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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1010

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WIMPHELING (JACQUES)

WIMPINA (CONRAD’3550

membres de cette sodalilas, on remarquait le professeur Jean Sapidus, l’imprimeur Lazare Schiirer, de brillants étudiants tels que Beatus Rhenanus et Martin Bucer. Dans ce cercle, qui fait songer au « groupe de Meaux » en France, on discutait sur tous les événements littéraires du temps, sur les écrits d’Érasme, d’Ulrich Zasius, de Martin Luther, de Mélanchthon, d’Éoban Hessus, d’Urbain Rhegius, etc. Et, comme il devait arriver peu après au « groupe de Meaux », le cercle de Sélestat se trouva profondément troublé et divisé par « l’affaire luthérienne ». Les uns étaient pour, les autres contre. Le neveu de Wimpheling, Spiegel, semble avoir contribué à retenir son oncle dans les rangs catholiques traditionnels. Luther devait manifester son irritation à ce sujet. Wimpheling fut vivement attaqué par les luthériens. Il n’en resta pas moins fidèle aux convictions de son enfance. Son nom se range auprès de celui des vieux humanistes allemands catholiques, Agricola, Hegius, Dringenberg, Trithemius, Murmellius, Regiomontanus.

Sources.

L’Expurgatio, sorte d’autobiographie,

a été publiée, avec d’autres sources utiles pour sa Vie par J.-A. Biegger dans Amœnitates litterariæ Friburgenses (Ulm, 1775).

Littérature.

P. Wiskowatoff, Jacob Wimpheling, sein

Leben und seine Schriften. Ein Beitrag zur Geschichte des deutschen Humanismus, Berlin, 1867 ; Jean Janssen, L’Allemagne et la Béjorme, trad. française, qui malheureusement ne tient pas compte des améliorations apportées par Louis Pastor aux premières éditions de la grande œuvre de Janssen, Paris, Pion, 1902 sq. ; dans les Erlaùterung und Ergànzungen zu Janssens Geschiclite des deutschen Volkes, les fasc. 2-4 du cahier m sont consacrés à une monographie de Wimpheling, par Joseph Knepper (1902), on y trouve la liste des publications et des manuscrits de Wimpheling ; antérieurement, Ch. Schmidt avait longuement parlé de cet auteur dans son Histoire littéraire de l’Alsace à la fin du XV siècle et au commencement du XVI’siècle, Paris, 1879, et dans son Répertoire bibliographù/ue strasbourgeois jusque vers 1530, Strasbourg, 1893 sq. ; voir enfin Nicolas Paulus, Wimpjelingiana, dans Zeitschrijl fur Geschichte des Oberrheins, 1903, p. 46 sq. ; travaux de Knepper et de Kalkoft, ibid., 1906, p. 40 sq., 262 sq. ; de Buchner, ibid., p. 478 sq.

L. Cristiani.


WIMPINA Conrad, théologien catholique allemand (14657-1531). Il se nommait Koch. Son surnom lui vint de ce que sa famille était originaire de Wimpfen-sur-le-Ncckar. Il semble être né vers 1465, à Buchen ou Buchheim, au pays de Bade. Étudiant à Leipzig, depuis octobre 1479, il y devint bachelier en 1481, maître en 1485-1486. Son professeur, Martin Polich, était thomiste. Il le fut après lui. Ses premiers essais littéraires sont grossiers et barbares. Il manquait de goût et de facilité pour le style. Il se tourna vers la philosophie, fut admis en 1491 au conseil de cette faculté. Il obtint la faveur du duc Georges le Barbu. Kn 1494, il est recteur, en 1495, doyen de sa faculté, puis vice-chancelier, durant trois ans. Il s’était mis par ailleurs aux études théologiques : bachelier en 1491, sententiarius en 1491, enfin licencié en 1502. Il avait aussi reçu les saints ordres : le sous-diaconat en 1495, le diaconat et la prêtrise à des dates que nous ignorons. À partir de l’an 1500, il entre en querelle avec son ancien maître, Martin Polich, au sujet des rapports entre la poésie et la théologie. Wimpheling (voir ce mol) devait peu après être mêlé à une querelle du même genre entre Jacques Lochcr et Georges Zingel. Wimpina défendait la suprématie de la théo logie ea nobilitate nhjecti ejus, ChTisti. Martin l’olich répliqua par un Laconismes tumultuarius… in de/entlontm poettees. Cette époque avait vraiment le don pour trouver les titres étranges ! Wimpina riposta par une Responslo et Apologta contra Laconiimum où il traitait sans détenu son adversaire d’hérétique. Sur

ces entrefaites, Polich devenait professeur à la jeune université de Wittenberg. De sages interventions rétablirent la paix, en 1504, entre les deux lutteurs. Dans l’intervalle, en 1503, le cardinal-légat Raymond Peraudi avait récompensé Wimpina de sa vaillance en faveur de la théologie, en lui conférant le titre de docteur de cette noble science, à Leipzig. Wittenberg répliquait, trois semaines plus tard, en élevant Polich à la même dignité, par la bouche de Staupitz. Cette rivalité entre les deux universités de Leipzig et de Wittenberg se poursuivit dans les années suivantes. Pourtant, Wimpina ne devait pas rester à Leipzig. Répondant, en 1505, à l’appel de l’électeur Joachim de Brandebourg, il se rendait à Francfort-sur-1’Oder, en qualité de fondateur et de premier recteur de l’université du lieu. Il y travailla puissamment au développement du nouvel institut. Il était parvenu au comble de la gloire universitaire locale, quand il reçut, en 1518, au nombre des étudiants, un prédicateur devenu soudain célèbre, grâce à l’opposition bruyante de Luther, Jean Tetzel. Il allait de la sorte se trouver mêlé à ce que Luther appelait si volontiers « le tapage luthérien » (lutherische Làrm). Wimpina n’était pas du reste un inconnu pour Luther. Dans une lettre du moine de Wittenberg à son ami Georges Spalatin, en date du 20 décembre 1517 (Enders, Lulhersbriejwechsel, t. t, p. 133), on lit les lignes suivantes qui vont nous renseigner sur une discussion universitaire du temps : « J’apprends que le D. Conrad Wimpina prépare je ne sais quoi contre le pasteur de Zwickau…, parce que celui-ci repousse l’histoire de sainte Anne et rejette principalement l’existence des trois Marie. Il me paraît diflicile à réfuter. Et pourtant je ne voudrais pas que cette légende soit détruite par voie de discussion bruyante, mais plutôt, à cause du peuple, qu’on la laisse refroidir et tomber d’elle-même, surtout parce qu’il s’agit là d’une erreur qui découle de la piété et non de celle qui fait honorer les saints pour obtenir la richesse. » De quoi s’agissait-il donc ? La légende de sainte Anne voulait qu’elle eût été mariée trois fois. Ses trois maris auraient été Joachim, Cléophas et Salomé (que la légende prenait pour un nom d’homme I). De chaque mariage serait issue une Marie. Il y aurait donc eu trois Marie, dont la sainte Vierge, épouse de saint Joseph. Les deux autres auraient épousé Alphée et Zébédée. Le curé de Zwickau, Johann Wildenauer, qui signait Sylvius E granits, avait réfuté cette légende. Wimpina publia contre lui, en 1518, un ouvrage intitulé De diva Anna trinubio et trium flliarum ejus asseveratione libri III. Il admettait bien sans doute que Salomé est un nom féminin, mais il n’en maintenait pas moins les trois mariages de sainte Anne et l’existence de ses trois filles. Il invoquait notamment, à l’appui de la légende, un ouvrage que venait de publier l’archevêque d’Arles, en France, où il était affirmé que les deux sœurs de la Vierge, toutes deux appelées Marie, avaient prêché l’Évangile à Arles et y étaient ensevelies. Il est curieux d’observer que, précisément à la même date, une autre querelle des trois Marie se déroulait à Paris. Mais il s’agissait là d’une distinction établie par Lefèvre d’Êtaples entre Marie-Madeleine. Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme de Luc, vii, 36 sq. On sait (pue dans la liturgie catholique ces trois Marie sont considérées, bien à tort, comme n’en faisant qu’une, que l’on appelle Marie-Madeleine (Faber

Stapulensis. De Maria Magdalena et Iridao Christi

disceptatlo, Paris, 1517 ; Jodocus Clichtoveus, Ditceplationis de Magdalena defensio, l’avis. 1519),

Mais de bien autres luttes allaient s’engager. I.e

tl octobre 1517, Luther avait affiché à la porte de la

collégiale de Wittenberg ses fameuses 95 thèses contre

les indulgences. Le prédicateur Jean Tct/cl. partiel]