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l W.IIAUJE. LE LIVRE, ANALYSE

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a pour mission d’apaiser la colère divine dans la terre située de ce côté, c’est-à-dire Babylone ; le char aux chevaux blancs sortit « après eux » et celui aux chevaux tachetés vers la terre du Midi. Et c’est tout, rien au sujet du quatrième char ; le texte est altéré ; les corrections ne lui ont pas manqué. Le sens général du symbole cependant, compte tenu de ses analogies avec la première vision, les quatre cavaliers, s’entend aisément du châtiment divin qui s’étend sur le pays du septentrion, Babylone : les chevaux y apaisent le courroux divin en y exerçant de terribles représailles. De quel châtiment en particulier s’agit-il ? Non pas de celui qu’apporta la conquête des Grecs (Van Hoonacker), non pas davantage de celui qui, quelques siècles plus tard, devait faire de l’empire de Nabuchodonosor un désert (Buzy), mais de celui qui frapperait toutes les puissances qui s’opposeraient à l’établissement du royaume de Dieu, puissances figurées par Babylone. Les deux montagnes d’entre lesquelles sortent les chars ne sont pas à chercher dans le voisinage de Jérusalem, la colline de Sion et la montagne des Oliviers par exemple ; sans doute ne sont-elles qu’un simple élément de la vision comme le suggère leur appellation de montagne d’airain ; l’origine serait peut-être à en chercher dans une antique représentation orientale du monde ; des documents assyriens et babyloniens ne représentent-ils pas souvent le dieu du soleil Samas sortant par une porte entre deux montagnes ? Les chars enfin, dont la couleur des attelages ne comporte pas de symbolisme déterminé, figurent, comme les vents, les agents de Dieu, exécuteurs de ses desseins dans le monde.

Acte symbolique : Le couronnement du grand-prêtre, vi, 9-15. — Avec l’or et l’argent, apportés par trois exilés venus de Babylone, le prophète reçoit l’ordre de faire une couronne (et non des couronnes ainsi que le portent hébreu massorétique et Septante) et de la poser sur la tête du grand-prêtre Josué auquel il présentera un personnage du nom de « Germe » qui bâtira le temple, siégera sur un trône et sera chef. Entre lui et le grand-prêtre, également assis sur un trône, il y aura un conseil de paix. La couronne sera ensuite déposée dans le temple en souvenir des donateurs. Difficultés de reconstitution du texte s’ajoutent aux difficultés d’interprétation pour faire de ce passage le tourment des commentateurs : ab obscur is ad obscuriora transimus, disait Jérôme. Une première question se pose au sujet de la nature du symbole : le fait rapporté s’est-il passé dans la réalité ou en vision seulement ? La plupart des critiques opinent pour une action véritable exécutée par Zacharie dans le but d’exalter le personnage de Josué. Quant à la question de savoir qui est le « Germe », Zorobabel ou le Messie, elle sera étudiée à propos du messianisme.

Discours des c. vu-vin. — Ces discours sont datés de la 4e année de Darius. Le premier, vii, 2-14, est adressé à une députation venue de la région de Béthel à Jérusalem pour savoir s’il n’y avait pas lieu désormais, vu » le changement des circonstances, de mettre fin aux jeûnes commémoratifs des événements dou-j loureux de la ruine de Juda. Dans sa réponse, le prophète énonce sur la valeur des manifestations de la piété et de la pénitence des principes qui rappellent ceux des prophètes du viii c et du viie siècles. Si, à l’exemple de leurs ancêtres, les Juifs s’obstinaient dans l’attachement aux pratiques d’un culte extérieur sans souci des dispositions du cœur, ils s’attireraient les mêmes châtiments que ceux qui jadis avaient si durement frappé le peuple d’Israël.

Malgré la dure leçon ainsi donnée, Zacharie laisse entendre que, si les menaces des anciens prophètes se sont réalisées, leurs promesses sont, elles aussi, maintenant en voie de réalisation et que par consé quent les jours de pénitence doivent faire place aux jours de fête. vin. L’avenir d’Israël et particulièrement de Jérusalem sera glorieux, des villes et des nations en grand nombre s’y rendront pour y adorer Jahvé. Les considérations alléguées par le prophète pour justifier ces promesses ne laissent pas que d’être obscures, on n’en saisit pas toujours le lien logique.

2. Deuxième partie, ix-xiv. — Cette deuxième partie du livre de Zacharie comprend plusieurs discours qui ont pour premier objet les petits États voisins de la Palestine, ensuite et surtout l’avenir d’Israël, l’avènement du royaume de Dieu, l’anéantissement de la puissance adverse, le sort de Jérusalem à la fin des temps.

Premier discours, ix. — Dans un premier tableau, ix, 1-7, est décrite l’extension du futur royaume messianique dans les villes de Syrie, de Phénicie, de Philistie ; dans un deuxième, ix, 8-10, la caractéristique de ce royaume qui sera celui de la paix ; dans un troisième, ix, 11-17, sont énumérées les conditions de son établissement.

Deuxième discours, x, 1-12. — Dans ce discours, dont sont peut-être à retrancher les deux premiers versets constituant soit un morceau isolé (Marti, Sellin), soit la conclusion du discours précédent (Van Hoonacker), le prophète déplore le malheur du peuple de Jahvé, car il est tel qu’un troupeau sans pasteur, égaré par l’idolâtrie. Mais tous ses ennemis seront châtiés, aussi bien les mauvais pasteurs que les oppresseurs païens, tandis qu’Israël sera rétabli dans sa puissance.

Troisième discours, xi, 1-17. — Il renferme ce qu’on appelle volontiers l’allégorie du prophète-pasteur, passage des plus intéressants mais aussi des plus difficiles du livre de Zacharie. Qu’il s’agisse d’un récit purement allégorique et non d’une action symbolique réelle, c’est ce qui ressort du texte lui-même qui nous représente le prophète comme devant tenir un double rôle de pasteur, celui de pasteur suprême d’abord, puis celui de pasteur insensé. Que l’interprétation de cette allégorie dans son ensemble non moins que l’identification des trois pasteurs retranchés en un mois aient été l’objet de multiples hypothèses, c’est ce que ne pouvaient manquer de provoquer et l’obscurité même du passage et l’incertitude de l’époque de sa composition.

Quatrième discours, xii-xiii. — Ici commence un nouvel exposé de la doctrine eschatologique du livre sans autre lien avec ce qui précède que l’identité du titre : oracle, parole de Jahvé, ix, 1 ; xii, 1. Après la description du combat livré par les nations païennes à Juda et à Jérusalem, c’est l’annonce de la ruine de tous les ennemis et du salut pour Jérusalem, xii, 1-9. Par son repentir, le peuple obtiendra la purification, idoles et faux-prophètes disparaîtront, xii, 10-xui, 6. Les trois versets suivants, xiii, 7-9 sont regardés par maints commentateurs comme étrangers au présent contexte ; on en veut faire, sans raison suffisante, la conclusion du c. xi. On pourrait y voir un passage parallèle au chapitre suivant ou mieux une courte introduction à ce même chapitre pour en résumer le thème essentiel.

Cinquième discours, xiv. — Ce thème est l’annonce de l’assaut des nations païennes contre Jérusalem qui, sans doute, succombera sous leurs coups, mais pour être ensuite sauvée et rétablie par Jahvé. Avec des nuances et un caractère apocalyptique très prononcé c’est le même thème eschatologique qu’au c.xii, 1-9.

Le texte.

Bien conservé dans l’ensemble, le

livre de Zacharie n’en a pas moins subi d’assez nombreuses altérations, inévitables dans de multiples transcriptions, en raison surtout de l’obscurité de maints passages des visions et discours. Les Septante