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TARTARET (PIERRE) — TATIEN


mulas Pétri Hispani, en 7 traités, sans lieu, ni date ; et aussi en 1501, 1503, 1509 (cette édit. à Paris), 1514 (Bâle). — Les Opéra plulosophica ont été réunis, Venise, 1614, 1621, 1623. Comme logicien, Tartaret a fait autorité. Quand il fonda l’université de Wittenberg, l’électeur Frédéric III de Saxe voulut que les commentaires de notre auteur sur Aristote et Pierre d’Espagne y fussent utilisés comme livres classiques.

Wadding, Scriptores O. M. ; Sbaralea, Supplementum ad Scriptores O. M. ; Kirchenlexikon, t. xi, col. 1227 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. ii, col. 995 ; Buchberger, Lexikon fur Théologie, t. ix.

É. Amann.
    1. TASSIN René-Prosper##


TASSIN René-Prosper, mauriste (1697-1777).

— Né à Lonlay, dans l’actuel département de l’Orne, le 17 novembre 1697, René Tassin embrassa la vie monastique à l’abbaye de Jumièges, où il fit profession le 3 août 1718. Au noviciat, il se lia d’une étroite amitié avec dom Charles-François Toustain dont il devint le collaborateur fidèle et constant. Après avoir travaillé d’abord à l’édition de Théodore Studite, dom Tassin et dom Toustain publièrent de nombreux ouvrages dont on trouvera les titres et l’analyse succinte dans l’Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, que dom Tassin lui-même a écrite ; parmi ces ouvrages, il convient de citer le Nouveau traité de diplomatique, justement célèbre et dont l’intérêt n’a pas tant vieilli qu’on pourrait le croire. Un travail de dom Tassin et de dom Toustain, longtemps demeuré manuscrit, l’Histoire de l’abbaïe de Saint-Vandrille depuis l’an 1604 jusqu’en 1734, a été récemment édité par dom Laporte, Saint-Wandrille, 1936, in-4°. Dom Tassin intéresse l’histoire de la théologie par sa Lettre d’un appelant aux religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, qui ont donné des marques publiques de leur opposition à la bulle Unigenitus, 1733, in-4°. On a aussi de lui une dissertation latine sur les hymnographes des grecs. Il mourut au monastère des Blancs-Manteaux, à Paris, le 10 septembre 1777.

Matricule de la congrégation de Saint-Maur, ms. de la bibliothèque de l’abbaye Sainte-Marie de Paris ; Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, Bruxelles-Paris, 1770, p. 704-721, passim ; Berlière-Dubourg, Nouveau supplément à l’histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, t. ii, Maredsous-Gembloux, 1931, p. 228-231 ; Ulysse Bobert, Documents inédits concernant la congrégation de Saint-Maur, Paris, 1875, p. 56 ; Hauréau, Histoire littéraire du Maine, t. x, p. 82-88 ; dom Paul Denis, Les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur de l’ancien diocèse de Séez, Alençon, 1912, p. 35-36 ; Kirchenlexikon, t. xi, 1899, col. 1229-1231 ; Feller, Biographie universelle, t. vii, 1850, p. 87 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xliv, 1866, col. 900-901 ; et la bibliographie donnée par Berlière-Dubourg, op. cit., p. 231.

J. Mercier.

    1. TASSOIMI Alexandre-Marie##


TASSOIMI Alexandre-Marie, auditeur de Rote, né à Collalto, en Sabine, le 24 octobre 1749, mort le 31 mai 1818. On a de lui : La religione dimostratae difesa, Rome, 1800-1805, 3 vol. in-8° ; nombreuses éditions postérieures ; traduction française, Valence, 1838, in-4°.

Biondi, Vita di A.-M. Tassoni, Pise, 1822, in-8° ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 630 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxiv, 1865, col. 923-924.

J. Mercier.

    1. TATIEN##


TATIEN, apologiste du iie siècle. I. Vie et œuvres. II. Le Diatessaron (col. 61). III. La doctrine (col. 63). IV. Son hérésie (col. 65).

I. Vie et œuvres. — Tatien naquit en Assyrie, c’est-à-dire vraisemblablement dans la Syrie Euphratésienne, aux environs de l’an 120. Il reçut dans son enfance et sa jeunesse une éducation grecque assez soignée. Il étudia les sciences encyclopédiques, comme

on le faisait alors ; il s’intéressa surtout aux philosophes, sans approfondir d’ailleurs leurs doctrines ; puis, pendant un temps, il exerça, paraît-il, la profession de sophiste, de colporteur de discours, allant de ville en ville pour y faire admirer son talent. Il était alors païen, mais les problèmes religieux l’intéressaient assez pour qu’il se fît initier à plusieurs mystères, dans l’espoir d’y découvrir la vérité. Il eut, on ne sait quand, l’occasion de lire les livres saints des Juifs et des chrétiens et il admira fort la sagesse qu’il y découvrit.

Ce fut à Rome, à ce qu’on peut croire, qu’il se convertit au christianisme. En tout cas, il y rencontra saint Justin, qui y tenait alors école et l’apologiste exerça sur lui une influence profonde. Chaque lois qu’il parle de lui, il le cite avec une admiration émue et reconnaissante. Aussi longtemps que vécut Justin, Tatien demeura son disciple : comme lui, il fut en butte aux dénonciations de Crescens, Orat., xix. Mais, après le martyre de saint Justin, il fut, selon l’expression de saint Irénée, exalté et enflé par la réputation de son maître ; il se crut alors supérieur aux autres, fonda une espèce de didascalée et finit par abandonner l’Église, Cont. hær., i, xxviii, 1.

Il ne paraît pas d’ailleurs que la défection de Tatien ait immédiatement suivi la mort de saint Justin : le maître rendit son témoignage entre 163 et 167 ; la Chronique d’Eusèbe rapporte la chute de Tatien à la douzième année de Marc-Aurèle, c’est-à-dire à l’année 172-173. Entre temps, Tatien tint école à Rome et, comme l’avait fait Justin, il y enseigna le christianisme à ceux qui voulaient bien venir l’écouter. De ses auditeurs, le plus connu est Rhodon, dont Eusèbe, Hist. eccles., V, xiii, nous fait connaître l’activité théologique et les polémiques contre Marcion.

Tombé dans l’hérésie, Tatien quitta Rome pour retourner en Orient. Nous ignorons pendant combien de temps il y vécut encore ; mais il dut y exercer son activité d’une manière assez prolongée, car son hérésie se répandit largement et son influence demeura très forte longtemps après sa mort, dont la date est inconnue.

Tatien écrivit de nombreux ouvrages, dont les titres ne sont pas rapportés par Eusèbe, à l’exception du premier :

1° Discours aux Grecs, Aôyoç Trpôç "EaXt)vo « ;, le plus beau et le plus utile de ses livres, au témoignage d’Eusèbe. Hist. eccles., IV, xxix. C’est une apologie du christianisme, bien différente d’ailleurs par son esprit et son allure générale de celles de saint Justin. Tatien est un combattant, qui ne trouve rien de bon dans la culture gréco-romaine et qui accable de ses railleries la philosophie tout autant que les religions païennes : l’art des Grecs est immoral, leur littérature est puérile, leur philosophie mensongère, leur langue même laisse à désirer, car elle n’est ni pure, ni uniforme. Il démontre, de son mieux, la supériorité des chrétiens sur les païens, tant au point de vue doctrinal qu’au point de vue chronologique : la doctrine chrétienne est plus belle et plus exacte que tous les enseignements des philosophes ; elle est aussi plus ancienne et les livres de Moïse en particulier sont bien antérieurs à ceux des païens. On note, en particulier, le catalogue des statues que Tatien a rencontrées à Rome. Orat., xxxmxxxiv : l’auteur tire argument de ces statues pour prouver l’immoralité foncière du paganisme ; nous nous intéressons davantage à la liste, qui est curieuse en elle-même. La date du Discours est controversée tandis que Harnack suppose l’ouvrage composé à Rome du vivant de Justin et y voit en quelque sorte l’hommage rendu par Tatien au christianisme tout de suite après sa conversion, Kukula regarde le Discours comme la leçon d’ouverture du didascalée hérétique de Tatien après son retour en Orient. La vérité doit être