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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/148

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THÉODORE DE PHARAN — THÉODORE DE RAITHOU


permette d’identifier plus exactement Théodore et de déterminer sa responsabilité dans l’aventure monothélite.

En définitive il y a deux présentations possibles. L’une est celle des Occidentaux, qui l’ont plus ou moins imposée au VIe concile. Elle fait de Théodore de Pharan l’inventeur de la formule monénergiste ; dans une visite à Gonstantinople, il la suggère au patriarche Sergius. C’est un peu plus tard seulement que ce dernier, entrant dans ses vues, lui transmet par l’intermédiaire de l’autre Sergius, celui d’Arsinoé, des documents -- entre autres le fameux discours de Menas — propres à affermir sa conviction et à faire de lui le propagateur de la doctrine monénergiste. Au rebours l’exposé de Maxime, que corroborent quelques autres indications, fait de Sergius de Constantinople l’inventeur conscient et responsable de la doctrine monénergiste. Il y avait plusieurs années déjà que le Constantinopolitain pensait à des formules de ce genre comme au moyen le plus propre à seconder la politique d’union des Églises inaugurée par le basileus. Cf. Grumel, Regestes de Gonstantinople, n. 279, 281. La visite du sévérien qu’était Théodore de Pharan

— si tant est que l’on en puisse montrer la réalité — a révélé à Sergius qu’il pourrait compter sur un secours inattendu. Dès lors il lance Théodore dans la voie du monénergisme conquérant. C’était prêcher un converti. Si, comme nous le pensons, l’évêque de Pharan était un sévérien, il n’avait aucune difficulté à transposer les formules monophysites relatives à l’unique nature en formules relatives aux opérations de l’Homme-Dieu. Il l’a fait d’ailleurs avec une incontestable maîtrise, étant beaucoup plus théologien que Sergius, homme politique, lui, plutôt que penseur.

Les formules de Théodore lues aux deux conciles du Latran et de Constantinople, expriment au mieux le monénergisme primitif. Seule, à l’entendre, la divinité, dans le Christ, est active. « Tout ce qui est rapporté du Verbe incarné nous manifeste une activité unique, dont le metteur en œuvre c’est Dieu, l’humanité n’étant que l’instrument, ôpyavov. » ii, <>. On ne saurait dire de façon plus précise que l’humanité du Christ es1 quelque chose de purement passif, aussi incapable de rien émettre par elle-même que l’orgue, s’il n’est mis en branle par l’artiste. El il s’agit de toutes les actions de cette nature humaine, des plus humbles aux plus relevées, - que l’on parle de la puissance du thaumaturge ou de ces mouvements physiques de l’homme que sont l’appétit pour la nourriture, le sommeil, la fatigue, la peine, l’anxiété, tousmouvements qui soûl appelés des passions, T : â6r (, mais qui sont au vrai des manifestai ions du dynamisme Interne du vivant animé el doué de sensibilité, qu’il s’agisse

enfin de ce que nous appelons proprement des souffrances, --P)/, . le crucifiement et tout ce qui l’a accompagné. Tout cela tsi appelé à juste titre l’unique ope ration de l’unique et même Christ, uia xal -’i~> a>-ro’j éP-c XpiOTOÛ èvépyeia ». ii, 2. Tout ce qui est rapporté di’Jésus Christ, du Dieu, de son corps, de son

(Une, du mini humain, àmr et corps, toul cela

s’engendre u.ovoc81x<ôç xal aStaipérioç, (dans l’unité et l’indivision), lout nia a son principe et pour ainsi dire si lource dans la sagesse, la bonté, le dynamisme du Verbe, en passant par l’intermédiaire de l’âme raison nable et du corps ; et c’est pourquoi tout cela est attribué a l’unique opération d’un seul tout, l’unique et même Sauveui, i, ’ « En conséquence tout cela (’tait œuvre de Dieu, (pu-cela fùl divin ou humain ; tout cela, la piété l’appelle l’unique opération de la divinité el de l’humanité. i, l. En d’autres termes i du commencement a la (in, toute l’incarnation et tout

CC (pli en es 1, grandes et pet des choses, n’est en vérité

qu’une seule, très élevée et toute divine opération ».

i, 5. Bien entendu l’on devra dire de la volonté en particulier ce qui est dit en général de l’activité : « Il n’y a dans le Christ qu’une volonté, la volonté divine. » ii, 1.

Il n’est pas malaisé de voir que, dans une conception de ce genre, l’humanité du Christ n’est plus qu’une apparence et le pape Martin I er avait grandement raison de dire que le système de Théodore était un docétisme larvé. « Larvé » serait même une expression bénigne. Un passage de l’évêque de Pharan montre bien le monophysisme foncier, où s’originait son monénergisme : « Notre âme à nous n’a pas suffisamment de force pour secouer les propriétés naturelles du corps ; notre âme raisonnable n’est pas à ce point maîtresse, qu’elle ait puissance sur ces qualités du corps que sont la masse (Ôyxoç), le poids (£o7nf)), la couleur, et qu’elle puisse s’en dégager. Voilà pourtant ce qui est arrivé pour le Verbe incarné (littéralement pour « l’économie » de Xotre-Seigneur) « .Car c’est sans masse et pour ainsi dire sans corps (àôyxoç. xal à(Tco[i.dcTo>< ;), sans créer de déchirure (aveu SiaoToX^ç), qu’il est sorti du sein (de la Vierge), sorti du tombeau, qu’il est entré toutes portes fermées ; c’est pour la même raison (parce qu’il était sans poids) qu’il a marché sur les eaux. [Le passage s’interrompt ici et nous ne pouvons savoir comment la divinité du Christ avait empire sur les couleurs de son corps ; peut-être Théodore recourait-il au miracle de la transfiguration, ou à l’épisode des disciples d’Emmàus, Luc, xxiv, 16, 31, et de l’apparition à Marie de Magdala, Joa., xx, 14.] Il faudrait comparer ces explications avec celles qu’émettaient en des sens contradictoires, un siècle plus tôt. Sévère d’Antioche et Julien d’Halicarnasse, phtartolâtres et aphtartodocètes. Noir l’art. Julien d’Halicarnasse, t. viii, col. 1934 sq. La comparaison montrerait sans nul doute, que, en dépit de certaines exégèses, la doctrine du I’haranite était un monophysisme bon teint. Comprenant à sa manière le dogme de Chalcédoine, ou plutôl le détruisant, comment aurait-il pu entendre les expressions si claires du tome de Léon : Agit utraque forma quêE sua sunt, sed cum communicatione alterius. Son monénergisme, qui est loin d’être purement verbal, était la conséquence inéluctable d’un monophysisme qui était, lui, très réel. Les plus feinies adeptes du monothélisme il faut penser (oui spécialement à Macaire d’Antioche — ne seront pas plus explicites ; qu’il ait souillé sa formule de < l’unique énergie à Sergius, ou que, sollicité par celui-ci, il ail donne à une doctrine encore floue tournure philosophique, Théodore de Pharan doit 01 re regardé’comme le vrai fondateur du monénergisme.

Voiries travaux ci les à l’art. Monoi ni i ismi, et tout spécialement V. Grumel, Recherches sur l’histoire du monothélisme, dans Échos d’Orient, t. xxvii, 1928, p. 259 sq. Nous nous séparons d’ailleurs assez sérieusement de cet auteur ; i>liis encore de l’art. Theodorus >/ Pharan du Dictionary » / Christian btographg, qui n’a pas laissé de nous tourntr des données importantes

É, A.MANN.

13.THÉODORE DE RA ITHOU, hii nmioine el théologien du vr siècle. Théodore n’est connu, au moins SOUS Ce nom, que par son traité intitulé 0co8(2>po’j — pefïÇ’jTÉpo’j -rrc’Patfiou 7Tpor : apKrrxe<jr ; tic xal yu(ivao(a ~m pouXopivep [xaOéîv, tic 6 rpéiroe, tt^ç Œiaç tva(v9p(i>ir/)OGb)ç xal obcovou, tac, , xa8’ôv -érrp-xx-rai, xsi Ttv7- va ~p’, c toùç Taiirrjv i’i, opO&ç. vooûvraç Xey6uvva -apà TfTjv t9jç’UxxXîjolaç Tpoq>l|uov. Les anciennes éditions Jusqu’à celle de la P. ii.. i. xii. i oi. i is i 1504,

n’en donnaient que la première partie. Il a été édité

intégralement par Fr. Diekamp, Analecta patristica, 1 1 1 ti mut À bhandlungen zur griechitchen Patristik, dans Orientalla christiana analecta, n. 117. Home. 1938,

p. 185-225. Des le début de son oiiviage Tailleur