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THÉOLOGIE. PROBLÈMES D’AUJOURD’HUI


Ceux qui étaient formés aux disciplines historiques étaient tentés d’appeler théologie positive la simple enquête historique portant sur les doctrines et les institutions chrétiennes ; c’est ainsi que Mgr Batiffol croyait suffisant de répondre aux objections du P. Laberthonnière : « Nos études, qui sont historiques par leur méthode, sont théologiques par leur objet », dans Questions d’enseignement supérieur, p. 149. C’était donner à la théologie positive un lumen sub quo et donc une méthode d’ordre purement historique et naturel ; aussi appelait-on la nouvelle discipline « théologie historique » ou « théologie patristique », ou « histoire des dogmes », sans bien discerner sous ces divers vocables des genres de connaissance différents.

C’est l’intervention des Pères Lemonnyer et A. Gardeil qui contribua le plus alors à faire discerner les exigences d’un point de vue formellement théologique dans la définition de l’objet et de la méthode de la théologie positive en tant que distincte d’une histoire des dogmes. Parallèlement, le P. Gardeil proposait l’idée d’une « méthode régressive » comme caractéristique de la théologie positive.

Cet effort de réflexion, tant sur le statut de la théologie comme science, que sur les exigences propres d’une théologie positive, est allé de pair, dans la théologie contemporaine, avec une accentuation de la liaison essentielle qui existe entre la théologie et le magistère de l’Église. Cela semble avoir été l’un des bénéfices des discussions récentes, que de mieux faire comprendre l’implication du magistère ecclésiastique dans le travail de la théologie positive. C’est dans ce sens que, déjà chez un Franzelin, De divina Traditione et Scriptura, Rome, 1870, puis dans le travail de ces trente dernières années, la théologie positive a de mieux en mieux pris conscience du caractère ecclésiastique de sa méthode. Voir Mgr Mignot, Préface aux Lettres sur les études ecclésiastiques, Paris, 1.908 ; J.-B. Aubry, Essai sur la méthode des études ecclésiastiques, t. ii, p. 232 sq., 286 sq. ; J. Didiot, Logique surnaturelle subjective, 2e éd., 1894, théor. xxvii, p. 91 sq., théor. xxxv, p. 140 sq., et toute la partie qui traite des lieux théologiques ; Laforêt, Jacquin, Schwalm. Durst, Landgraf, Ranft, Simonin, Draguet, Chariier, ’Wyser, cités plus loin ; M. Schmaus, Katholische Dogmatik, t. i, Munich, 1938, p. 18 sq., etc. Cette accentuation du rapport de la doclrina sacra, en sa fonction positive, au magistère de l’Égiisc, a été renforcée, dans les années 1930 et suivantes, par les étude, concernant la notion de tradition qui ont restitué en cette matière l’ancien sens ecclésiastique, si compris, au début du xixe siècle, par un Monter : le donné de la théologie, c’est la tradition, c’est-à-dire ce que livre à chaque génération la prédication apostolique, et le trésor constitué par cette prédication dans son développement à travers l’espace et le temps.

Mais le trait le plus notable de l’idée actuelle de théologie tient à l’effort fait pour surmonter les dissociations survenues depuis le xve siècle et pour intégrer à l’œuvre théologique les acquisitions des techniques positives. Les deux grandes dissociations sont, d’une part, celle que le nominalisme et la Réforme ont favorisée entre la connaissance humaine et la foi et, d’autre part, celle que la théologie du xviie siècle a crée entre théologie et morale, théologie et mystique ou vie spirituelle. Elles procèdent l’une et l’autre d’une compréhension insuffisante de la vraie nature de la foi. C’est seulement quand on a compris la vraie nature contemplative de la foi, que l’on peut faire d’elle le principe d’un nouveau régime de connaissance à l’intérieur duquel s’inscrit la théologie ; l’on peut intégrer dans la théologie la direction de la vie humaine et l’étude de de la vie spirituelle dans toute l’étendue de son développement ; que l’on peut enfin comprendre la jonction de la fonction positive et de la fonction spéculative de la théologie et fonder, dans les conditions de notre foi, le statut social et ecclésiastique de la positive.

Chez quelques-uns, la tendance à restaurer la liaison de la théologie aux valeurs de la foi et de la vie dans l’Église a tendance à dévier vers une théologie immédiatement et intrinsèquement liée à la vie, inspiratrice de la vie. La tendance a toujours été très forte, en Allemagne, d’unir et presque de fusionner vie et théologie, connaissance et expérience. Elle a repris une vigueur nouvelle, ces dernières années, dans le courant de la Lebenstheologie ou même dans celui qui, en liaison avec le mouvement liturgique, préconise le retour aux Pères et à une forme de théologie qui soit contemplation vécue autant que spéculation intellectuelle ; ce qui se joint à la tendance à concevoir davantage le dépôt de la foi comme immanent à la vie de la communauté chrétienne et le travail théologique comme se référant au Christ et lié à la vita in Christo.

Enfin l’une des tâches de la théologie contemporaine est d’assumer, sans déroger à son unité et aux lois de son travail, les données des sciences auxiliaires et en particulier des techniques documentaires et positives : exégèse, archéologie, épigraphie, histoire des dogmes et des institutions, science des religions, philosophie de la religion, psychologie, etc. Il y a encore beaucoup à faire à cet égard, et les exigences formulées en cette matière au cours de la crise moderniste n’ont pas encore reçu, en ce qu’elles avaient de juste, une satisfaction complète. Cf. Draguet, dans Revue catholique des idées et des faits, 14 février 1936, p. 1617 ; L. Charlier, Essai sur le problème théologique, p. 153 sq.

Sur la question de la qualité scientifique de la théologie.

Chez les protestants.

C..-A. Bernoiiilli, Dlewissenschafiltsche tind die kirchlichr Méthode in der Théologie, l’ribourg-en-B. , 1897 ; sur la polémique qui a suivi, F, Kattenbusch, art. Théologie, dans la Protest. Reulencyklopûdie, t. xxi, 1908, p. 907 sq. ; K.-ll. Hænssler, Die Krisis der theologischen Fakultdt, Zurich, 1929. La réaction dogmatique et confessionnelle inspirée surtout par la « théologie dialectique prend aujourd’hui le contrepied de Bernouilli et d’Overbeck, et allume fortement le caractère essentiellement ecclésiastique de la théologie, laquelle est science de la foi : cf. B. Pfennigsdoi f, Dos I’roblem des theologisehen Denkrns. Einc Einfilhrung in die Fragen, Au/gaben und Methoden der gegemuârtlgen Théologie, Leipzig, 1925 ; K. Barth, Die kirehliche Dogmatik, t. i, l r « partie, Munich, 1932, dont le litre est déjà sig.iilicatif et (pli, dès la p. 1, déclare : Théologie isl eine Fuilktion (tir Kirehe.

Chez les catholiqiues.

G. von I lertling, Dos Prinzip des Kathiilizisinus und die iinssensclio/l. (irundsdtzliche Erôrtcrung ans Anlass einer Tagesfrage, Frtbourg-en-B., 1899 ; abbé Frémont, La religion catholique peut-elle être une science ? Paris, 1899 ; 1°. von Sch.inL, Isl die I heulogie eine Wlsseiucàafl ? Stuttgart et vienne, 1900 ; Chr. Pesch, Dos kirehliche Lehranit und die Frelhcit der Iheologischen Wissenscha /t, Fribourg-en-B., 1900 ; Die Aufgaben der kaiholiachen Dogmatik im : ’<i. lahrhundert, dans Y.eltsch. I. kathul. Theol., 1901, p. 269-28.) ; F.-M. Sclllndler, Die Shilling der Iheologischen Fakultàt im Organtsinus der i niuersltât, Vienne, 1904 ; .1. Douât, Die Frelheil der WUænschaft, Inspruck, 1910 ; s. Weber, Théologie ait (nie IViuensc’tct/f, FHbouig-en-B., r.U2 ; K. Adam. tiluube und Glaubenamiasenschafl im Katho-Uxlsmus, Vorlrage und Au/sdlte, 2° éd., Kottenburg, 1923 ; G. I liifele, Dii ISerechligung ! r Iheologischen FakulUtt im ()rganlsmut der l’nlvenitât, Prlbourg (Suisse), 1932 ; H. Poschm. uin, Der WUxensclialtscharakler der kalhotischen Théologle, Brestau, 1932 ; (>. Rubeau, Introduction a réunie de la théologie, Paris, 1920 ; 1’. Wyser, Théologie ah Wietenschaft, Sulzbourg, 1938.

Sur la liquidation qui se fait des dissociations indûment introduites entre théologie et morale, théologie et mystique, fonction spéculative et fonction positive :

A. Gardeil, l-c donné rénélé il la théologie, l’a is, 1910 ; toute l’d’uwe du P. IL Garrlgou Lugnmge et la revue La pie spirituelle ; K. Kschwciler, Die zwei U, , /, dt r minrin Théologie, Augus-