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TERTULLIEN. ÉCRITS


ordonne aux vierges chrétiennes de porter le voile non seulement à l’église, mais dans la rue. C’est à partir de ce traité que l’on sent chez l’auteur des tendances accentuées vers un rigorisme qui s’écarte des règles admises dans le catholicisme.

22. Adversus Marcionem, P. L., t. ii, col. 239-524. — Cet ouvrage est, par son étendue, le plus important de tous les écrits de Tertullien. L’auteur en avait écrit une première rédaction aux environs de 200. Plus tard, il remit son travail sur le métier et ne cessa de le perfectionner. Le texte conservé est celui de la troisième édition. Les quatre premiers livres remontent à 207208 ; le cinquième peut dater de 210-211. Les 1. I-III sont destinés à prouver contre Marcion l’unité de Dieu, qui est à la fois bon et juste ; l’identité de Dieu et du Créateur, l’unité du Christ qui est bien le Messie annoncé par les prophètes de l’ancienne Loi et non pas un éon venu d’un monde supérieur. Les 1. IV et V critiquent le texte biblique de Marcion et montrent qu’il n’y a pas de contradiction entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Ces derniers livres sont particulièrement importants, parce qu’ils nous font connaître, du moins en grande partie, l’Évangile et Y Aposlolicum de l’hérésiarque. Sans doute, même ici, Tertullien reste un passionné ; il s’emporte souvent ; il insulte son adversaire ; il le couvre de ridicule. Mais il témoigne en même temps d’un sens critique très averti et ses discussions sur les textes sont parfois des modèles de précision.

23. De pallio, P. L., t. ii, col. 1029-1050 ; vers 209. — Tertullien s’étant un jour avisé d’abandonner la toge du citoyen romain pour prendre le pallium des philosophes, ses concitoyens saluèrent de sarcasmes ironiques cette transformation. Le De pallio est la réponse à ces moqueries. Nul ouvrage de l’auteur n’est plus difficile à comprendre que ce petit livre, écrit dans une langue concise et rempli d’allusions ou de sous-entendus dont nous ne possédons plus la clé. Édition critique de J. Marra, Turin, 1932.

24. Aduersus valenlinianos, P. L., t. ii, col. 538-594 ; vers 209-211. — Traité contre le gnostique Valent in et ses disciples. Tertullien utilise largement l’exposé de saint Irénée et il plaisante, d’une manière parfois un peu lourde, les aventures des éons.

25. De anima, P. L., t. ii, p. 646-752 ; vers 209-21 L— Tertullien étudie successivement la nature de l’âme, son origine, la mort et le sommeil qui en est l’image. Il s’inspire des ouvrages des philosophes grecs, et en particulier de celui du stoïcien Soranus. Aussi admet-il la corporéité de l’âme, comme les stoïciens. Édition critique avec commentaire de J.-H. Waszink, Amsterdam, 1933 ; le même auteur a ensuite donné un index de l’ouvrage, Bonn, 193 1.

26. De carne Christi, P. L., t. ii, col. 754-792 ; vers 209-211. — Ce livre est dirigé contre les docètes ; il l’applique donc à établir la réalité de la chair du Christ, qui est indispensable pour l’accomplissement de l’œuvre rédemptrice. Le Christ, afllrmc-t-il, devait Daltre, puisqu’il devait mourir ; el, pour mettre en un meilleur relief la vérité de cette naissance, il nie la Virginité de Marie in pnrlu.

27. Dr resurrectione carnis, P. L., t. ii, col. 795 886 ; vers 209-21 1. — Tertullien y démontre la résurrection de la chair en s’appuyanl sur les diverses preuves que peut lui fournir la raison, où en développanl les arguments SCripI maires.

28. De exhortatione castitatis, P. L., t. ii, col. 913 POUI rendre plus pressante les exhortations à la chasteté qu’il adresse a un ami devenu veuf, lu

tullien n’hésite pas à condamner les secondes noces,

qu’il appelle mu, , il c de fornication et il jette même le discrédit sur le premier mariage.

29. De corona, I’. L., t. ii, col. 78 102 ; cn 211. Après la mort de Septime Sévère et ravinement de

Caracalla et Géta, un soldat chrétien avait refusé de porter la couronne de laurier qui était de règle pour recevoir le donativum et il avait été jeté en prison pour refus d’obéissance. La plupart des chrétiens désapprouvèrent cette attitude rigoriste. Tertullien, au contraire, prend énergiquement la défense du soldat et insinue même que le service militaire ne convient pas aux chrétiens. Édition critique de J. Marra, Turin, 1927.

30. De idololalria, P. L., t. i, col. 663-696 ; vers 211212. — Ce livre pose dans son ensemble le problème des relations entre christianisme et paganisme. Tertullien résoud le problème avec sévérité : il ne se contente pas seulement d’interdire aux chrétiens la fabrication et la vente des idoles ; il leur défend encore d’être soldats, de faire du commerce, d’exercer des fonctions publiques, d’enseigner dans les écoles. Il voudrait, semble-t-il, que les chrétiens fussent isolés du monde et menassent une vie complètement séparée.

31. Scorpiace, P. L., t. ii, col. 121-154 ; vers 211-212.

— Le titre signifie proprement : Remède contre la morsure des scorpions, et l’ouvrage est dirigé contre des hérétiques gnostiques qui niaient la nécessité de confesser la foi jusqu’au martyre.

32. Ad Scapulam, P. L., t. i, col. 697-706. — Écrit en 212, après la mort de Géta, et plus précisément après une éclipse de soleil qui se produisit le 14 août de cette année-là. L’ouvrage est une lettre, adressée au proconsul d’Afrique, Scapula, persécuteur des chrétiens, pour le menacer de la colère de Dieu.

Période montaniste.

33. De fuga in persecutione,

P. L., t. ii, col. 103-120. — C’est le premier livre qui soit nettement montaniste. Il condamne, avec une exagération manifeste, la fuite en temps de persécution ou le fait d’offrir de l’argent aux magistrats pour obtenir la tranquillité. Tertullien affirme que le martyre est toujours un devoir et qu’on est obligé de l’accepter sous peine d’apostasie. Édition critique de J. Marra, Turin, 1932.

34. Adversus Praxean, P. L., l. ii, col. 154-196 ; après

212. — Tertullien attaque avec violence le monarchianisnie modaliste de Praxéas, qui, non seulement mettait en péril l’enseignement traditionnel sur la Trinité, mais qui, de plus, s’était rendu coupable à ses yeux en faisant condamner à Rome le mont anisme. Cet ouvrage, en dépit de la passion qui l’anime, est des plus remarquables. On peut dire qu’il constitue le plus ancien traité de théologie sur la Trinité. L’auteur y affirme clairement l’unité de Dieu et l’existence des trois personnes divines égales entre elles dans une seule substance. Édition critique de E. Krovmann, Leipzig, 1907.

35. De monogamia, P. L., t. ii, col. 930-954 ; après

213. — Tertullien condamne sans aucune réserve, au nom du l’araclct, les secondes noces et il présente le mariage lui-même comme l’objet d’une simple tolérance de la part de I)icu.

36. De jejunio adversus psychicos, P. L. t. ii, col. 953978 ; après 213. À propos du Jeûne, Tertullien s’élève contre le relâchement des catholiques, qu’il appelle par dérision les psychiques et il expose la doctrine montaniste des jeûnes ordonnés par le l’araclet lui-même.

37. Dr. eestasi libri srptrm. — Ouvrage perdu, compose après 213. Nous savons seulement que l’auteur y prenait la défense des prophètes mont anisl effet de leurs extases. L’Église Catholique, au contraire, se

montrait défavorable aux phénomènes extatiques et enseignai ! que le véritable prophète doil garder sou

calme et son saur, froid.

38. Dr pudicitia, P. /… i. ri, coi. 979-1030. H semble bien « pic nous ayons Ut le dernier ouvrage de Tertullien, qui atteint une violence mm encore