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THÉOSOPHIE — THÉRÈSE (SAINTE)

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que fut activé le germe qui, pourri dans le noir humus de la terre, engendra cette entité magni fique. J’en éprouve une joie végétale qui ne ressemble à aucune autre. »

Mme Prozor écrii encore : « Me voici sous terre, au centre d’un bloc de cristal. J’aide à la lente formation de ses lignes de force, à sa croissance, à sa belle et sage organisation intérieure. J’en ai une conscience obscure, massive, un plaisir soutenu et mystérieux. » Tanha, p. 61-63. Ces citations échappent à toute discussion. On ne voit pas d’ailleurs par quels arguments elles pourraient établir leur véracité. Retenons encore cette autre affirmation d’une adhérente à la doctrine de la réincarnation, exprimant en notre présence, la volonté de « devenir goutte d’eau ».

Mais ces incarnations rétrogrades dans des espèces inférieures n’excluent pasle retour dans la vie humaine, où le Karma peut s’alléger du salaire dû aux fautes des existences antérieures et, de progrès en progrès, modeler en lignes toujours plus belles la croissance du germe spirituel et divin que l’homme porte en lui, jusqu’à ce qu’il atteigne enfin la stature de l’homme parfait. C’est alors que, pleinement évolué il s’absorbera, se perdra dans l’essence universelle, c’est-à-dire dans la Nirvana boudhique. Mme Blavatsky, The Key (o Theosophy. Tout ce que nous avons dit du Karma s’applique logiquement à la réincarnation qui exclut le pardon et le salut apportés par la rédemption divine. De l’aveu des dirigeants théosophes, le sacrifice expiatoire de Jésus ne peut être admis par aucun de ceux qui voient la réhabilitation dans les améliorations morales de vies successives et indéfinies.

Telle est dans ses traits essentiels la doctrine de la réincarnation, fondement de toutes les religions de l’Inde, et enseignée par les philosophes grecs tels que Pythagore, Platon, les néo-platoniciens et les gnostiques. Certains théosophes ont voulu voir des allusions à cette croyance dans certains textes évangéliques : Matth., xvi, 13, 14 ; Marc, viii, 27-28 ; Luc.iv, 16-19 ; Joa., ii, 1-15. Ne vont-ils pas, comme la comtesse M. A. de F., dans sa brochure déjà citée, jusqu’à voir dans saint Paul et ses épîtres aux Corinthiens « le plus convaincu et le plus convaincant des théosophes ». Il faut une grande imagination pour trouver dans ces textes une justification quelconque de la réincarnation, que ni le christianisme, ni le judaïsme, ni l’islamisme n’ont jamais comprise dans leurs enseignements. Le mot chrétien de résurrection, tel qu’il est employé dans les évangiles, et qui signifie : « action par le Divin, vie éternelle », a un sens autrement positif et actif que le Nirvana de la sagesse hindoue qui, malgré le sens transcendant que certains théosophes se plaisent à lui donner, aura toujours pour nos oreilles et nos âmes occidentales une couleur négative et passive par sa seule vertu étymologique, en sanscrit : « extinction ».

Nous faut-il ajouter, pour ne laisser dans l’ombre aucun point essentiel, que, en vue de donner une base expérimentale à leurs hypothèses sur la réincarnation, les partisans de cette doctrine ont voulu la justifier par les capacités merveilleuses des enfants prodiges tels que Pascal, Mozart, Hamilton ? Bornons-nous à déclarer que le cas des enfants prodiges reste un des problèmes dont la science n’a pu encore apporter la solution. Constatons, au surplus, que l’objection à l’idée de la réincarnation que nous ne conservons aucun souvenir de ces vies antérieures que nous prête la théosophie garde toute sa force. Elle tient contre toutes les explications fournies par ses adeptes.

Conclusion. — En résumé, nous sommes, avec la théosophie, en présence d’une doctrine panthéiste, exclusive de tout surnaturel et dangereuse par ses pratiques occultes. Il n’est pas étonnant que l’Église ait tenu à mettre en garde les catholiques contre les initiations

en usage dans les loges théosophiques et contre des enseignements incompatibles avec sa propre doctrine.

Dans une audience plénière tenue le 14 juillet 1919, à une époque où, grâce à une active propagande et plus encore grâce à l’ignorance religieuse d’un trop grand nombre de nos contemporains, la théosophie bénéficiait, particulièrement en France, d’un crédit exceptionnel, qui lui venait de l’attrait de ses mystérieuses spéculations et de ses pratiques secrètes, la S. C. du Saint-Office intervint, à l’occasion d’une question qui lui fut proposée en ces termes : « Les doctrines dites actuellement théosophiques sont-elles conciliables avec la foi catholique ? Est-il permis, en conséquence de donner son nom aux sociétés théosophiques, d’assister à leurs réunions, de lire les ouvrages, revues, journaux et écrits théosophiques ? » La réponse fut d’une netteté qui levait tous les doutes : « Non aux deux questions. » Cette décision, approuvée par le pape, fut promulguée le 17 du même mois de juillet et publiée dans les Acla apostoliese Sedis du 1 er août 1919. On voit quelle conduite impose à ce sujet la profession loyale du catholicisme.

Rappelons, avant de clore cette étude, que les

sociétés ou loges théosophiques ont été comprises dans

le décret de dissolution des sociétés secrètes, émané

! du gouvernement que dirigeait le maréchal Pétain

(13 août 1940).

Sans qu’il y eût fusion entre les deux organismes théosophique et maçonnique, leurs principes philosophiques et leurs rites, sinon leurs inscrits politiques, les faisaient converger vers une action commune dont le but plus ou moins occulte était la substitution d’une religion naturelle et purement civique à la religion chrétienne, religion impliquant de ce fait la suppression de tout surnaturel. Ainsi l’avait compris Mme Annie Besant qui fut « l’âme et la voix de la Société théosophique » et n’attendit pas de succéder à la présidence de Mme Blavatsky pour se faire initier à la franc-maçonnerie. La revue La lumière maçonnique (septembre-octobre 1912, p. 473) inséra à ce sujet une photographie avec cette légende : « La S. -. Annie qui est placée au premier rang, au milieu, est la S. Annie Besant 33e. À sa droite est la S. -. Francesca Arundula, 33e, etc. » L’exemple donné par Mme Besant eut de nombreux imitateurs dans le monde théosophique. Un document officiel, en date du 14 octobre 1941, rapporte que, « parmi les 50 000 adhérents actifs environ des diverses obédiences de la franc-maçonnerie, on trouve en général trois catégories », dont la première désignée sous le vocable : les mystiques est formée « des philosophes adonnes à la théosophie, à l’occultisme et au spiritisme », c’est-à-dire à tout ce qui est le propre d’une société secrète. Dix mille d’entre eux, selon certaines estimations, appartiennent à la Société théosophique.

Indépendamment de tous les ouvrages théosophiques, la plupart ouvrages de tond cités dans cette étude, nous pouvons mentionner : d’Annie Besant, La théosophie et son œuvre dans le monde ; Les lois fondamentales de la tliéosopliie ; La réincarnation ; Le Bhagava-Gita ; de H. -P. Blavatski, Doctrine secrète et la Voix du silence ; deA.Sinnelt, Le Bouddhisme ésolérique ; Le développement de l’àme ; du Dr Th. Pascal, Les lois de la Destinée. Pour la réfutation des erreurs théosophiques, voir R. P. Léonce de Giamlmaisun, Le lotus bleu, Paris, 1910 ; du même. Nouvelle théosophie, dans Études du 5 décembre 1914 et du 5 mai 1915 ; art. Théosophie, dans Dictionn. apologétique, t. iv, col. 16."9 ; Eugène Lévy, Mme Annie Besant et la crise de la Société théosophique, Paris, 1919.

J. Brugerette.

THÉRÈSE DE JÉSUS (SAINTE), réformatrice du Carmel et écrivain mystique (1515-1582). — On étudiera
la sainte,
la réformatrice (col 561).
la fondatrice (col. 563) et
l’écrivain mystique (col. 566).