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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/282

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THÉOSOPHIE


liens du corps physique nous donnerait la faculté de nous transporter à n’importe quelle distance et sans le moindre inconvénient pour le corps physique paisiblement endormi sur un lit. Il reste à l’homme un corps posthume, le corps dit « mental », que l’homme revêt le jour où, débarrassé par la mort de son vêtement de chair, il entrera dans le monde « mental ». Ce corps, formé de la substance de cette région de l’univers, serait d’une matière infiniment plus subtile que celle du monde astral et surtout du monde physique. C’est ce corps qui, agissant sur les deux autres, produirait toutes les manifestations de la conscience et de l’intelligence.

Cette doctrine si complexe et si obscure de l’homme et de ses corps était celle de l’ancienne Société théosophique dirigée successivement par Mme Blavatsky et Mme Besant. Elle a été révisée, sans gagner beaucoup en clarté, par Rudolf Steiner, qui a cru pouvoir faire la synthèse de tous ces corps d’origine bouddhique et hindouiste dans un principe individuel le Moi virtuellement triple qui serait « le nœud vital et comme le gond du composé humain ». On ne voit guère le rôle que joue l’âme dans tous ces dédoublements corporels qui ne sauraient infirmer la doctrine chrétienne ou même simplement spiritualiste sur la formelle distinction du corps et de l’âme.

La morale théosophique.

On comprendra mieux

encore l’opposition foncière qui existe entre le christianisme et la théosophie, si l’on transporte leurs enseignements sur le terrain de la morale. « La Société théosophique, nous dit-on, n’a pas de dogmes et ne connaît pas d’hérétiques. Personne n’en est exclu pour ne pas croire à tel ou tel de ses enseignements. On peut même les repousser tous, sauf le principe de la fraternité humaine », principe fondé sur l’unité des êtres. « Faire le mal, c’est verser un poison dans les veines de l’Humanité, c’est commettre un crime contre l’unité. » Cette exclusion de tout dogme — le principe de la « fraternité universelle » mis à part — nous explique l’absence de tout code moral dont se fait gloire la théosophie. Elle se borne à cueillir dans les philnsophies anciennes ou modernes, dans les doctrines bouddhistes plus spécialement, ce qu’elle en appelle « les fleurs les plus parfumées », c’est-à-dire les maximes qui répondent le mieux à ses aspirations. On voit déjà ce qui en principe oppose la morale théosophique à celle qui fut codifiée en dix commandements sur les hauteurs du Sinaï et perfectionnée par la loi évangélique de l’amour. Ht l’on comprend que toute cnumératlon de devoirs soit absente d’une morale qui ne fait pas dépendre ces devoirs de Celui-là seul qui a le droit de les imposer à tous les hommes et le pouvoir d’en sanctionner l’accomplissement.

A défaut de prescriptions divines, deux concepts constituant la doctrine fondamentale de toutes les ions de l’Inde, trouvent une place de tout premier ran » dans la morale théosophique : le Karma et la réincarnation, l’un et l’autre étroitement liés dans la dépend mtinuité de leur action.

1. Le Karma ou la loi de causalité.

Qu’est-ce que le Karma ? Mine Annie Besant répond : Le Karma est une loi naturelle universellement reconnue et appelée en Occident : loi de causalité ou loi d’action ou de réaction. Cette loi nous apprend à connaître les conditions à remplir pour produire ou éviter un effet miné. I’ai te a un passe qui le prépare, un avenir qui le prolonge. Il implique un désli qui l’a Inspiré, uni pensée qui lui a donné forme et un mouvement luquel le terme d’acte est généralement té-I un maillon dans une chaîne sans fin de..ni, .. el d’effets, parce que tout effet devient

que toute i au a i ommem i pai être effet.

La réaction qui s’en suit serait toujours égale et oppo sée à l’action. Telle est, en résumé, la doctrine théosophique du Karma.

Cette loi d’action et de réaction joue bien dans le domaine des phénomènes physiques et cosmiques, mais les sanctions ou réactions qu’elle comporte ne sauraient constituer la base invariable d’une morale individuelle et sociale. Ses effets ici peuvent être contrariés et même annulés par l’intervention du libre arbitre ou, si l’on aime mieux, de deux facteurs psychologiques dont la théosophie ne semble tenir aucun compte : l’intelligence et la volonté humaines. Leur coopération est souvent assez puissante pour détourner et arrêter les conséquences de nos actes. Comment, d’autre part, concilier cette loi aveugle et automatique du Karma dans l’affaire du salut individuel avec la doctrine chrétienne de la grâce, de la rédemption et du pardon ? Les théosophes ne veulent admettre que le principe du salut par l’homme seul, principe excluant, disent-ils, « la substitution d’un individu à un autre » dans le rachat des fautes. Ils osent même présenter l’œuvre sublime de la rédemption non seulement comme « un cauchemar de l’intelligence humaine » mais encore comme « un dogme cruel et idiot, conduisant ceux qui continuent d’y croire au seuil de tous les crimes imaginables » ! The Key to Theosophy, p. 150-151. C’est pourquoi « le sacrifice expiatoire de Jésus ne peut être admis par aucun de ceux qui croient au Karma ». Annie Besant, Karma, p. 15.

Puisque l’homme crée sa destinée et nul autre que lui (id., ibid.), puisque seul il est l’artisan de son salut et que « le Divin n’est accessible à l’homme qu’en lui-même », la prière, la grâce, la rédemption sont exclues de la doctrine théosophique, parce que supplications et secours extérieurs sont inutiles. « Il n’existe pas de Dieu vengeur qui punit ou récompense, il n’y a pas de damnation éternelle. » M. Prozor, Tanna, p. 30 (Éditions de la Tortue, Carros, Alpes-Maritimes).

Quelles sanctions interviendront alors pour récompenser la vertu et punir le crime ? L’expérience démontre chaque jour que les sanctions humaines sont souvent déficientes en cette vie. D’où la nécessité des sanctions ultra-terrestres, fondement de la morale chrétienne. Comment sont-elles remplacées dans la morale théosophique ?

2. La réincarnation.

La théosophie prétend restituer à Dieu sa justice et à l’homme son pouvoir par sa fameuse doctrine de la réincarnation. Lorsqu’il meurt, affirment les théosophes, l’homme ne fait que quitter le vêtement corporel qu’il a revêtu temporairement, pour en prendre un autre et poursuivre ainsi sa carrière, existence après existence, corps après corps, dans un immense cycle de naissances et de morts, jusqu’à ce qu’il ait atteint la perfection. C’est le Karma qui réglemente le nombre de ses vies successives. Après un stade de dissolution plus ou moins long, consécutif à une première mort, l’homme entrerait dans un état nommé le Dévachan, où, suivant le mot de l’Évangile, il récolterait ce qu’il aurait semé, c’est-à-dire subirait les conséquences physiques de ses bonnes et mauvaises actions. Cette métamorphose se produirait par une réincarnation nouvelle dans un état meilleur ou pire que la précédente existence, c’est-à-dire conditionné par la loi du Karma. Si la vie antérieure est lourde de failles In expiées, la réincarnation peut se produire dans une espèce animale, voire même végétale ou minérale. <>n lit dans la bit) cintre intitulée ï’anha. uuvre de Mme Prozor, théoso

phe de marque, qui nous confiai ! en 1925 qu’elle était

la réincarnation du pape.Jules II », la déclaration

qui suit : i Je suis Identifiée a un chêne. Me voici bra

vaut la tempête. À côté un arbre géant est atteint par la foudre. Prise, noirci lamentable, il tombe avec

i. Moi je suis Indemne., . Ce fut pai ma force