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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/9

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T A B A R A U D ( M A T H I K U-M AT H U R I N)

puissances combinées, de John Bowles avec une préface et des notes, 1799, in-8°. Il commença une Histoire du philosophisme anglais qui ne fut publiée que plus tard. Barbier dit, dans le Dictionnaire des anonymes, qu’il rédigea, avec son confrère le P. Manday, la lettre écrite en 1798 au pape Pie VI par plusieurs évêques de France pour le consoler dans ses tribulations ; cette lettre, ainsi que la réponse du pape datée de Florence. 19 novembre, ont été publiées par l’abbé du Hamel, Londres, 1799, in-8°, 28 p. À cette même préoccupation répondent : Réfutation des calomnies répandues contre le clergé français réfugié en Angleterre ; Lettre contre le serment civique ; Première lettre à un évêque non démissionnaire. Il quitta l’Angleterre après le concordat de 1801 et fut bien accueilli par Bernier qui voulut le mettre sur la liste des évêchés ; mais il refusa et reprit sa vie d’étude, passant six mois dans sa famille à Limoges et six mois à Paris ; son histoire se confond presque avec la liste de ses écrits. Il publie : De l’importance d’une religion de l’État, Paris, 1803, in-8°, 70 p. ; 2e éd. fort augmentée, Paris, 1814, in-8°, 108 p. Il y établit « qu’une constitution politique ne peut être bien organisée sans une religion d’État ». Seule, celle-ci a droit d’être salariée par le gouvernement ; « que toutes les autres soient contenues de manière à ne pas rivaliser avec elle. » — Principes sur la distinction du contrat et du sacrement de mariage, Limoges, 1803, in-8°, 59 p. ; 2e éd., Paris, 1816, devenue un gros volume in-8°. Cette édition anonyme entièrement refondue est augmentée de l’examen des mariages contractés pendant la Bévolution et de celui de deux projets de loi, l’un sur l’ordre à observer dans la célébration du contrat et dans l’administration du sacrement, l’autre sur la tenue des registres de l’état civil. L’auteur reconnaît que les époux sont tenus de recevoir la bénédiction nuptiale, à laquelle sont attachées des grâces spirituelles propres à leur état ; que les conjoints qui refuseraient de se présenter à l’église pour cela compromettraient gravement leur salut et que le prêtre devrait leur refuser l’absolution ; mais il reproduit, ce qu’il avait déjà affirmé dans ses lettres sur l’édit de 1787 et dans une discussion en face de M. Émery au séminaire de Lyon (Gosselin, Vie de M. Émery, t. i, p. 117), que le pouvoir d’établir des empêchements dirimants et d’en dispenser appartient de droit à la puissance temporelle et que la puissance spirituelle ne l’exerce que d’une façon précaire et en vertu de la permission des princes et sous leur protection. Son jugement sur l’Église est bien digne d’un janséniste : la portion de ses membres qui peut donner dans les erreurs contre la foi ne se réduit pas à quelques personnes isolées, c’est quelquefois le très grand nombre des pasteurs qui se trompe sur la grâce efficace, sur la nécessité de l’amour de Dieu : l’histoire de la bulle Unigenitus en est la preuve. Il regarde comme une marque de ces ténèbres la croyance commune sur la conception et l’assomption de la sainte Vierge. On ne trouve les vrais principes sur le mariage que dans le Code civil : l’Église avait laissé s’altérer la bonne doctrine, Bonaparte l’a ressuscitée. Le concile de Trente est infaillible quand il statue sur la présence réelle, non sur le mariage, parce que cela intéresse les princes ; il faudrait, pour rendre ses décrets valides sur cette question, un accord unanime de tous les Pères. L’Église doit céder en cela à la jurisprudence ; qu’on fasse le mariage devant l’officier civil, sauf à attendre pour recevoir le sacrement. Voir l’analyse dans l’Ami de la religion, t. viii, p. 305, 344, 401. M. Boyer, de Saint-Sulpice, le critiqua vivement dans Examen du pouvoir législatif de l’Église sur le mariage, 1817, in-8°.

Les bons rapports qui avaient existé d’abord entre Tabaraud et Mgr du Bourg, successeur légitime de Mgr d’Argentré à Limoges, s’étaient altérés peu à peu,

parce que, en 1809, l’évêque avait obligé tous les ecclésiastiques du diocèse à porter la soutane, et tous les sacristains à refuser les ornements pour dire la messe aux prêtres qui n’en seraient pas revêtus. Tabaraud avait démontré dans sa brochure, Des interdits arbitraires de célébrer la messe, 1809, in-8°, 40 p., le vice de cette ordonnance. Mgr Du Bourg la condamna ainsi que les Principes…, 18 février 1818. L’inculpé répondit par : 1. Lettre à M. Du Bourg sur son décret du 18 février ; 2. Réponse aux observations sur le décret de l’évêque de Limoges ; 3. Du droit de la puissance temporelle sur le mariage ou réfutation du décret de M. l’évêque de Limoges, Paris, octobre 1818, in-8° ; il y répète avec une certaine aigreur ce qu’il avait écrit précédemment dans les Principes. Les amis de l’évêque, en tête desquels il faut probablement voir M. Berthelot, supérieur des sulpiciens de Limoges, dépêchèrent quelqu’un à Toulouse pour imprimer : Observations sur le décret de M. l’évêque de Limoges et sur la lettre de M. Tabaraud au sujet de ce décret, avec cette épigraphe : Si quis aliter docet… superbus est nihil sciens, Toulouse, 1818. Nouvelle Lettre de M. Boyer pour reprocher à Tabaraud d’en appeler toujours à la souveraineté du peuple, pour l’accuser d’injures grossières à son égard, etc. Voir l’Ami de la religion, 1819, n. 506, t. xx, p. 161-169. Tabaraud riposte par une Lettre à M. Boyer, professeur de théologie au grand séminaire de Paris, Paris, 1819, in-8°, 20 p. Celui-ci compose une nouvelle réponse dans laquelle il se contente de répéter avec assez de vivacité les arguments de la première. Voir Ami de la religion, ibid., p. 314-320. Nouvelle brochure : Examen du pouvoir législatif et de l’Église sur le mariage. Tabaraud donne encore, tout à fait ab irato, une réplique aux Observations, in-8°, 45 p., où le pape est blâmé d’avoir confirmé par un bref du 9 mai la censure de l’évêque de Limoges. Il rappelle et maintient ce qu’il a écrit : Du droit de la puissance temporelle dans l’Église ou Réfutation du décret de M. l’évêque de Limoges, in-8°. Voir sur cette controverse Ami de la religion, t. xx, n. 506-515 et Lamennais, Réflexions sur l’état de l’Église en France, 1819, p. 273-299. Enfin il donne des Principes…, Paris, 1825, in-8°, 506 p., une 3e édition fort augmentée encore, dans laquelle il ne tient aucun compte de la censure épiscopale qui avait été portée contre l’ouvrage.

Outre ces brochures et ces ouvrages de polémique on lui doit aussi : De la philosophie de la Henriade, 1805, in-8° ; 2e éd. augmentée d’une préface curieuse, 1824, dans laquelle il critique finement l’Université d’avoir rendu classique, sous le ministère de l’évêque Frayssinous, cette œuvre de Voltaire, œuvre où domine l’indifîérence religieuse, où la religion est confondue avec le fanatisme, où il y a tant de vers malicieux contre les catholiques. Voir Ami de la religion, 1824, t. xli, p. 273 ; Dubédat, Tabaraud, p. 81. — Histoire critique du philosophisme anglais depuis son origine jusqu’à son introduction en France inclusivement, Paris, 1806, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage, qu’il avait préparé en Angleterre et qui ne fut publié en France que sous l’Empire, peut être considéré comme son chefd’œuvre. Il devait être suivi de l’Histoire du philosophisme français dont il était comme l’introduction et qui ne fut point composé. Voir La Gazette de France et le Journal de l’Empire de l’année ; les Mélanges de philosophie, 1. 1, p. 433, 463. L’auteur de ce dernier article dit que Tabaraud a introduit en français l’expression libre penseur. — De la réunion des communions chrétiennes, Paris, 1808, in-8°, 542 p. C’est l’histoire des négociations, conférences, correspondances qui ont eu lieu, des projets qui ont été formés à ce sujet depuis la naissance du protestantisme jusqu’au temps de l’auteur. Le récit est entremêlé de discussions qui