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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/259

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503 THÉOLOGIE 504

Biaise Ferry (1846-1896) et Biaise-Antoine Ferry (1833-1898). S’abritant derrière saint Thomas et saint Alphonse de Liguori, ea mente, déclaraient-ils modestement, opus aggressi sumus ut nihil 1ère in eo nostrum esset. Ils n’en croyaient pas moins devoir offrir aux étudiants un rejectum opus, dans le double but de mieux se conformer à la doctrine scolastique recommandée par l’encyclique JElerni Palris de Léon XIII et d’orienter plus efficacement les jeunes clercs vers les études supérieures dont la restauration des facultés de théologie catholique faisait naître à la fois le besoin et l’espoir.

Jusque-là pourtant, bien que passablement remanié et largement augmenté, le manuel était toujours censé l’œuvre d’A. Vincent. Le nom de celui-ci ne disparut du frontispice qu’avec la 4e édition (1886), sans que, du reste, ses derniers réviseurs — pas plus que les premiers — aient consenti à y inscrire le leur. Tout au contraire, ils avaient à cœur d’assurer que les modifications introduites dans la forme respectaient l’identité du fond’….In mull is abbreviatumopus, in quibusdam auctum, sed tamen vere integrum et idem. En même temps que de nouvelles retouches, la 5e édition (1889) accusait un progrès matériel appréciable, en ajoutant des références précises à la Patrologie de Migne pour tous les textes anciens. Mais elle se donnait aussi comme le type définitif, qui, de fait, n’a plus varié que sur de minimes détails.

Dans sa lettre d’approbation (8 décembre 1888), Mgr Boyer faisait allusion à la celerrima operis divulgalio et il en donnait pour preuve que son manuel diocésain, reçu de bonne heure in præcipuis Gulliæ seminariis, avait réussi, dans l’intervalle de cinq ans, non seulement à gagner un grand nombre d’autres séminaires parmi nous, niais à pénétrer en Amérique et en Afrique aussi bien qu’en Pologne et en Portugal. Succès que les multiples éditions de l’ouvrage dans les dernières années du xixe siècle et les premières du xxe (9e édit., 1904-1905) allaient prolonger en le confirmant. C’est dire combien la Theologia Clarominlensis est un témoin précieux pour mesurer le niveau moyen de l’enseignement théologique pendant ces deux ou trois générations.

L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saiiit-Sulpicc, t. ii, Paris, 1900, p. 303306 (M. Vincent), 463-465 (M. Dcjardins), 522-524 (M. Thibaut), 527-528 et 532-533 (MM. Ferry).

J. Rivière.


THÉOLOGIE DITE DE LYON, œuvre de l’oratoricn Joseph Valla, manuel publié en 1780 sous les auspices de l’archevêque Antoine de Montazet, voir ici t. x, col. 2370-2373, au service du jansénisme le moins déguisé, avec le gallicanisme et l’anti probabilisme qui en étaient alors l’obligatoire accompagnement. De ce chef, il souleva de vives oppositions et, après avoir connu — principalement hors de la France — un certain succès, finit par être mis à l’Index (1792). Il n’y survécut pas. Un de ses mérites les plus durables était de faire précéder les traités dogmatiques d’un De vera religione assez étendu, à l’instar de l’abrégé de Tournely rédigé par Collet (1751).

A. Degert, Histoire des séminaires français jusqu’à la Révolution, Paris, 1912, t. ii, p. 267-272 et 281-287.

J. Rivière.


THÉOLOGIE DITE DE POITIERS, PUIS DE TOULOUSE, manuel scolaire qui a traversé brillamment le xviiie siècle pour connaître encore, tout le cours du xixe, dans les séminaires sulpiciens en particulier, une fortune assez analogue à celle de la Theologia Claromonlensis.

Il vit le jour à Poitiers (Compendiosæ inslituliones theologicæ, 4 vol. in-12, 1708-1709) par les soins de l’évêque de l’endroit, Claude de La Poype de Vertrieu, qui passe pour y avoir utilisé ses propres cahiers de

Saint-Sulpice, revus par les deux jésuites Latour et Sallon. De bonne heure, il connut assez de rayonnement pour avoir, en quelques années (1717, 1723, 1729, 1731, 1753), plusieurs éditions qui le portèrent bientôt à cinq volumes, puis à six : dans la dernière, il s’était accru notamment d’un bref De religione joint au traité De Ecclesia. Fn 1758, sur l’ordre de M. de La Marthonie de Caussade, second successeur de M. de La Poype, il fut considérablement élargi, surtout pour l’apologétique et la morale, par le sulpicien Louis-Joseph Segretier. Mais, au témoignage de son confrère J.-B. Denans (lettre du 25 juillet 1758). ces additions n’allaient pas sans « un vice bien déshonorant pour Saint-Sulpice », savoir le plagiat ; car « on y a copié servilement et bassement la petite morale de Collet ». Dès lors, « que diront ceux qui s’en apercevront ? Et il est impossible qu’on ne s’en aperçoive pas ». Réimprimé sous cette forme en 1767, 1772 et 1778, il se répandit de plus en plus, au point que, d’après les Nouvelles ecclésiastiques, 1756, p. 68, il aurait pénétré dans la majorité des séminaires français et, peu de temps après, 1763. p. 7, dans la plupart. Ce qui, d’ailleurs, pourrait bien être excessif.

Son inspiration doctrinale était résolument opposée aux jansénistes. Aussi la secte lui voua-t-elle une grande hostilité, qui, outre maints entrefilets des Nouveltes ecclésiastiques, se traduisit par un libelle agressif : Lettre à l’évêque de Blois, 1737, et par un gros livre de l’oratorien Maille : Examen critique de la théologie du séminaire de Poitiers, 1765. Par contre, on y soutenait l’anti-probabilisme le plus vigoureux et le gallicanisme y était à l’ordre du jour, au moins depuis que, dénoncé au chancelier de Pontchartrain comme « combattant de front les saintes libertés de l’Église gallicane », il avait été soumis à la censure d’Ellies du Pin et « purgé par ce célèbre docteur de l’ultramontanisme dont il était infecté ». Nouvelles ecclésiastiques, 1737, p. 24.

Après la Révolution, cet antique manuel gardait encore assez de prestige pour qu’un certain nombre d’évêques aient exprimé à la Compagnie de Saint-Sulpice le désir d’en avoir une réédition corrigée et mise au point. Cette entreprise fut confiée au toulousain Bcnoît-Hippolyte Vieusse (1784-1857), qui s’était déjà fait connaître par un Tractalus de religione, Toulouse, 1816. L’ouvrage garda son ancien titre, nanti seulement de la mention secunda editio, et parut à Toulouse en 1828 (6 vol. in-12), sans nom d’auteur, avec la collaboration de M. Berger, vicaire général du lieu, pour les deux traités de la Justice et des Contrats. Ainsi la Théologie de Toulouse se substituait à la Théologie de Poitiers.

Une trentaine d’années plus tard, l’ouvrage allait une dernière fois changer de mains. M. A. lional, également professeur de dogme au grand séminaire de Toulouse, en achevait, en effet, la 7e édition (1856), qui s’intitulait auctior et correctior et justifiait cette rubrique au moins par certaines modifications dans l’ordonnance des matières. Aidé pour la morale par son confrère Joseph-Justin Malet (1820-1881). il pourvoyait de même à la 8e édition (1862). Mais la 9e (1867), fut son œuvre exclusive et le titre en était changé pour la circonstance en Inslilutiones theologicæ. Enfin la 10e (1869) était ostensiblement revêtue de la signature du dernier auteur, que l’ouvrage a toujours portée depuis. Une dizaine de nouvelles éditions qui se sont succédé jusqu’au début du xxe siècle en attestent la popularité.

L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, Paris, 1900, t. i, p. 413-415 (M. Denans), 470-471 (M. Segrclier), t. H, p. 231236 (M. Vieusse), 404-405 (M. Malet) ; A. Degert, Histoire des séminaires français jusqu’à la Révolution, Paiis, 1912, t. ii, p. 212-214, 237-243 et 283-284.

J. Rivière.