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TATIEN


entre ces deux extrêmes : le Discours est une œuvre catholique, en dépit des exagérations dont il est rempli ; mais la manière dont il parle de Justin se comprend mieux si le maître est déjà mort depuis quelque temps. On peut, semble-t-il, s’arrêter à une date voisine de 168-170.

2° Sur la perfection d’après le Sauveur. Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 13, qui signale ce livre, nous apprend qu’il contenait une condamnation absolue du mariage et il s’attache à réfuter cette thèse. L’ouvrage est d’ailleurs perdu.

3° Sur les animaux, ou Sur les êtres vivants, Ilepl Ç<fKov, mentionné dans Orat., xv.

4° Sur la nature des démons : cet ouvrage est indiqué par Oral., xvi, comme étant en projet.

5° Contre ceux qui ont traité des choses de Dieu, Oral., xl ; c’est-à-dire, semble-t-il, contre les théologiens païens.

6° Livre des Problèmes, cité par Rhodon, Eusèbe, Hist. eccles., V, xiii, 8. Tatien y étudiait certaines difficultés tirées des Livres saints.

7° Le Dialessaron, Stà Teoaâpwv eùaYY^iov, est une harmonie évangélique, c’est-à-dire un récit où les textes des quatre évangiles, grâce à un entrelacement ingénieux, sont présentés dans une trame continue. Le titre peut se traduire : 1’(ouvrage) à travers quatre évangiles, ou, plus probablement, la quarte ou l’accord, dans le langage de la musique ancienne. Cet ouvrage semble bien avoir été d’abord rédigé en grec, mais très vite il fut traduit en syriaque, peut-être par son auteur et c’est dans le monde syriaque qu’il rencontra le plus grand nombre de lecteurs, au point d’être adopté officiellement par l’Église à la place des textes séparés des évangiles.

De tous ces écrits, nous ne possédons aujourd’hui que le Discours aux Grecs conservé par le manuscrit d’Aréthas et le Dialessaron.

IL Le Diatessaron. — Il convient de donner quelques détails précis sur l’harmonie évangélique de Tatien.

1° Le texte original grec est perdu, à l’exception d’un court fragment découvert dans les fouilles de Doura-I Uropos. Cf. M. J. Lagrange, Introduction au Nouveau Testament. La critique textuelle, Paris, 1936, p. 627-<>33. Si bref soit-il, ce fragment est des plus importants pour l’historien parce qu’il permet d’affirmer avec certitude que Tatien a bien rédigé son harmonie en grec.

2° Une version arabe du xie siècle est contenue dans deux mss du xiie -xiii c siècle. Mais cette version repose sur un texte syriaque conforme à la Peschitlo, c’est-à-dire a une traduction de beaucoup postérieure à Tatien. Elle permet de connaître le plan de l’oeuvre et la méthode de l’auteur, mais non pas de retrouver le texte primitif. Elle a été éditée par A. Ciasca, Home, 1888 et 1934, avec une traduction latine et plus récemment par A. S. Mamardji, Le Dialessaron de Tatien, texte arabe et traduction française, Beyrouth, 1935 ; Cf. lUrherches de science religieuse, 1937, p. 91-97. Une traduction allemande est due à Prcuschen-Polt, Heidelberg, 1926.

3° Un commentaire de saint Êphrem, conserve seulement dans une traduction arménienne qui comporte omissions. Ce commentaire a été édité par les méchitaristes de Venise en 1836 ; la traduction latine Evangelii concordantis expos itio a pour auteurs i B Vu’’'. Mm inger, Venise, 1876. Cf. P.-E. balian, Le Dialessaron de Tatien et la première traduction drs Évangiles arméniens, Vienne, 1937. Le Commentaire suit de près le texte « ’; ni uclii[iu ; niais

i vêlement arménien, où il nous est parvenu, il est bien difficile de retrouve ! les détails de l’original.

I Nous sommes plus heureux lorsque nous avons affaire a des citations textuelle* faites par des écrivains

syriaques : Aphraate, saint Éphrem, le Livre des degrés, Isho’dad de Merv, Denys Bar-Salibi, etc. Ces citations devraient être groupées et étudiées ensemble.

5° Un Dialessaron latin, conservé surtout dans le codex Fuldensis : ce manuscrit fut écrit entre 541 et 546, sur l’ordre de Victor de Capoue, et l’harmonie évangélique qu’il contient semble avoir été traduite du grec. Son texte se rapproche du type Vulgate, mais on y retrouve bien des leçons de la vieille version latine. Édition Ranke, Marbourg, 1868.

6° Une harmonie en langue flamande, qui remonte peut-être à un texte vieux-latin. M.-D. Plooij, C.-A. Philips, A.-J. Barnouw, The Liege-Dialessaron, edited with a lexlual apparatus and english translation, Amsterdam, 1929-1935. Les critiques ne sont pas d’accord sur l’origine et sur la valeur de l’harmonie flamande et il n’est pas du tout certain qu’elle représente, comme on l’a prétendu, une revision de l’œuvre de Tatien. Il a certainement existé des harmonies différentes de la sienne et il serait injuste de prononcer son nom à tout propos. Cf. V. Tedesco, A. Vaccari, M. Vattasso, // diatessaron in volgare italiano, testi inédite dei secoli xm-xiv, Città del Vaticano, 1938.

Tous ces documents n’ont pas encore été confrontés dans une édition critique. La meilleure édition, celle de Th. Zahn, Tatians Diatessaron, Erlangen, 1881, est vieillie et fort incomplète. Il serait urgent de reprendre la besogne à pied d’œuvre.

En dépit des difficultés de la tâche, les critiques ont pourtant étudié le Diatessaron avec la plus grande attention, car il représente, dans la mesure où nous pouvons l’atteindre, un texte très ancien des évangiles, antérieur à tous nos grands manuscrits. D’autre part, le Dialessaron semble avoir joui, pendant longtemps, d’un grand crédit. Nous avons déjà rappelé que, dans les Églises du monde syriaque, son autorité s’imposa au point de l’emporter sur celle des i vangiles séparés : jusqu’au v° siècle, on employa l’harmonie de Tatien d’une manière officielle. Il n’en tut pas de même sans doute dans les Églises de langue grecque ou de langue latine. Mais on a remarqué qu’il existe de nombreux points de contact entre le Dialessaron d’une part, les vieilles versions latines et certains manuscrits grecs d’autre part.

Le problème qui se pose est celui de l’explication de ces ressemblances. Tatien a-t-il eu devant les yeux un texte des évangiles qui a été également celui dont se sont servis les premiers traducteurs latins ? Ou bien, au contraire, ceux-ci ont-ils utilisé le texte de Tatien ? La première version latine des évangiles aurait-elle été une traduction du Diatessaron et aurait-elle ensuite exercé son action sur les traductions des évangiles séparés ? Comment se fait-il que bien des levons du Dialessaron syriaque se retrouvent dans les i vangiles vieux latins et figurent également dans une série de manuscrits grecs ?

Selon von Soden, le Diatessaron serait la source unique de toutes les transformations importantes opérées dans le texte évangélique. Dans celle hypothèse, il faudrait faire une guerre sans merci aux tatianismes - pour retrouver, avec quelques chances de succès, le texte primitif. Mais la i héorie (le von Soden n’a pas été acceptée et Vogels, qui a spécialement étudié Ta

lieu. |iense simplement que les leçons particulières du texte soi disant syro lai in sont de, I al ianisines. Cꝟ. 11. .1. ogels, Die allsyrtschen Evangelien m ihrem Verhâltnis zu Tatian’s Diatessaron, 1911 ; Beitrâge itir Ge SChichtedeS Dialessaron im Abrnlniul. 1919. (.elle allir malion paraît encore trop absolue, car les variantes

conformantes apparaissent avant Tatien, dans Mar eion ou dans [’Evangile de Pierre par exemple et on

l louve également Chez des auteurs qui ne sont