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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/298

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THESSALONICIENS (IIe ÉPITRE AUX)


quelques points que pour rappeler des obligations sur lesquelles les circonstances attirent l’attention des néophytes. Et c’est pourquoi, au début de ces rappels dogmatiques et parénétiques, iv, 1-24, il leur recommande en général la fidélité à la tradition, 1-2. Puis il les exhorte à vivre dans la pureté, 3-8, en s’abstenant de toute impudicité, en sachant « garder leur corps en toute sainteté et respect », en ne lésant aucun des frères en pareille matière. Suivent quelques exhortations relatives à la charité, 9-10, et au travail, 11-12. Puis l’Apôtre traite du sort de ceux qui meurent avant le retour du Christ et qui auront leur place au cortège parousiaque avec les vivants, 13-18. Ceux-ci doivent veiller et se tenir prêts, car l’heure de ce retour est incertaine, v, 1-11.

Ce sont enfin des avis divers, v, 12-28, avis qui concernent les chefs de la communauté, 12-13, les paresseux, 14, la pratique de quelques vertus, charité, joie, prière, action de grâces, 15-18, l’usage des charismes, surtout ne pas mépriser le don de prophétie, 19-22, la prière qui, pour être parfaite, doit atteindre l’être tout entier, 23-24.

Saint Paul termine par les salutations finales ordinaires, 25-28 : il donne des instructions pour la lecture publique de sa lettre qui s’achève sur le souhait du commencement : « La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tousl » faisant au corps de l’épître une inclusio surnaturelle, d’un prix unique.

III. Introduction a la seconde épître.

1° Occasion et but de l’épître. — Les relations devaient être rapides entre les deux grands ports de la mer Egée, Corinthe et Thessalonique. Aussi Paul dut-il bien vite apprendre les effets de sa première lettre, II Thess., m, 11 : elle avait atteint son but principal, qui était de rassurer la jeune chrétienté au sujet des frères défunts. Ce ne fut pas cependant la fin de toutes les préoccupations. Les inquiétudes reparurent bien vite ou, pour mieux dire, ne firent que changer d’aspect. Rassurés au sujet des défunts, les néophytes étaient plus que jamais convaincus de l’imminence de la parousie et cette persuasion, loin de les exciter à la piété et au travail, les troublait et les paralysait au point qu’ils en arrivèrent à vivre dans le désintéressement et l’oisiveté. Pour fortifier leurs dires, ces étranges paresseux avaient recours à des moyens peu avouables. Tantôt s’autorisant des récentes recommandations de respecter les charismes, ils produisaient de prétendus oracles de l’Esprit ; tantôt ils colportaient de prétendues paroles de l’Apôtre ; peut-être même allèrent-ils jusqu’à imaginer des faux qu’ils donnaient comme des messages authentiques de Paul. Il fallait faire taire ces illumine » et couper court à leurs extravagances sous peine de donner au monde païen le scandale retentissant de toute une communauté sombrant dans la misère et se laissant mourir de faim par illuminismc. C’est le but de cette seconde lettre.

Analyse.

L’adres ?e est la même que pour

I Thess. : Paul s’adjoint encore Silvain et Timothéc. I, 1-2. Dans l’action de grâces liminaire, 3-12, l’Apôtre félicite ses néophytes de leurs progrès très marqués dans la fol ut la charité, 3-4 ; leur fermeté dans les eut ions est une preuve rassurante qu’ils seront . dignes du royaume de Dieu pour lequel Ils les endurrnt, 5-10 ; aussi les prières de l’Apôtre montent-elles incessantes vers Dieu, 11-12.

l.es Thessaloniciens souffrent d’un double mal : d’une erreur théorique, la persuasion de la parousie Imminente, el d’une erreur pratique qui en découle, b di intéressement des affaires temporelles et du travail. Paul va droit à l’erreur théorique. Tout en maint ses premières positions relatives.i la parousie, il garantit qu’elle n’est pas imminente. ii, 1-12. Pour imprévu et soudain que doive être le jour du Seigneur,

il sera précédé de signes certains et caractéristiques dont les principaux seront une apostasie religieuse, 3, et l’apparition d’un adversaire, suppôt de Satan, 4-12. En leur absence, on peut encore se promettre, et peut-être indéfiniment, une existence normale.

Dès lors, les conclusions s’imposent, et c’est le redressement de l’erreur pratique, ii, 12-m, 16 : exhortation à la persévérance, ii, 13-15 ; prière, ii, 16-17, et demande de prières, iii, 1-5. Et voici les recommandations importantes, iii, 6-16 : que chacun reprenne son travail comme s’il devait compter sur un avenir assuré. Guerre surtout à ces oisifs, prédicateurs d’oisiveté et semeurs de panique ; s’ils ne consentent pas à travailler, qu’ils ne mangent pas non plus, 11-12. En terminant, Paul s’adresse à la partie saine de la communauté qu’il conjure de ne pas se fatiguer de faire le bien, 13-14, d’user de compassion pour ces pauvres illuminés, qui ne sont pas des ennemis, niais des frères, 15.

Le salut final, iii, 1 7, est de la main de Paul. Pour prévenir toute nouvelle tentative de fraude littéraire, il apposera désormais de sa propre main, au bas de ses lettres, quelques ligues qui témoigneront de l’authenticité de l’écrit. C’est la phrase qui terminait sa première lettre : « La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tousl »

3° Cette deuxième épître ne serait-elle pas antérieure à la première ? — Plusieurs auteurs croient devoir placer II Thess. avant I Thess. : Grotius, Renan, Baur, Ewald, Hadorn, West ; pour leursobjections.cf. Drach, Les Épîtres de saint Paul, p. 544-545 ; Dict. de la Bible, t. v, col. 2185-2186. Mais il est aisé de prouver la légitimité de l’ordre traditionnel : les vertus des Thessaloniciens dont témoigne la deuxième épître, i, 3, marquent un progrès sur la première qui nous fait assister à l’établissement de la chrétienté, i, 3-5 ; il en est de même pour l’oisiveté parousiaque qui a été recrutant toujours de nouveaux adeptes. Les préoccupations cschatologiqucs suivent également une progression croissante : dans la première lettre, iv, 10 sq., Paul parlait du retour du Christ par rapport aux défunts ; dans la seconde, il blâme les fausses interprétations auxquelles a donné lieu son enseignement, ses néophytes se préoccupant surtout de l’imminence du jour du Seigneur. Enfin, si l’on considère les marques d’affection prodiguées au cours de ces deux messages, on trouve naturel que l’Apôtre répande toute sa tendresse dans une première lettre, I Thess., i-m ; mais l’on comprend aussi que cette affection s’extériorise moins dans un second écrit, puisque le premier avait déjà dit ce qu’il y avait à dire.

4° Lieu et date de composition. - Nous ne faisons que mentionner, sans nous y arrêter, les indications de quelques manuscrits grecs ou de quelques auteurs anciens qui assignent comme lieu de rédaction de cette épître soit Athènes (A, B, L, P…), soit Antioche de Pisidie, soit Rome (Eulhalius, Œcumenius). ("rite deuxième épître est probablement partie de Corinthe, car c’est là seulement que Paul se trouve avec ses deux cosignataires, Silas et Timolhée. La situation de Corinlhc, qui entretenait avec Thessalonique des relations commerciales très actives, explique encore que l’Apôtre ait pu recevoir de si fréquentes nouvelles de sa jeune chrétienté. Enfin on n’oubliera pas que cette deuxième lettre est le prolongement naturel de la première, qu’elle suppose les mêmes dispositions et les mêmes besoins, autant d’indices établissant que les deux lettres se sont suivies à quelques mois d’intervalle. L’inscription de Delphes, publiée par M. BoUI guet, nous ayant déjà permis de dater la première épître de la fin de 50 ou du début de M. nous mettrions celle-ci vers la fin de 51 ou le débul de 52. les destina tairas sont évidemment lis mêmes ThessalonicienSi