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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1023

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WISEMAN — WITASSE (CHARLES)

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nue impossible avec le coadjuteur. Celui-ci refusa de donner sa démission. Le pape dut le libérer de son office de coadjuteur et de tous ses droits sur le dio se où il l’avait exercé, 9 juin 1862. Cf. Dimnet, cit., p. 57 sq. ; Thureau-Dangin, op. cit., t. il, p. 306-316.

5. Les dernières années.

Wiseman rentra de Rome physiquement affaibli à la suite d’une opération dangereuse. Il se déchargea de [dus en plus des affaires administratives sur Manning, sans pourtant demeurer inactif. Toujours préoccupé de reconquérir dans l’esprit de ses compatriotes le terrain perdu lors des troubles de 1850, il multiplie ses conférences sur toutes sortes de sujets, ses articles dans les journaux et la Dublin Revieil’. Il assiste en 1863 au congrès de Malines, où il fut le principal orateur avec Montalembert. Son rapport traita des progrès du catholicisme en Angleterre depuis 1824.

De tendances modérées, il ne partagera pas les indignations excessives de son prévôt Manning dans la question du pouvoir temporel, ce qui ne l’empêcha pas de publier un mandement contre Garibaldi. Ward dit « qu’il ne se réjouit pas autant que d’autres de la publication du Syllabus, à une époque où cette charte de la dogmatique moderne paraissait une protestation contre l’attitude des puissances européennes, plutôt qu’une exposition simplement théologique, et semblait consommer la rupture entre l’Église et le monde moderne ». E. Dimnet, op. cit., p. 62. Et si parfois il s’écarte de cette modération, en s’opposant à la présence d’étudiants catholiques aux universités anglaises et à la création d’une société d’Union chrétienne, c’est sous l’influence de Manning. Il était convaincu que tout progrès scientifique, esthétique et social était « bon de soi et que l’Église catholique avait en elle le pouvoir parfois clair et évident, parfois obscurci et attendu de s’y plier et de l’élever ». E. Dimnet, op. cit., p. 71.

Un fait témoigne que ses efforts pour relever le prestige de l’Église catholique n’ont pas été vains. En 1865, le comité national du jubilé de Shakespeare lui demanda de faire une conférence à Albemarle Street sur le grand poète national : s’adresser à un cardinal de l’Église romaine pour célébrer un poète devenu l’incarnation de l’idée de patrie aurait été impossible un quart de siècle plus tôt.

La mort empêcha Wiseman de répondre à cet appel. Sa conférence était prête ; Manning en publia quelques fragments en 1865. Wiseman mourut le 15 février 1865. Il ne fut pas un génie et ne se classe pas parmi les théologiens. Mais ce fut un esprit curieux, ouvert à toutes les questions, comprenant l’importance de la science pour le prestige de l’Église catholique d’Angleterre et le relèvement de son clergé, sans avoir la ténacité voulue pour imposer ses idées et les faire entrer dans la pratique. Son influence déborda l’Angleterre : la plupart de ses ouvrages et de ses conférences furent traduits en allemand et en français ; la traduction française a trouvé place dans les Démonstrations évangéliques de Migne, t. xvi, col. 9-727.

Pour ce qui concerne les relations de Wiseman avec le parti tractarien, voir la bibliographie des articles Oxford et Puséyisme. E.-S. Purcell, Life of cardinal Manning, 2 vol., Londres, 1895 ; Wilfrid Ward, The life and times of cardinal Wiseman, 2 vol., Londres, 1897 ; T.-E. Bridgett, Cliaracteristics jrom the writings of Nicholas cardinal Wiseman, Londres, 1898 ; F. Warre Cornish, À hislory o/ English Church in the nineteenth Cenltirꝟ. 2 vol., Londres, 1933 ; David Mathew, Catholicism in England, Londres, 1937 ; E. Dimnet, La pensée catholique dans l’Angleterre contemporaine, Paris, 1906 ; Thureau-Dangin, La renaissance religieuse en Angleterre au XIXe siècle, 3 vol., Paris, 9e éd., 1919 ; A. Bellesheim, art. Wiseman, dans Kirchenlexikon, 2’éd., t. xii, col. 1710-1717 ; Ch. Kent, art. Wiseman,

dans Dictionary of national Bioyraphy, t. lxii, p. 243-246, Londres, 1900.

L. Marchal.


WITASSE Charles, théologien français (16601716), lui-même écrivait son nom Vuitasse. — Né à Chauny, près de Noyon, le Il novembre 1660, il entra, après de brillantes études, dans la société de Sorbonne, en 1688 ; l’année suivante il en devenait prieur ; peu après, le 21 mars 1690, il prenait le bonnet de docteur ; en 1696 il était nommé professeur royal de théologie. Il occupa cette chaire jusqu’en 1714, en dépit des sympathies qu’il ne ménageait pas aux « disciples de saint Augustin ». La publication de la bulle Unigenitus troubla sa quiétude. Ayant pris vivement parti contre elle comme beaucoup de ses confrères de Sorbonne, il fut, par ordre royal, exilé à Noyon. Il parvint d’ailleurs à rester caché à Paris, mais fut naturellement destitué de sa chaire. À la mort de Louis XIV (1 er sept. 1715), il put se montrer à découvert et des démarches furent entreprises pour lui faire rendre son enseignement. Elles allaient aboutir quand le docteur fut frappé d’une attaque d’apoplexie qui ne tarda pas à l’emporter ; il mourut pieusement le 10 avril 1716, qui était le vendredi saint.

Encore qu’il ait exercé une grosse influence, surtout par son enseignement, qui était fort goûté, Witasse a publié très peu de choses. En 1695, il prit parti dans la controverse sur la Pàque soulevée depuis 1689 par le P. Bernard Lamy : le Christ, à la dernière Cène, a-t-il, oui ou non, fait la Pâque juive ? Cf. ici, t. viii, col. 2552. Comme beaucoup d’autres exégètes, Witasse, à rencontre de Lamy, prit parti pour l’affirmative : Traité de la Pâque, ou lettre d’un docteur de Sorbonne à un docteur de la même maison touchant le système d’un théologien espagnol sur la Pâque, Paris, 1695. Le théologien espagnol en question n’était autre que Louis de Léon, voir ici t. ix, col. 359 sq., qui avait donné un traité De utriusque agni tijpici atque immolationis legitimo tempore. Le P. Lamy ayant répondu au Traité de la Pàque où son système était attaqué, Witasse répliqua dans le Journal des Savants de 1696, où furent insérées aussi une réponse de Lamy et une nouvelle réplique de Lamy, cette dernière en 1697.

Après la mort prématurée de notre théologien, ses amis songèrent à publier les cours qu’il avait dictés en Sorbonne. C’est ainsi que parurent successivement un De sacramento pœnitenliæ, Paris, 1717 ; unûe sacramento ordinis, même lieu, même date ; un De augustissimo altaris sacramento, 1720 ; un De incarnatione, mais surtout le De Deo uno et trino, 1722, qui est certainement le chef-d’œuvre de Witasse (reproduit dans Migne, Theologise cursus completus, t. viii, col. 1-723). Voir ci-dessus, art. Trinité, col. 1778. Toute cette littérature théologique a été reproduite dans une édition d’ensemble : Tractatus iheologici, Venise, 1738, 4 vol. in-4°, il y figure d’ailleurs un traité de la confirmation (texte dans Migne, ibid., t. xxi, col. 5451208) qui n’est certainement pas de Witasse. Au t. xxvi et dernier du même recueil de Migne est donné un mémoire français de Witasse : Liste des meilleurs ouvrages sur chaque branche de la science religieuse ; indication des questions principales qui peuvent être posées comme matière des conférences ecclésiastiques. Encore que ce texte ait été glosé et amplifié par l’éditeur, il ne laisse pas de faire saisir l’étendue des connaissances de Witasse et sa perspicacité à démêler les vrais problèmes de la théologie. Nous avons certainement ici affaire avec l’ouvrage attribué à Ellies du Pin : Méthode pour étudier la théologie avec une table des principales questions à examiner et à discuter dans les études théologiques et les principaux ouvrages sur chaque matière, in-12, 1716.