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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/322

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THOMAS D’AQUIN. VIE


et politique du pape pour cette cause du royaume de Naples était assurée. Une première enquête sur la vie et sur les miracles se fit par une commission cardinalice. Le 18 septembre 1318 fut nommée une commission d’enquête à Naples où, le 21 juillet 1319, se constituait le tribunal qui, dans les jours suivants, examinait quarante-deux témoins choisis parmi des dominicains et des cisterciens, des clercs et des laïcs. Le procès-verbal fut porté à Avignon sur un ordre du pape, transmis aux juges par Guillaume de Tocco ; une enquête supplémentaire eut lieu d’ailleurs à Fossanova, au mois de novembre 1321.

Pour ce qui concernait la doctrine du maître d’Aquin, les Concordantiæ diciorum fralris Thomæ, par Benoît d’Assignano, ont pu servir. Après les discussions et examens des témoignages contenus dans les procès, Jean XXII tint un consistoire le 14 juillet 1323, dans lequel l’ordre dominicain, divers prélats et le roi Robert de Naples présentèrent les dernières suppliques en vue de la canonisation. Elle fut célébrée solennellement le 18 juillet 1323 en présence du roi et de la reine de Naples, d’une foule d’ecclésiastiques et de réguliers, de nobles parmi lesquels Thomas de San Severino, neveu de saint Thomas, et des fidèles de toute condition.

La fête du saint fut fixée au 7 mars, des indulgences accordées à sa célébration ; par ordre d’Urbain V, le corps fut transféré en 1368 à Toulouse, où il repose à Saint-Sernin depuis 1309. Le 14 mai 1324 l’évêquc de Paris, Etienne de Bourret, annula la condamnation des articles proscrits par son prédécesseur en 1277, en tant qu’ils touchaient ou paraissaient toucher la doctrine de saint Thomas. Les peintres faisaient des portraits du saint Docteur, ou le représentaient dans leurs trionfi en des couvents, comme à Pise (Traini), à Florence (Bonaiuto) et ailleurs.

Saint Thomas, qui depuis 1317 fut salué comme Docteur commun, fut de plus en plus appelé, à partir du xve siècle, Docteur angêlique. Saint Pie V, le Il avril 1567, le proclama docteur de l’Église. Léon XIII, le 4 août 1879, dans l’encyclique JEterni Palris, fit le plus grand éloge de sa doctrine ; le 4 août 1880, il le constitua patron des écoles catholiques. Des attestations significatives de son prestige incomparable dans l’figlise se trouvent dans les canons 589 et 1300 du Code de droit canonique, dans l’encyclique Studiorum ducem de Pie XI du 29 juin 1923 et dans la Constitution apostolique sur les études ecclésiastiques Deus scientiarum Dominus du 24 mai 1931, art. 29.

[. Sources. - Les principales sources pour la vie do saiiil Thomas SOllI lis suivantes : 1° Décisions et nominations des chapitres de l’ordre des frères prêcheurs, éd. Reichert, dans Monumenta O. P. hist., Rome, 1898, t. iii, et de li province romaine, éd. Kâppeli, dans Monumt nta ordlni » prtedicalorum, t. xx, 1941. 2° Ordres pontificaux, statuts et actes universitaires, dans Denlfle-Châtelain, Charlularium Univ. Paris., t. i, Paris, 1889. ; >" Vilæ Fralrum, par Gérard de Frachet, <>. I’., vers 1260, témoignage de grande valeur, éd. Keichcrt, dans Mon. O. P. Iiist., t. I, 1896, p. 201 ; cf. p. 359. - 4° Thomas de Can tlmpré, o. 1’., Bonum universale, entre 1201 et 1203, Econfus, éd. Douai, 1597, La Haye, 1902. 5°Ptol te

de I. niques, (). |>., dans son llisluria eCClesiastica, écrite de

1312 a 1317, éd. Muratorl, Script. rer. (fol., t. i, 1727, col. 1151-1173, et éd. Taurisano, dans S. I ommasod’Aquino, Mlscellanea storico-artislica, Rome, 1924, p. 183-1 85. — 6° Guillaume de Tocco, O. P., Vita (éd. Fonte », cf. infra).

Il est bien informé, mais il donne au récltt historique ! un

stsie d< légende et embrouille les informations au lieu de Un raconter simplement. 7° Le proeè » d’information de 1319 a Naples en vue de la canonisation avec les témoignages importants de l’abbé Nicolas de Fossanova (n. 8. M Fontes), de Pierre de Montetangtovannl (n. (9), « le Guillaume de Tocco (n. 58), de Barthélémy de Capoue m 76 iq.) i proo supplémentaire de 13 inova

(éd. Fonte » ), 8 UemardGuidonis, O.P., historien i

Vita, entre 1319-1321 (éd. Fontes). — 9° Pierre Calo, O. P., compilateur, Vita, dans son Lcijendarium, entre 1313-1332 (éd. Fontes). — 10° Bulle de canonisation par Jean XXII du 18 juillet 1323 (éd. Fontes).

Après les matériaux publiés par les bollandistes dans les Acta sanctorum martii, t. i, p. 653-746, Paris-Rome, 1865, le P. Dominique Priimmer, inspiré par le P. Denifle, a entrepris une édition critique des sources biographiques du Docteur angêlique, donnée d’abord dans l’appendice de la Revue lliomiste et puis séparément dans des fascicules intitulés Fontes vitx S. Thomæ Aquinatis, Toulouse, 1912-1928. Il reproduit les vies par Pierre Calo (F’onles, p. 17-55), Guillaume de Tocco (ibid., p. 65-160), Bernard Guidonis (ibid., p. 168-259, 263). Par erreur, a Calo, publié pour la première fois, on a attribué trop de crédit. Après la mort du P. Priimmer, le P. M. -Hyacinthe Laurent a fait suivre en 1934 et 1937 trois fascicules des Fontes, contenant le procès de Naples (p. 265-407), de Fossanova (p. 409-510), des récits sur la canonisation et la bulle de canonisation (p. 511-532) et des documents au nombre de 59 (p. 532-677).

La valeur des sources a été examinée spécialement par le P. Mandonnet au cours de ses nombreuses études sur saint Thomas (voir plus loin), par François Pelster, Die àltcren Biographien des hl. Thomas v. Aquin, dans Zeitschrifl j. kath. Théologie, t. xlii, 1920, p. 242-274, 336-397 ; le même, Kritische Sludien zum Leben und zu den Schriften Alberts des Grossen, Fribourg-en-B., 1920, p. 68-79 ; le même. La giovinezza di S. Tommaso, l, a famiijlia di S. Tommaso, I parenli prossimi di S. Tommaso, studio critico suite fonti, dans Civillà Cattolica, 1923, t. i, p. 385-400 ; t. ii, p. 401410 ; t. iii, p. 299-303 ; par E. Janssens, Les premiers historiens de la vie de saint Thomas d’Aquin, dans Revue néoseolastique de philosophie, t. xxvi, 1925, p. 201-214, 325352, 452-476 ; par P. Castagnoli, Regesta thomistica, dans Divus Thomas (Plaisance), t. xxx, 1927, n. 4, 1928, n. 1, 1929, n. 1, 4, 5.

Bibliographie des sources dans Mandonnet-Dcslrez, Bibliographie thomiste, LeSaulchoir, 1921, n. 1-16 ; Bulletin thomiste, Bellevue-Paris, 1924-1939.

II. ÉTUDES CRITIQUES SUR LA BIOGRAPHIE. — J. Ecllard,

dans les Scriplorcs O. P., Paris, 1719, t. i, p. 271-354, 662 ; Gianfrancesco Bernardo de Bubeis (Bossi), De gestis et scriptis ac doctrina s. Thomæ Aquinatis dissertationes critiew et apologcticse, Venise, 1750, reproduites dans l’édition léonine, Borne, 1882, t. J, p. xiv-ccxi.vi ; F. Scandone, La vita, la famiglia et la patria di S. Tommaso, dans.S. Tommaso d’Aquino, Mise, storico-artistica, Rome, 1924, p. 1-110 ; D. Prtimnier, De chronologia vilæ S. Thomss Aquinatis, dans Xenia thomistica, Rome, i. iii, 1925, j). 1-8 ; P. Mandonnet, Date de naissance de S. Thomas d’Aquin, dans Revue thomiste, t. xxii, 1914, p. 652-679 ; Thomas d’Aquin novice prêcheur (1844-1246), ibid., 1921-1925 et t Iré a part ; Thomas d’Aquin lecteur à la Carie romaine, dans Xenia thomistica, t. [Il, p. 9-40 ; F. Pelster (cf. ci-dessus) ; Castagnoli (cf. ci-dessus) ; Torraca-Monti, La Sloria delta Université di Napoli, Naples. 1921, passim ; H.-Ch. Sohccben, Albert (1er Grosse, Zur Chronologie seines Lebens, Vcchla-Lipse, 1931, passim ; V. I lirsi henauer. Die Stellung des ht. Thomas v. Aquin im Mendikanlenstreil an drr Universitdt Paris, St. Ottilien, 1931 ; M. C.rabmann, Die personlichen Rezii hungen des lit. Thomas v. Aquin, dans Hist. Jahrbueh, t. i.vn. 1937, p. 305-322 ; D.-T. Lcccisoiti, /( Dottore Angelico a Montecassino, dans Riv. di filos. neo-scol.,

t. XXXII, 1910, j). 519-517 ; A. Walz, De Aquinatis c vita discessu, dans.Venin thomistica, t. tu, p. 41-55.

On consultera en outre :.M. Grahmann, Mitli lallt rliches

Geislesteben, i. ii, Munich, 1936, p. 103-137 ; le même,

Thomas von Aquin, 6° éd., Munich, 1936, traduit en sepl langues ; P. Glorieux, Répertoire des maître » en théologie de

Paris au xiip siéclcA.x, Paris, 1933, p. 85-ioi ; Mandonnet, Siger de Brabant et l’averrolstne latin « n SUD siècle, 2° éd., 2 vol., Louvaln, 1908-1911 ; F. van Steenbcrghen, Le »

ouvris et l<i doctrine’le Siger de Hrabant. Bruxelles, 1938 ;

Grabmann, Siger von Brabant und Dante, dans Deutsche » Dante-Jahrbuch, i. i, p. 109-130. trad. Ital. dans Riv. di

fllot. neO-SCOl., t. KXXII, 19 10, p. 123-137 ; le même. (, .

schlchlederkath. Théologie, Fribourg-en-B., 1933 (trad, ital..

2’éd.. Milan, 1939 ; trad. espngn., Madrid. 1940), /lassii/i :

Cayré, Cordovanl, (oison, Manser, Masnovo, II. Meyer,

Pègues, Rolfes, Sert illanges, Szabo, i » < Wulf, i oberweg Geyer, dans leurs exposés des doctrines de saint Thomas.

Pour le culte ei la gloire posthume : Mandonnet, I. ;

canonisation île saint Thomas d’Aquin, dans Mélange » tho-