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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1072

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ZACHARIE (PAPE ;


contentant de percevoir et de monnayer en plaisirs grossiers les revenus des biens ecclésiastiques. On voyait aussi errer dans le pays des évêques gyrovagues, tenant leur juridiction l’on ne savait d’où, des prêtres consacrés par ceux-ci et colportant, de ci de là, pratiques superstitieuses et croyances suspectes. Bref il y avait un peu partout un abaissement marqué de la discipline et de la morale, chez les pasteurs et conséquemment chez les fidèles. C’est contre cet état de choses qu’entendait réagir la piété des deux frères.

Cette piété fut guidée par l’action de saint Boniface, voir son article, t. ii, col. 1005 sq., qui, depuis 732, investi par le pape Grégoire III de pleins pouvoirs en Germanie, travaillait à la réforme religieuse de l’Alémanie et de la Bavière. Sitôt au pouvoir, Carloman s’était abouché avec lui, et lui avait demandé de prendre en main la réforme de l’Église de Francie orientale. Boniface, habitué à ne rien faire sans l’aveu du Saint-Siège, en référa au pape Zacharie, tout en lui exposant l’état de choses qu’il laissait en Bavière. Le pape répondit en approuvant l’organisation ecclésiastique mise sur pied par Boniface et en lui donnant toute latitude de se mettre à la disposition de Carloman. Jafîé, Regesta, n. 2204. Il lui fournissait en même temps les directives convenables. Tenu au printemps de 742, dans une localité que l’on ne saurait préciser, le concile d’Austrasie où figuraient, outre Boniface, les évêques de Wurzbourg, Cologne, Burabourg, Strasbourg et Eichstàdt, prit les mesures les plus urgentes qui furent confirmées par un capitulaire de Carloman. On y reconnut l’autorité de Boniface que l’on saluait comme le missus sancti Pétri, on décida la réunion régulière des conciles, la restitution aux églises des biens enlevés, la dégradation des faux prêtres, des ecclésiastiques adultères et fornicateurs, l’exclusion des évêques inconnus et vagabonds, la répression enfin des fautes charnelles des moines et moniales. Tout ceci fut complété et renforcé dans un concile tenu à Lcpfines (Estines en Hainaut) l’année suivante 743. Boniface communiqua sans doute a Rome les décisions arrêtées ; elles furent approuvées en effet dans un synode romain, comptant cinquante-neuf évêques (été de 743). Jafîé, Regesta, post n. 2272.

Puis ce fut au tour de la Francie occidentale. En mars 744, Pépin réunissait à Soissons un concile dont Boniface de nouveau était l’âme et dont les décisions nous sont connues par un capitulaire de Pépin. L’évêque imposteur Aldebcrt, propagateur de pratiques superstitieuses et charlatanesques, y fut condamné et peut être aussi l’évêque Clément, voir ici t. iii, col. 200. On décida que, parmi les évêques de Francie, ceux de Reims, de Sens et de Rouen auraient titre et pouvoirs de métropolitains (l’autorité métropolitaine avait complètement disparu dans l’Église mérovingienne ; c’était là un timide essai de restauration). Mis au courant de ces décisions, le pape Zacharie approuva ce nouveau règlement et promit d’envoyer le pallium aux évêques désignés. Jaffé, n. 2270. Aussi fut-il quelque peu surpris quand Boniface lui apprit que, réflexion faite, on ne retiendrait comme métropolitain que l’évêque de Rouen. Jaffé, n. 2271. Mail Zacharie ne tint pas rigueur à son représent ; uit. En octobre 745, un concile romain de sept évoques ronfirmail 1rs mesurai prises à Soissons et faisait la procès d<s deux faux évêques Aldebcrl et Clément, Jaffé, post n. 2273 a.

A quelque temps de là, sans que l’on puisse <i miner la date avec certitude, Pépin faisait dresser un long questionnaire relatif à la réforme ecclésiastique qu’il envoyait au pape. On a la réponse que celui i i adressa, en janvier 747, à Pépin et aux évêques, abbés et princes francs. Jaffé, n. 2777 ; cf. n. 2278 où le

pape met Boniface au courant de ses décisions, en le priant de les faire entériner par un concile, où l’on achèverait en même temps de ventiler les causes d’Aldebert et de Clément. Ce concile est vraisemblablement celui qui se tint au début de 747 — avant la retraite de Carloman au Mont-Cassin — et qui est connu dans les collections comme le Concilium in Francia habitum, mais sur lequel malheureusement l’on manque de précisions. Par une lettre de Zacharie à Boniface, postérieure au concile, Jaffé, n. 2286, nous apprenons, entre autres, que Boniface avait fait circuler, parmi les évêques, un volumen de unitate fidei catholicæ, transmis ultérieurement à Rome, en même temps qu’une charta verse atque orthodoxee professionis et catholicæ unitatis, envoyée au nom de tous les évêques de Francie. Une autre lettre pontificale adressée collectivement à ces évêques, dont treize sont expressément nommés, les remercie de leur constance et de leur foi et leur recommande la soumission à l’endroit de Boniface « leur archevêque ». Jaffé, n. 2287. De ces diverses pièces il paraît résulter qu’une assemblée de tout l’épiscopat franc se réunit, véritable concile national, sur la convocation des deux princes Pépin et Carloman. On y voyait entre autres les évêques de Rouen, Beauvais, Amiens, Noyon, Tongres, Spire, Tarvane, Cambrai, Wurzbourg, Laon, Meaux, Cologne, Strasbourg. De la réunion Boniface était une fois de plus l’animateur. L’on y adhéra à des décisions pontificales, celles-là mêmes, sans doute, que Pépin avait sollicitées de Zacharie et l’on y exprima le loyalisme le plus net à l’endroit du Siège apostolique. C’était du meilleur augure pour la réforme de l’Église franque. Ce ne fut pas encore, d’ailleurs, la fin de l’action de Boniface, qui continua à rester en relations étroites avec le pape Zacharie. Il s’est conservé plusieurs des réponses que celui-ci adressa à l’apôtre de la Germanie, devenu finalement archevêque de Mayence. Cf. Jaffé, n. 2270, 2291, 2292. Zacharie devait encore intervenir en Francie dans une circonstance mémorable. Depuis cent ans, les descendants de Clovis n’y régnaient plus que de nom, la réalité du pouvoir étant passée finalement aux maires du palais. Pourtant le principe de la légitimité avait été sauvé jusqu’à la mort, en 737, de Thierry IV de Chelles, au nom de qui gouvernait Charles Martel. Ce Mérovingien n’avait cependant pas été remplacé ; à la mort de Charles Martel il n’y avait donc plus de roi des Francs.Toutefois en 743, pour satisfaire à la légitimité, Pépin et Carloman avaient été obligés de proclamer un obscur descendant de Clovis, Childéric III. Or, en 747, Carloman s’était retiré de la vie politique et s’était fait moine au Mont-Cassin. l’épin, demeuré seul au gouvernement de toute la Francie, voulut en finir avec une situation qui devenait de plus en plus anormale. Des scrupules de conscience l’arrêtaient cependant. Pouvait-il sans injustice prendre le titre de roi ? Seul le pape, pensa-t-il, était qualifié pour juger de ce cas de conscience. En 750, il envoyait à Rome Burchard, évêque de Wurzbourg et Fuldrade, abbé de Saint -Denis. Selon les Annales de Lorsch, ceux-ci devaient demander au pape « s’il était bien que les rois de Francie continuassent à porter un titre, dont ils ne remplissaient pas les charges : de rrgibus in Franria qui non habrntrs rrçjalem pntrstatem si brnr sit an non. Nous n’avons pas la réponse authentique du pape à cette consultation. Les mêmes Annales disent seule ment que le pape répondit qu’il valait mieux que celui-là fût appelé roi qui en exerçait le pouvoir plutôt que celui qui demeurait sans puissance royale, de la sorte, l’ordre ne serait pas troublé.. Ainsi, glose le chroniqueur, par l’autorité apostolique, il ordon nait que Pépin devint ml. Texte dans P. I, ., t