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TIMOTHÉE Ie’. ÉCRITS


Ainsi munie d’un épiscopat de choix, l’Église nestorienne pouvait s’étendre au loin. Timothée n’avait pas à créer les missions de Chine et de l’Inde, mais il eut soin d’y affecter, en plus des prélats nécessaires au fonctionnement normal des communautés, un certain nombre de moines, chargés de la propagation de la foi chrétienne parmi les païens. Ces zélés missionnaires avaient vraiment l’esprit des apôtres : « Beaucoup de moines, écrit le catholicos, passent la mer pour aller aux Indes et en Chine, n’ayant pour tout bagage qu’un bâton et leur besace. » Lettre xiii, p. 107, trad., p. 70. Mais sans aller si loin, il y avait tant de peuples à convertir ! C’est bien à Timothée, semble-t-il, qu’est due l’initiative des missions au nord de la Perse, dans les provinces du sud de la Caspienne, massif montagneux du Daïlom, zone marécageuse du Gîlân, plaine du Mùqân, arrosée par le Kour et l’Araxe, dont l’évangélisation a suscité l’enthousiasme du monastère de Beit’Abë. Cf. Thomas de Marga, op. cit., t. V, c. i-xii, p. 252-293, trad., p. 467-523 ; éd. Bedjan, p. 261-306. À l’est de la Perse, les missionnaires envoyés par Timothée prêchèrent la bonne nouvelle aux Turcs et pénétrèrent jusqu’au Beit Tuptâyë ou Thibet. Lettre xli aux moines de Mar Maroun, dans le Borgia syriaque 81, fol. 324. Voir, sur les missions nestoriennes au temps de Timothée, Labourt, op. cit., p. 37-49 et ici l’art. Nestorienne (Église), t. xi, col. 197, 206, 209.

Dans plusieurs lettres Timothée se plaint de sa santé ; l’absence d’ordre chronologique dans la collection conservée ne permet pas cependant de déterminer quand et comment débuta la décadence de cet homme énergique. Dans la lettre xi, il dit que ses yeux le font souffrir, au point qu’il ne peut écrire qu’avec une grande difficulté, p. 101, trad., p. 66. Dans la lettre xiii, il s’agit de douleurs qui affectent les reins et tous les os, p. 109, trad., p. 71. Dans la lettre xix, Timothée se dit très souffrant et, dans la lettre xxi, il se plaint d’être atteint dans son corps et dans son âme ; il se sent proche de la mort, p. 130-133, trad., p. 8688. Dans la lettre xxix, très antérieure à celles-ci, car Serge dirigeait encore l’école de BasoS, le catholicos raconte qu’après un moment de grande faiblesse ses douleurs se sont passées, p. 152, trad., p. 103.

Plus compatissant peut-être parce que de santé moins constante, Timothée avait fait bâtir à Bagdad un hospice, ÇevoSo/eïov ou bimaristân, pour lequel il avait dépensé 20 000 dirhems d’argent. Borgia syriaque 81, fol. 345 r°, v°.

Lorsque Timothée, épuisé par l’âge, se vit à la mort, il recommanda qu’on lui donnât pour successeur son ancien condisciple, devenu son adversaire, l’octogénaire Iso’barnûn. Barhebrseus, Chronicon, t. iii, col. 181-184. Le deuxième successeur de Timothée sera plus âgé encore : nommé à cent ans, il mourra à cent quatre. Mari, p. 76, trad. 67.

IL Œuvres. — Ébedjésus, dans son catalogue, énumère comme suit les écrits de Timothée : « Timothée a fait un livre sur les astres et la discussion avec al-Mahdï ; un (livre) sur les jugements ecclésiastiques et les tomes synodiques. On a de lui environ deux cents lettres distribuées en deux séries, et un livre de questions qui concernent aussi l’histoire. » J.-S. Assémani, Bibliotheca orientalis Clementino-Vaticana, t. m a, Rome, 1725, p. 158-163. Barhebrseus donne une information assez différente : « Il écrivit un grand nombre de livres et des homélies pour les dimanches du cycle annuel ; une interprétation de (Grégoire) le Théologien, un livre d’astronomie et le recueil des discussions qu’il eut avec Georges, patriarche des jacobites. » Op. cit., t. iii, col. 179-182.

L’ouvrage de Timothée sur les astres, astrologie ou astronomie, n’a pas été retrouvé jusqu’ici et il ne semble pas avoir laissé de traces dans la littérature

syriaque. Le « livre des questions » n’est pas identifié, non plus que le recueil des discussions avec le patriarche jacobite Georges de Bë’ëltan, qui, retenu pendant neuf ans à Bagdad comme prisonnier jusqu’à l’avènement d’al-Mahdi (775), y resta encore suffisamment après cette date pour avoir eu l’occasion de rencontrer Timothée. Il se peut d’ailleurs que les deux titres, de Barhebrseus et d’Ébedjésus, se rapportent à un seul et même ouvrage, car le texte du dernier présente des variantes. Le manuscrit de Séert 109, 12°, écrit en 1609, en contenait, à ce qu’il semble, un extrait (les manuscrits de cette bibliothèque ont été dispersés ou détruits pendant la première guerre mondiale). A. Scher, Catalogue des manuscrits syriaques et arabes conservés dans la bibliothèque épiscopale de Séert, Mossoul, 1905, p. 78.

L’interprétation de Grégoire de Nazianze peut être soit un commentaire, soit une traduction, car le mot pûSqê employé par Barhebrseus a les deux sens. O. Braun, Der Katholikos Timotheos I…, dans Oriens Christianus, t. i, 1901, p. 147 sq., considère comme invraisemblable que Timothée ait écrit un commentaire sur l’œuvre du Nazianzène ; A. Baumstark, au contraire, ne l’exclut pas, Geschichte der syrischen Literatur, Bonn, 1922, p. 217 sq. Il est certain que, dans les discussions théologiques de Timothée sur l’incarnation, certains écrits de Grégoire de Nazianze tiennent une grande place, en particulier les lettres à Clédonius et le Iïepl uîoû. Les Syriens possédaient, depuis le viie siècle au moins, une traduction du Nazianzène, mais aux yeux de Timothée elle était entachée d’erreur : il la qualifie crûment « d’exemplaire des hérétiques ». Lettre xvii, p. 123, trad., p. 82. On comprendrait qu’il ait voulu en avoir une autre traduction, surtout de ces traités qui étaient alors, entre nestoriens et jacobites, l’objet de vives controverses. Il se pourrait que, sans traduire lui-même, il ait encouragé à le faire le savant médecin du calife, Gabriel bar Boktiso’, auteur d’une traduction des ïambes, que le catholicos dit avoir entre les mains. J. Labourt, op. cit., p. xiv, 17, 27. A. Baumstark ne fait aucune allusion à ce travail, ni quand il parle de Gabriel, op. cit., p. 227, ni lorsqu’il traite des traductions syriaques de Grégoire de Nazianze, p. 77 sq.

Lettres.

Des deux cents lettres environ, distribuées

en deux tomes, qu’a vues Ébedjésus, il ne reste guère qu’un groupe de cinquante-huit lettres, conservé dans un ms. du couvent de Notre-Dame des Semences, près d’AlqôS, non exempt de mutilation et dont il n’y a malheureusement pas de description très détaillée. Addaï Scher, qui le déclare d’une écriture antérieure au xive siècle, décrit comme suit la partie qui nous intéresse ici : « Cod. 90… vi. Trois lettres de Timothée le Grand, vu. Discussion du même patriarche avec le calife al-Mahdï. vin. Cinquante-sept lettres du même. Le synode du même patriarche se trouve aussi dans cette collection. » Notice sur les manuscrits syriaques conservés dans la bibliothèque du couvent des Chaldéens de Notre-Dame-des-Scmences, dans Journal asiatique, sér. X, t. viii, p. 57. J.-M. Vosté, Catalogue de la bibliothèque syro-chaldéenne du couvent de Notre-Dame-des-Semences près d’AlqôS (Iraq), dans Angelicum, t. iii, 1928, p. 189 (extrait, p. 65), décrivant le manuscrit sous le numéro CLix, après avoir donné le détail des documents présentés par Scher sous le titre « Trois lettres », du cahier 27, p. 13, col. 1 au cahier 29, p. 4, col. 1, écrit : « 23. Discussion de Timothée avec le calife al-Mahdï sur la foi (deux traités), du cah. 29, p. 4 « au cah. 31, p. 4 b. — 24. Lettres de Timothée le Grand, au nombre de cinquante-sept du cah. 31, p. 5 a au cah. 39, p. 6 a. » Il ajoute que le manuscrit, de quarante-deux cahiers de dix feuillets, a quarante et une lignes par page, sur