’affirmation d’une unique èvépY£t.a dans le Sauveur. À la suite furent cités six passages un peu plus longs du même auteur, tirés d’un ouvrage qui fut présenté comme une explication de textes patristiques : tç>[ir^sia. tûv TOcrpLxwv ^prjæow. Cette lecture terminée, le pape Martin fit remarquer les erreurs qui abondaient dans ces quelques textes ; ils n’allaient à rien de moins qu'à réduire l’humanité du Christ à n'être qu’une sorte de fantôme ; et le pape d’opposer à cette doctrine les paroles des Pères les plus orthodoxes, Cyrille, Grégoire de Nazianze, Denys (l’Aréopagite), Basile. La suite des débats donne l’impression que, dans l’idée du concile, Théodore a été le premier à mettre en circulation la formule monénergiste et que Sergius de Constant inople n’a guère fait que le suivre.

Tout autre est le son rendu par la discussion de Maxime le Confesseur avec Pyrrhus. On sait quelles précisions ce fameux dialogue apporte sur les origines du monothëlisme. Maxime ayant exprimé à Pyrrhus tout le dégoût que lui avait causé, aux débuts de la controverse, l’attitude peu franche du feu patriarche de Constantinople, Sergius, son interlocuteur essaie de rejeter sur les agissements de Sophrone la responsabilité des premières discussions. Et Maxime de répondre : « Où était donc Sophrone, quand Sergius a écrit à Théodore de Pharan en lui envoyant, par l’intermédiaire de Sergius Macarona, évêque d’Arsinoé, le soi-disant discours de Menas (où il était parlé de l’unique opération et de l’unique volonté) et en l’engageant à soutenir la doctrine de ce discours ? Où était Sophrone, quand, après réception de la lettre susdite, Théodore répondit à son correspondant (d’Arsinoé)? Où était-il, quand, de Théodosiopolis, Sergius (de Constantinople) écrivit à Paul le Borgne, lui aussi du parti sévérien (xocl àTcô SetjTjpLTcov), et qu’il lui envoya le discours de Menas et la lettre approbative de l'évêque de Pharan ? » Mansi, Concil., t. x, col. 741744. Il semble bien que, d’après Maxime, ce soit Sergius de Constantinople qui ait induit l'évêque de Pharan en tentation, en lui présentant le discours (authentique ou apocryphe) de Menas comme une preuve à l’appui de la formule monénergiste. L'évêque de Pharan était-il de l'Église melkite ? Faisait-il partie de la dissidence sévérienne ? La question a élé discutée. Il nous semble que le texte grec tranche le problème. Maxime dit bien de Paul le Borgne, à qui Sergius s’adressa après son intervention auprès de Théodore,

qu’il était « aussi du parti sévérien » ; cela paraît impliquer que Théodore en était également.

De ce rattachement de Théodore à la dissidence sévérienne, on a voulu trouver une preuve dans la lettre adressée par le pape Agathon au VIe concile. Le pape, après avoir cité nombre de Pères orthodoxes qui déposent en faveur du dyothélisme, signale ensuite les hérétiques qui s’y sont opposés : Apollinaire, Sévère d’Anlioche, Théodose d’Alexandrie « dans le tome écrit par lui à l’impératrice Théodora », puis Théodore de Pharan, dans sa réponse à Sergius d’Arsinoé, enfin la série des patriarches constantinopolitains, Sergius, Pyrrhus, Paul et Pierre. Mais, précisément, la présence de ces derniers sur la liste infirme la preuve que l’on pourrait tirer du rapprochement qui est fait au début entre Sévère et Théodose d’une part, et l'évêque de Pharan de l’autre. Texte dans Mansi, t. xi, col. 273-276. La lettre du synode romain de G80 qui mentionne, comme auteurs du monothëlisme, Théodore de Pharan, Cyrus d’Alexandrie, Sergius et ses trois successeurs ne fournit aucune précision. Elle se contente de présenter la généalogie du monothëlisme comme l’on faisait à Borne depuis 649. Ibid., col. 292 E.

Au VIe concile, ces documents romains furent lus et c’est ainsi qu’y fut d’abord prononcé le nom de Théodore. À la xe session, qui se déroula tout entière autour du cas de Macaire d’Antioche, on commença, afin d’arracher à celui-ci le désaveu du monothëlisme, par lire une interminable série de textes patristiques affirmant la double volonté, puis, comme contrepariie, on entreprit de montrer l’accord du patriarche antiochien avec les hérétiques : Thémistius, Anthime, Sévère (dans une lettre à Paul l’hérétique), Théodose d’Alexandrie (dans une lettre à l’impératrice Théodora), enfin « Théodore l’hérétique s’adressant à Paul ». De ce Théodore était cité un texte qui déclarait rejeter Chalcédoine et le tome de Léon, accepter par contre l’Hénotique en tant qu’il rejetait le concile. Jbid., col. 448 DE. Le personnage ainsi désigné est-il l'évêque de Pharan ? On l’a dit ; mais sans remarquer que la mention de l’Hénotique, aux premières décades du viie siècle, était un singulier anachronisme ; il y avait bien longtemps à cette date que l’acte de l’empereur Zenon n'était plus considéré par personne comme une tessère d’orthodoxie. Le Paul auquel ce Théodore adressait sa profession de foi nous paraît donc être le même que le personnage auquel Sévère avait écrit des choses semblables. Et, dès lors, l’hérétique Théodore ici mentionné doit être cherché aux dernières années du V siècle ou aux premières du vie, cent ans au moins avant la date certaine de Théodore de Pharan.

C’est seulement à la xiiie session du VIe concile (28 mars 081), qu’il fut question de ce dernier. La session précédente avait mis en accusation Sergius, Cyrus. Pyrrhus et ses deux successeurs ; on y ajoutait maintenant Théodore de Pharan. L’archidiacre Constantin fit alors connaître qu’il avait en main différents écrits de la bibliothèque patriarcale provenant de celui-ci, entre autres une épître de lui à Sergius d’Arsinoé relative à l’unique èvépyeioi. et aussi des £pu.7 ; vs£ai. Siaçôpcov 7raTpi.xcôv 7pY)(TECûv. Ce sont exactement les mêmes ouvrages qui avaient été allégués au concile romain de 649 et exactement les mêmes passages qui sont cités de part et d’autre. Les variantes sont insignifiantes. Mansi, t. xi, col. 560 B, 568 B-572. C’est la lecture de ces textes qui détermina la condamnation définitive de Théodore de Pharan, en même temps que celle des patriarches d’Alexandrie (Cyrus), de Constantinople (Sergius et ses trois successeurs), de Borne enfin (Honorius). Voir le texte à l’art. Honorus I er, t. vii, col. 115 sq. Nulle autre précision n’est apportée qui