Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

527

THÉOPHILE D’ALEXANDRIE

>28

celle de Br. Krusch, Studien zur christlichrnittelalterl. Chronologie, Leipzig, 1 880, p. 220-226. — 2. Les réponses de Théophile au synode de Rufin (an. 394) sont citées en latin par le diacre Pelage, In dejensione trium capitulorum, édit. R. Devreesse, Studie lesti, t. lvii, Vatican, 1932, p. 9-10 ; cf. P. G., t. cxxxviii, col. 452 CD.

— 3. De son pamphlet contre saint Jean Chrysostome, écrit vers 404, le texte original est complètement perdu. Facundus d’Hermiane, Pro dejensione trium capitulorum, t. VI, c. v, P. L., t.*LXVii, col. 676-678, et le diacre Pelage, op. cit., p. 70, citent quelques passages de la version latine de saint Jérôme. D’après dom Baur, la prétendue lettre cxiii de ce saint, édit. cit., p. 393 sq., serait en réalité le début de cette version (cf. Revue bénédictine, t. xxiii, 1906, p. 430 sq.).

— 4. Décisions canoniques : les collections canoniques byzantines attribuent à Théophile quatorze canons tirés de cinq écrits, édit. J.-B. Pitra, Juris ecclesiastici grœcorum hist. et monum., t. i, Rome, 1864, p. 646649 ; P. G., t. lxv, col. 64 C et 33-45. Un texte inédit sur l’usage du fromage et des œufs en carême n’est pas authentique. — 5. Apophtegmes : texte grec, P. G., t. lxv, col. 197-201 ; traduction latine, P. L., t. lxxiii, col. 771, 801, 858 sq., 861, 872, 957 et 961. Il faut noter que les deux traditions ne coïncident pas exactement. —

6. Les chaînes exégétiques grecques ont conservé quelques fragments de Théophile, extraits, semble-t-il, de lettres et de sermons, édit. M. Richard, Les fragments exégétiques de Théophile d’Alexandrie et de Théophile d’Antioche dans la Revue biblique, 1938, p. 387-397.—

7. Le Tractatus contra Origenem de visione Isaiee, édité par Dom Amelli, Mont-Cassin, 1911, sous le nom de saint Jérôme, semble être la traduction d’un ouvrage grec. Théophile, parmi d’autres, pourrait en être l’auteur ; cf. Fr. Diekamp dans Literar. Rundschau fur d. kathol. Deutschland, t. xxvii, 1901, p. 293 sq.

III. Sa doctrine.

Théophile n’est pas un grand théologien : ses volte-face dans l’affaire origéniste, ses complaisances à l’égard des apollinaristes le prouvent suffisamment. Toutefois il est intéressant comme témoin de l’enseignement doctrinal à Alexandrie au début du ve siècle. Son témoignage est particulièrement précieux en ce qui concerne : 1° la christ ologie ; 2° l’eucharistie.

Christologie.

Les erreurs des apollinaristes et

celles d’Origène ont donné à Théophile l’occasion d’exposer à plusieurs reprises, avec une clarté suffisante, sa pensée sur ce mystère. C’est pour notre salut, pour nous faire participer à la nature divine, que le Verbe vivant de Dieu est venu sur terre, que le Sauveur s’est fait homme. Epist. pasch., 17, § 4-5, Hilberg, p. 187 sq. Sans que sa divinité subisse la moindre offense, il s’est fait entièrement semblable à nous : mirum in modum ccepit esse, quod nos sumus, et non desivit esse, quod fuerat, sic adsumens naturam nostram, ut quod erat ipse non perderet. Ibid., p. 188. L’humanité assumée ne s’est pas changée en divinité, ni la divinité en humanité : OUTE T7)Ç TJfXSTSpaÇ Ô[i.O(.WCT£CùÇ, 7TpOÇ Y]V XSXOl vcovtjxev, stç Œottjtoç cpôcLV jjLETaêaXXojjifvyjç, oote

T7)Ç ŒÔTTJTOÇ aÙTOÙ TpE7rOfJ.Évr)Ç elç T7JV YJfJlETSpaV

ôy.oi(ùaiv. MÉvst yàp ô vjv an àpx’îjç 6s6ç- [jivsi xal ttjv ï)[iûv Iv eau-roi TCapaaxeuâÇajv ûræp^tv. Epist. pasch. 16, § 4, P. G., t. lxv, col. 56 D. Théophile revient souvent sur ces vérités essentielles ; il s’en prend à ceux qui veulent que le Verbe se soit transformé en chair ou en quoi que ce soit d’autre, Epist. pasch., 16, § 5 ; 17, § 4, Hilberg, p. 162 et 182, comme à ceux qui nient la consubstantialité du Père et du Christ à cause de l’incarnation. In myslicam cenam, P. G., t. lxxvii, col. 1028 C. Mais il insiste beaucoup plus encore sur la perfection de la nature assumée : Unde sciendum est quod… perfectam similitudinem nostræ condicionis adsumpseril. nec carnem tantum, nec animam inrationa lem et sine sensu, sed tolum corpus, tolamque animam sibi socians perjectum in se hominem demonstrarit. Epist. pasch., 17, § 8, Hilberg, p. 191. Un long passage de cette même lettre, § 4-8, s’attache à démontrer la présence dans le Christ d’une âme humaine. Cette âme, il ne l’a pas amenée du ciel ; elle a été créée et assumée au moment de l’incarnation : in adsumptione enim hominis et anima eius adsumpta est. Ibid., p. 193. Le Christ nous est donc parfaitement semblable, hormis le péché. P. G., t. lxv, col. 56 B. Pour que rien ne lui manque de cette ressemblance, il a voulu naître d’une femme ; Théophile revient à plusieurs reprises sur la possibilité et la haute convenance de la maternité virginale, par exemple Epist. pasch., 5-6, ibid., col. 60.

Le Christ est donc à la fois Dieu et homme, #fi<pw Tuy^âvcov ©eciç te xal avOpcoTtoç, SoùXoç ôpo)|i.svoç xal xûpioç yvcopiÇôu-Evoç. Ibid., col. 56 C. Seule son humanité se voyait ; mais ses œuvres prouvaient qu’il était Dieu : Ov6p<07roç p.sv çaivôjjLEvoç, wç Tjfieîç, xorïà ttjv toù SoûXou (i.op<pr ; v, Èx 8s tcov spycov à7108sixvù[i.£voç, 8ti TÛv àroxvTcov STjfztoupyôç xal xupioç soti 7TpaTTtov spꝟ. 0eou. Ibid., col. 60 B. Théophile prend encore argument de l’eucharistie pour prouver que le Christ n’est ni un homme seul, àvôptûTioç </ù.6ç, ni Dieu nu, Qsôç yiifvvoç, mais le Dieu Verbe incarné. In mijsticam cenam, P. G., t. lxxvii, col. 1028 sq. Il ne craint pas cependant de l’appeler simplement Dieu, Fils du Dieu vivant, et surtout, à la suite de l’Apôtre (I Cor., ii, 8), Seigneur de gloire : c’est Dieu qui pendait au haut de la croix, Hom. de cruce et latrone, Tischendorf, Anecdota sacra et profana, p. 122 sq. ; c’est le créateur qui, le soir de la cène, lavait les pieds des apôtres. In myslicam cenam, P. G., t. lxxvii, col. 1024 sq. Cette application si franche de la communication des idiomes montre bien la foi de Théophile en l’unité du Christ : il ne veut pas que l’on divise l’union : …{itj StaipoùvTSç elç 8ùo npéaoïTcot. ttjv ôeîav xai àSiâoTracrrov xal 7rp6ç ys toÔtco àcûyxuTov evcùctw [tou evoç] ttjç TravTÎfxoo TpiâSoç, In mysticam cenam, col. 1029 B ; il ne connaît pas deux sauveurs, P. G., t. lxv, col. 56 B.

Il sait cependant distinguer ce qu’il faut distinguer : que l’on ne dise pas que l’âme du Christ et Dieu sont d’une même nature, Epist. pasch., 17, § 14, Hilberg, p. 198 ; ni que cette âme et le Fils sont un comme le Père et le Fils : 7) 8s ^i^/jl xat î ô uîôç ÉTÉpa irpôç ÉTÉpav ècttIv oùcrîa te xal cpùaiç… "O yàp ulôç xal ô 7ya-rr, p

£V, ETCiSy) (i.7) SlâcpOpOl 7TO16t7)TEÇ- T) 8È ^V/Ji xa>l °

uîôç, xal T’Tj cpôcjËi. xal ttj oûcàa ETSpov. P. G., t. lxv, col. 57 B. Aussi ne doit-on pas attribuer à la divinité les souffrances de la chair : Dominus glorise in ipsa passione monstratus est, impassibilis permanens majestate et carne passibilis. Epist. pasch., 19, § 11, Hilberg, p. 224. La faim, la soif, la fatigue ne sont pas le fait de la divinité, mais bien de l’humanité, oùx Ï81a ttjç Gsôttjtoç yjv, àXXà cwfxaTixà yvejpta(i.aTa ; de même la parole du Christ sur la croix : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Cependant c’est au Sauveur qu’on l’attribue avec raison, parce que le Sauveur a fait sienne la faiblesse de son corps : coxeioùto toù ccôjxaToç tt ( v àa6évsiav, [lévcùv Sùvafxiç xal 0091a 0eoû, ôti (it ; àXXou

TIVÔÇ àv0pO)7TOU, àXX’aÙTOÙ TOÙ OCOTTJpOÇ TjV, ÔTCEp ÈX

Maplaç â>xo86ji.T)(T£v ÉauTw awLxa. Hom. in aliiopooôoav, Mansi, t.’x, col. 1092.

Une légère ombre à ce tableau : il semble que Théophile ait partagé l’opinion, courante au ive siècle, qui écartait de l’union hypostatique le corps du Christ pendant son séjour au tombeau ; cf. P. G., t. lxv, col. 65 A. À ce point près, la christologie du patriarche nous apparaît remarquablement juste sinon très évoluée. Elle coïncide presque exactement avec celle de Didyme ; cf. G. Bardy, Didyme l’aveugle, Paris, 1910, p. 110-129. On pourrait la comparer à un sauvageon,