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365’ZACHARIE. LE LIVRE, ANALYSE

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ger à la vision elle-même et tenu soit pour non authentique, soit pour déplacé de son contexte. Par leur contenu, cependant, ces quelques versets se rattachent étroitement aux deux visions précédentes dont ils constituent une conclusion logique : dans Jérusalem ainsi restaurée les Juifs dispersés aux quatre vents du ciel viendront habiter de nouveau ; à Jahvé qui y aura établi son séjour les nations elles-mêmes s’adjoindront.

Quatrième vision : Expiation du grand-prêtre Josué, m, t-10. — Tandis que la 2° et la 3e vision avaient pour objet la restauration de Jérusalem et de Juda en général, les visions suivantes vont en montrer les étapes successives. Pour marquer tout d’abord la sainteté dont Jahvé entend gratifier son peuple, il fait entrevoir en la personne du grand-prêtre Josué, représentant au spirituel de son peuple, l’expiation et la sanctification. Cette expiation vise non pas quelque faute personnelle qu’aurait pu commettre le grandprêtre, non plus que les prévarications du sacerdoce lévitique qui avaient eu large part dans les causes de la catastrophe, mais les iniquités de tout le peuple. Sur la nature de l’adversaire, de Satan, les discussions ne manquent pas. Plus probablement, ainsi que le laisse entendre l’emploi de l’article : le Satan, il s’agirait non d’un individu bien déterminé, mais d’un nom commun désignant tout ennemi ou adversaire qui se fait accusateur, et appartenant au monde surnaturel comme l’ange interprète.

Les heureuses conséquences de la rénovation du peuple sont l’objet de la fin de la vision, 6-10. La fidélité du grand-prêtre est le gage des meilleurs présages : Jahvé va faire venir son serviteur « Germe » ; une pierre est déposée devant Josué, une pierre unique avec sept yeux sur laquelle le Seigneur gravera des sculptures, autant de mots, autant de questions. Cf. ci-dessous, col. 3666. La critique textuelle pose elle aussi un problème, celui de la réunion de ces versets à ceux de la fin du chapitre suivant iv, 66-lOcr.

Cinquième vision : Le candélabre et les deux oliviers, iv. — Le texte de cette vision est à maintenir tel que nous l’ont transmis sans le moindre indice d’hésitation aussi bien l’hébreu massorétique que les anciennes versions, et cela malgré l’apparente anomalie littéraire que présentent les ꝟ. 6M0a et les nombreux commentateurs modernes qui les reportent à la vision précédente (Van Hoonacker, Tobac) ou les rejettent à la fin du c. iv, après le ꝟ. 14 (Wellhausen, Nowack, Gautier, Mitchell). La meilleure raison de ce maintien est que ces versets sont nécessaires soit à l’explication du symbole du candélabre (Buzy), soit à celle de l’ensemble de la vision qui implique le succès de la reconstruction du temple, car c’est l’œuvre de Dieu (Junker).

Le prophète voit un candélabre avec sept lampes communiquant chacune par un tube avec un réservoir unique ; à droite et à gauche du réservoir deux oliviers le dominent. À la demande de Zacharie, l’ange lui explique que c’est par l’esprit de Jahvé que Zorobabcl triomphera des difficultés, que les sept lampes sont les sept yeux de Jahvé qui parcourent toute la terre, tandis que les deux oliviers sont les deux fils de l’huile qui se tiennent près du Seigneur de toute la terre. L’interprétation donnée par l’ange ne résoud pas toutes les difficultés, en preuve la multitude et la variété des solutions proposées. Ici encore, la perspective générale des visions du prophète de la restauration doit servir de guide dans la recherche de l’explication à adopter : puisqu’il s’agH comme précédemment d’encourager le peuple dans la reprise des travaux du temple, le candélabre n’apparaît-il pas comme le temple lui-même en construction ; les sept lampes qui sont sur le chan delier et que l’ange représente comme les sept yeux de Jahvé parcourant le monde ne symbolisent-ils pas les soins de la Providence veillant à l’achèvement de l’œuvre ; les deux oliviers enfin qui dominent le candélabre ne sont-ils pas Zorobabel et Josué, préposés l’un à l’édification matérielle du temple, l’autre à son service religieux ? Buzy, Les symboles de Zacharie, Rev. bibliq., 1918, p. 169. Un rapprochement ingénieux a été suggéré entre la pierre du sommet du ?. 7, regardée comme la pierre de faîte, couronnement de l’édifice, et le kudurru babylonien qui portait une inscription relative à la concession par le roi du terrain sur lequel il était posé ; cette pierre était ornée d’emblèmes de la divinité. Ainsi la pierre de la vision signifierait l’investiture de Zorobabel, chef de la Terre promise, et les sept yeux de Jahvé correspondraient aux emblèmes de la divinité du kudurru. Sellin, Der Stein des Sacharja, dans Journal of biblical literature, t. l, 1931, p. 242-249. Un tel emprunt aux usages babyloniens est assez peu probable malgré le séjour des Israélites en Chaldée ; pour signifier la restauration religieuse et nationale d’Israël, un symbole païen et étranger n’est vraiment pas indiqué.

Sixième vision : Le rouleau volant, v, 1-4. — Un rouleau de dimensions extraordinaires, 20 coudées sur 10, volant dans les airs, apparaît aux yeux du prophète. L’ange lui explique que c’est la malédiction divine qui plane sur le pays pour s’abattre sur les voleurs et les parjures représentant l’ensemble des pécheurs. Le sens général du symbole est facile à déterminer. Jahvé veut extirper du peuple les pécheurs afin de se constituer une nation pure et sainte ; c’est une mesure préparatoire à l’avènement des temps du salut. Quant à la situation correspondante les mêmes discussions se retrouvent que pour les précédentes visions : débuts du règne de Darius ou société d’avant l’exil. Pour l’interprétation des détails : on voit volontiers dans le rouleau le symbole de la sainteté de celui qui réside dans le sanctuaire ; les dimensions de ce rouleau, suggérées sans doute par celles du Saint dans le tabernacle et du portique de Salomon, III Reg., vi, 13, n’auraient d’autre signification que de forcer l’attention du prophète, sans marquer précisément l’étendue et la gravité de la malédiction.

Septième vision : L’épha, v, 5-1). — Complétant la précédente, cette vision montre au prophète qu’après les pécheurs c’est l’iniquité elle-même qui sera extirpée du pays pour être transportée en Sennaar où une maison lui sera bvtie, un temple peut-être comme a une idole. Si, avec plus de vraisemblance que pour les visions antérieures, on a pu reporter cette vision à la catastrophe de 587 et à la déportation qui s’ensuivit, elle est cependant à maintenir dans le même horizon historique, car c’est l’iniquité des rapatriés qui doit être transportée afin que la jeune communauté puisse vivre dans la pureté et la sainteté. Le choix de l’épha pour le transport de l’iniquité peut s’expliquer par la place que tenaient dans les prévarications d’Israël les fraudes commises dans Im transactions commerciales figurées par cette unité de mesure. Cf. les reproches d’Amos et d’Osée à ce sujet. Am., viii, 5 ; Os., xii, 8-9. Malgré les nombreux sym bolismes proposés pour les deux femmes aux ailes de cigogne, il semble bien qu’il n’y ait pas d’autre signification à leur donner que celle d’agents extew teurs des ordres divins.

Huitième vision : Les quatre chars, m. I’Zacharie voit sortir d’entre deux montagnes quatre chars attelés dfl coursiers aux couleurs différent ! Ces quatre chars, lui explique l’ange, sont les qnatn vents du ciel que Jahvé envole pan.nirir toute la terre ; le char aux chevaux noirs, parti vers le Nord,