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TALML’D. CONTENU


postérieurs à R. Johanan, les répétitions, les incohérences, prouvent que le recueil n’a pas été composé par un seul compilateur. D est possible qu’il repose sur une première rédaction établie dans l’école de R. Johanan, laquelle n’a cessé de recevoir des accroissements et des modifications au cours des rv* et ve siècles.

Pareillement pour le Babli, on a longtemps admis que Rab Ashi, chef de l’école de Sur^ avait établi une première rédaction, qui aurait ensuite été complétée par Rab Abina II (ou Rabina, chef de l’école de Sura, 473-499) et définitivement mise au point par les saboraim. Les dernières recherches sur ce point imposeraient des conclusions plus réser Voici celles que formule M. Julius Kaplan, The rédaction of the Babglonian Talmud, New-York, 1933. Le Talmud a longtemps gardé une forme flottante et indéterminée. Dans les académies juridiques les discussions aboutissaient à des décisions prises à la majorité

>ix par les docteurs : on donnait le nom de gemarot

à ces décisions formulées en termes très concis, riches de sens, mais assez obscurs. Divers rabbins avaient composé des collections de ces gemarot, collections qui ordonnaient les sentences autour de quelques principes et exigeaient, pour être comprises, la connaissance de clés qui se perdirent dans la suite. Ces collections se conservaient par écrit dans les académies où elles s’étaient formées ; les étudiants les apprenaient par cœur et sur ce thème s’engageaient les discussions, comportant des conjectures plus ou moins aventureuses, qu’on appelait Talmud et qu’il était interdit d’écrire. Cette interdiction subsista tant que durèrent les académies, autorités vivantes qui assuraient l’authenticité et la transmission des traditions scolaires. C’est seulement au moment où les rois perses supprimèrent les académies babyloniennes, que les saboraim se mirent à consigner par écrit les gemarot (en se fondant sur la collection de Rab Ashi) et aussi tous les commentaires et discussions qu’elles avaient provoqués. Us y ajoutèrent, de leur propre cru, des notes explicatives, des arguments, des conjectures sur les auteurs de telle ou telle opinion ; ils n’hésitèrent pas à composer des dialogues ou des monologues qu’ils plaçaient dans la bouche des rabbins anciens. Leur œuvre fut complétée et définitivement arrêtée par les gaons ; ayant constitué des écoles sur le modèle des académies amoras et une académie semblable à l’ancien sanhédrin, ceux-ci se trouvaient en possession d’un prestige suffisant pour conférer une autorité canonique à la collection, close et irrévocablement fixée. Ces vues, fondées sur une étude de critique interne très attentive et minutieuse, s’imposent dans leur ensemble : elles reconnaissent d’ailleurs la part considérable de Rab Ashi et de son école dans la rédaction du Babli.

IL Composition et caractères de Talmvd. — 1° Plan et contenu de la Michna et des Talmuds.

Les

Talmuds se présentant comme un commentaire de la Michna, c’est à celle-ci qu’il faut les référer. Aucun des Talmuds ne contient le commentaire intégral de la Michna ; nous savons que certains de ces commentaires se sont perdus. Dans le JeruSalmi les traités non commentés ne sont pas reproduits, alors qu’ils figurent dans le Babli.

La Michna est divisée en six sections (sedarim. ordres ou classes) : chaque section comprend plusieurs traités (massèkèt, qui signifie primitivement tissu, comparer notre mot : texte). Les traités furent de bonne heure divisés en chapitres (peraqim), eux-mêmes divisés en versets fhalakha ou michna). Voici la suite des sections et des traités (la lettre J indique que le traité est commenté dans le Talmud de Jérusalem, le B qu’il est commenté dans le Babli).

Section i : Zeraim (semences) : agriculture et fruits

des champs. — Traités : Berakot, J, B, bénédictions et prières ; Pea, J, angle du champ à réserver pour les pauvres (cf. L- ::, 22 : Deut., i

19-22) ; Demai, J, fruits dont on ne sait pas si on a perçu les redevances sacerdotales ; Kilaim, J, mélanges interdits dans les végétaux, animaux, étoffes iLev., xix. 19 : Lcut.. xxii. 9-1 1 1 : Chebiit, J, l’année sabbatique’Ex.. xxin. Il : Lev.. xxv. 1-8 ; Deut. 1 sq.) ; Terumot, J, redevances ecclésiastiques (Num., xvtii, 8 sq. : cf. Deut.. xviii, 4 et Num.. xviii, 25 sq.) ; Maaserot, J. première dîme, dime des lévites (Num., xviii, 21-24 1 : Maaser cheni. J, dime seconde, qui doit être consommée à Jérusalem, dans les pèlerinages (Deut.. xiv, 22 sq. : cf. xxvi. 12 sq.) ; Ualla, J. prélèvement sacerdotal sur les pâtes (Nom., w. 18-21) ; Orla, J (prépuce), produits interdits des arbres (cf. Lev.. xix. 231 ; Bikkurim, J, prémices (Deut., xxvi, 1 sq. : Ex.. xxin. 19).

Section n : Moedtles temps sacrés). Les douze traités sont dans J et dans B. — Traités : Chabbat, prescriptions diverses sur le repos du sabbat (Ex.. xx, 10 ; xxin. 12 ; Deut.. v, 14 sq.i ; Erubim, la fiction juridique des communications artificielles, en vue d’alléger et tourner les obligations sabbatiques ; Pesahim, la fête de Pàque (surtout Num.. ix. 13 ; Ex., xii ; xxin, 15 ; xxxiv. 15 sq. : Lev.. xxin. 5 sq.) ; Cheqalim, l’impôt du demi-sicle pour le Temple (Neb., x, 33) ; Yoma, le jour par excellence, la fête de l’expiation (Lev.. xvi i ; Sukka. fête des cabanes ou des tabernacles (Lev.. xxiii, 34-36 : Num., xxix, 12 sq. : Deut., xvi, 13-16 1 ; Yom tov (jour férié), appelé aussi Besa (œuf), sur les interdits des jours de fête (œufs pondus en ces jours) ; Roch ha-chana, la fête du nouvel an ("Num., xxvth, il sq. : x. 10 1 : Taanit. ou bien au pluriel Taaniot. les jeûnes ; Megilla, le rouleau (par excellence ) contenant l’histoire d’Esther, fête des Purim (cf. Esth.. : x. i^ : Moed qaton, fête petite, jours de fêtes intermédiaires ; Hagiga. les fêtes de pèlerinage à Jérusalem.

Section in : Xæhim (femmes) : droit matrimonial (plus deux traités sur les vœux ». Sept traités qui se trouvent en J et en B. — Traités : Yebamot. loi du lévirat, beaux-frères ou parents obligés d’épouser une veuve sans enfant (Deut.. xxv, 5-10 ; cf. Ruth. nr, Ketubot, contrats de mariage : Sedarim, vœux et leurs obligations (cf. Num.. xxxi : Sazir, le vœu du naziréen (Num.. vi) ; Gittin, les libelles de divorce (Deut., xxiv, 1 1 : Sota, la femme suspecte d’adultère (Num., v, 11-31) ; Qidduchim, fiançailles et unions matrimoniales.

Section iv : Seziqim (dommages) : droit civil et criminel. Dix traités se trouvant en J et B, sauf trois mentionnés plus bas. — Traités : Baba qamma (première porte de la section), dommages en général et leurs réparations (cf. Ex.. xxi. 33 : xxii, 5, 6) ; Baba mesia (porte intermédiaire), dommages mobiliers et immobiliers, usure, locations ; Baba batra (dernière porte), acquisitions, ventes et successions : Sanhédrin, tribunaux et peines capitales : MakJcot (manque dans J), fustigation prévue par Deut.. xxv. 1-3 : Chebuc : ment s. leurs espèces et valeur, dépôts (cf. Lev.. v, 2-6) ; Eduyot (pas de gemara), témoignages, et discussions rabbiniques sur quelques questions ; Aboda Zara, idolâtrie ; Pirqé Abot (pas de gemara), sentences morales et conseils des Pères (docteurs anciens) ; Horagol, décisions erronées.

Section v : Qodachim (sacrifices et choses consacrées). Manque dans J : dans B les deux derniers traités sont sans gemara. — Traités : Zebahim, sacrifices (cf. Lev., i-vn) : Menahot, offrandes végétales : Hullim, choses profanes qu’on ne peut pas offrir ni manger ; Bekorot. premier-nés (cf. Ex., xiii. 2. 12 sq. : Lev.. xxvii. 26 sq. ; Num., viii, 16-18 ; xviii, 15-17 : Deut.. xv.