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THÉOLOGIE. SAINT BONAVENTURE

n. 79, p. 138. Cependant, la crue aristotélicienne se poursuivant, les protestations et les avertissements continuent ; cf. Mandonnet, Siger de Brabant, 2e éd., t. i, p. 33-36, 95-98, 243, 298-300, texte et notes ; A. Callebaut, Jean Pecham, O. F. M., et l’augustinisme, dans Archiv. francise, hist., t. xviii, 1925, p. 441-472.

Dans la seconde moitié du xiiie siècle, les maîtres de la Faculté des arts, trouvant dans Aristote toute une interprétation purement rationnelle du monde et de l’homme lui-même, prétendront proposer sur ces choses une doctrine indépendante et qui se suffise, soit qu’ils aient tenté de traiter par une pure application de la philosophie, les questions de théologie, cf. Chartul., t. i, n. 441, p. 499, soit que, faisant de la philosophie une science non seulement indépendante, mais souveraine, ils en aient théoriquement ou pratiquement déclaré la suffisance, dogmatisant en son nom sur la destinée de l’homme, la règle de sa vie, etc. Cette tendance, nette déjà chez Jean de Meung, André le Chapelain, se trouve à son paroxysme dans le De vi(a philosophi de Boèce de Dacie édité par M. Grabmann, Arch. d’hist. doctr. et littér. du Moyen Age, t. vi, 1931, p. 297-307. C’est ce dangereux courant, allié à l’averroîsme latin, que vise la condamnation portée en 1277 par Etienne Tempier, laquelle, dès ses premières lignes, déclare : Nonnulli Parisius studentes in artibus, proprie facultalis limites excedentes… Chartul., t. i, n. 473, p. 543.

Voir Jules d’Albi, Saint Bonaventure et les luttes doctrinales de 1267-1277, Tamines et Paris, 1923 ; M.Grabmann, Eine fur Examinarzwecke abgejasste Quæstionensammlung der Pariser Arlistenjakullàt aus der ersten Hàlfle des 13. Jahrhunderts, dans Bévue néoscol. de philos., t. xxxvi, 1934, p. 211-229, surtout p. 225.

Quand on pense que cette réaction atteignait l’effort d’Albert le Grand et de saint Thomas, tel que nous avons cru le comprendre, on sera tout disposé à interpréter, avec le P. Mandonnet, la canonisation de saint Thomas, survenue eu 1323, comme la consécration de son hégémonie doctrinale et. tout d’abord, de sa position en méthodologie théologique ; cf. I’. Mandonnet, La canonisation de saint Thomas, dans Mélanges thomistes, Paris, 1923, p. 1-48. De fait, cette position iint Thomas inspire maintenant renseignement de la théologie dans l’Église catholique et la division de <e » enseignement en philosophie et théologie en quelque sorte, en institution cette méthodologie thomiste.

Position générale des maîtres augustiniens.

Les principaux maîtres augustiniens, outre saint Bonaventure, sont Alexandre de Halès, Fishacre, Kil-Wardby, d’une part, Robert Grossetôte et Roger

, d’antre part : cinq anglais.

Alexandre de Halès († 1215), Fishacre, qui rédige vers 1236-1248, et Kilwardby, vers 1248-1261, s’accorpour l<- fond. La théologiee l pour eux une connaissance inspirée par le Saint-Esprit, d’ordre affectif et moral. Elle concerne le rai sous l’aspect de bien : Alexandre, Su m. I licol., I. I, tract, introd., q. i, ci, sol. et a. 2, sol. et ad 2 om ; Kilwardby, éd. Stegmuller, Mon p. 27 sq. On fient bien l’appeler science, en un sens qui n’est pas celui d’Aristote ; i d’abord uni cience qui n’arrive à l’intelligence qu’a ir de la foi, Alexandre, il<i<l., e. i, ad 3*", et même ilir de la foi vive, opérant par la charité, ibid., de mode non pas mol et démonstratif, mais affectif, moral, expérimental -.. Alexandre, ibid., c. ii, obj. f et . soi., i ad 2, , m ; Kilwardby, enfin une science dont l’attitude m iw ni pa.i une Inférencc rationnelle à partir idents, m. ii.., la lumière du Saint t dont l’homme spirituel a IV mie rieure. Alexandre, ibid., c. iv, a. 2 ; Kilwardby, p. 31.

Kilwardby reprend, éd. citée, p. 26, l’idée augustinienne que toute science est dans l’Écriture. Bacon et Grossetête apparaissent comme les protagonistes d’une théologie strictement seripturaire. La théologie, dit Bacon, a, comme toute faculté, son texte et son activité doit consister, comme celle de toute faculté, à commenter ce texte : la Bible. On peut, en effet, trouver dans le texte sacré l’occasion de poser les questions de tous les traités de la théologie. Celle-ci doit donc être ramenée au texte, duquel ou ne doit pas, comme on le fait depuis cinquante ans, isoler les « questions » ; cf. Opus minus, éd. J.-S. Brewer, Londres, 1859, p. 329-330. Pour cette théologie du texte, Bacon préconisait la connaissance des langues anciennes, grec et hébreu, et celle des sciences ou de la philosophie. Opus tertium, c. xxiv, éd. Brewer, p. 82. L’Écriture, en effet, qui est le trésor de la Révélation et donc le lieu suprême de l’illumination, renferme toute vérité. En elle sont contenues et la théologie et la philosophie, celle-ci n’étant que le contenu ou l’aspect physique de la Révélation, comme celle-là est la vérité ou la dimension mystique des connaissances scientifiques que rassemble la philosophie. D’où il suit que les deux connaissances ne sont pas extérieures l’une à l’autre. La philosophie n’a toute sa vérité que in usu Scripturse, de même que l’Écriture n’a toute son explication que dans la connaissance des sciences dont l’ensemble constitue la philosophie ; d’où le programme réformiste de Bacon. Unité de la sagesse chrétienne (Bacon n’emploie pas ce mot) dont le fondement, comme l’ont souligné R. Carton et Walz, est la théorie de l’illumination.

C’était de bonne tradition augustinienne, selon laquelle les sciences et la philosophie n’ont à entrer dans l’élaboration théologique qu’au titre de propédeutique, pour aiguiser ou former l’esprit, et aussi d’illustration, pour expliquer les symboles bibliques empruntés au monde créé : cf. en ce sens les textes de Jean de la Rochelle, O. F. M., Jean de Saint-Gilles, O. P., dans Hilarin (Felder), Hist. des études, p. 475, n. 4 et 5, et p. 476.

Saint Bonaventure.

L’art. Bonaventure ne parlant pas de la notion bona ciituricnne de la théologie, il faut nous y arrêter quelque peu. Les principaux textes où Bonaventure nous livre cette notion sont : In l" m Sent., proum., éd. Quaracchi, t. i, p. 1-15 (1248) ; Breviloquium, prol., t. v, p. 201-208 (avant 1257) ; llincrarium mentis in Dcum. t. v, p. 295-313 (octobre 1259) ; De reductione artinm ad llicolofiiam. t. v. p. 319-325 (d’après Glorieux. 1268) ; Collât, de donis Spiritus Sancti, surtout coll. iv et viii, t. v, p. 17Il sq. et 493 sq. (1268) ; les Collai, in Hexæmemti, coll. i-m et xix, t. v, p. 329-318 et 120 sq. (1273) ; Scrmo Christus unus omnium magislcr, t. v, p. 567-574. De même que clic/ saint Thomas, on ne remarque pas d’évolution véritable chez saint Bonaventure. Il semble bien, cependant, quc Bonaventure, avec le temps, prit mieux conscience de l’inspiration vraiment propre de sa doctrine.

Pour saint Bonaventure, la théologie est une promotion de la grâce ; elle est a considérer dans la suite des communications que Dieu nous fait de lui-même. Bien que la théologie se situe, pour saint Bonaventure comme pour saint Anselme, tnter /idem ci speciem, peut être la formule bunav cul urienne de la théologie serait-elle moins iule :, quxrens mlellcctum, qui convient encore à saint Thomas, qu’un texte du genre de

In imaginem tranaformamur a claritate m claritatem, tanquam a Domtni Spiritu, Il Cor., iii, 18 : Bonaven I lire ne fait pal de ce texte la des Ise de la

qu’il distingue de la foi. mais il te cite fréquemment ; cf. Opéra, éd. Quaracchi, t. x, p 3