Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1082

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
3693
3694
ZIGLIARA — ZIMMER

Pecci, devenu pape sous le nom de Léon XIII. Il conféra au jeune dominicain l’ordination sacerdotale, le 7 mai 1856. Entré au couvent de Viterbe, le P. Zigliara y enseigna la philosophie, en même temps qu’il y remplit les fonctions de maître des novices et des scolastiques. Il prêcha beaucoup et se dévoua auprès des zouaves pontificaux français. Revenu à Rome, il reçut le titre de maître en théologie et se vit nommer recteur du collège de la Minerve. Professeur éminent, enseignant la doctrine de saint Thomas dans toute sa pureté, il la défendait aussi contre les objections et les préjugés de l’époque. Son intransigeance scolastique s’alliait avec une largeur de vues qui lui attirait les plus prévenus. De nombreux prélats assistaient à son cours. Théologiens, philosophes et hommes politiques sollicitaient son avis sur des questions importantes. Léon XIII, qui ne l’avait point perdu de vue, voulut consacrer cette renommée en élevant le P. Thomas-Marie à la pourpre romaine. Le 16 mai 1879, il le nomma cardinal-diacre du titre des Saints-Côme-et-Damien. Plus tard, il eut le titre presbytéral de Sainte— Praxède, puis fut enfin nommé évêque de Frascati, le 16 janvier 1893. Le pape lui confia en outre la préfecture de la Congrégation des Études. Membre de diverses Congrégations, particulièrement de celles des Évêques et Réguliers, de l’Index, de la Propagande, des Rites et des Indulgences, il y tint une place remarquée, par sa science et par son zèle.

La vie religieuse et cléricale du cardinal Zigliara s’est écoulée dans l’étude exclusive et approfondie de saint Thomas. Aussi bien, quand Léon XIII résolut de remettre en honneur la doctrine du Docteur angélique, il trouva dans l’éminent théologien le « spécialiste » qu’il lui fallait. La grande édition léonine des œuvres de saint Thomas fut commencée sous sa savante direction. D’autres ouvrages théologiques, philosophiques et historiques sont sortis de sa plume. Il fut assailli par la maladie et bientôt par la mort, en pleine activité. Il expira au couvent de la Minerve, le 10 mai 1893, à peine âgé de 59 ans, dont 40 de vie religieuse et 14 de cardinalat. Sur son lit de mourant, il se réjouissait de ce que, dans ses nombreuses publications, rien n’eût jamais été réprouvé ni condamné par l’Église.

Outre l’édition des œuvres de saint Thomas (1880), on doit au cardinal Zigliara les travaux suivants : Saggio sui principii del tradizionalismo, Viterbe, 1865 ; Osservazioni sopra alcune interprelazioni délia dottrina ideologica di S. Tommaso d’Aquino del prof. Ubaghs, Viterbe, 1870 ; Délia luce intellellualee dell’ontologismo, secondo le dotlrine dei SS. Agostino, Bonaoenlurae Tommaso, Rome, 1871, ouvrage très souvent cité ; Discorso dello il 27 ottobre 1872 nella basilica délia Madonna délia Quercia presso Vilerbo, dal P. Tommaso Zigliara, Viterbe ; Orazione panegirica di S. Bonavenlura recilala nel primo giorno del solenne Iriduo nel tempio di Aracœli in Roma, Rome, Monaldi, 1874. La Conlessa Laura Saoelli nata Roccaserra, Memoria, Rome, 1874 ; De mente concilii Vlennensis in definiendo dogmale unionis animæ cum corpore, Rome, 1878, opuscule de 256 pages très apprécié, sur la question de l’âme forme du corps et du composé liumain ; // t Dimittatur » e la spiegazione dalane dalla Sacra Congregazione dell’Indice, Rome, 1881 ; Commentaria S. Thomæ in Aristotelis libros Perihermeneias et Posleriorum Analylicorum cum synopsibus et annotationibus, Rome, 1882 ; Proptedeutica ad sacram theologiam in usum scholarnm, Rome, 1890 ; Summa philosophica in usum scholarum, Parla et Lyon, 1891 ; revue et augmentée, en 3 vol. — 19 éditions. Cette somme, qui a été pendant longtemps le manuel de philosophie de nombreux séminaires et maisons d’étude catholiques, a beaucoup contribué à la diffusion de la pensée thomiste et à la célébrité de son auteur. Mentionnons aussi des Thèses philosophiez, publiées en 1881-1883. Les œuvres philosophiques de Zigliara ont été traduites en français par l’abbé Murgue, et éditées par Vitte, Paris et Lyon, 1883. Quelques travaux intéressants sont restés inachevés ou sont encore inédits ; De sacramentis (achevés : le baptême et la confirmation) ; Tractatus asceticus de Virgine beatissima ; Utrum episcopalus sit ordo ; Beata Maria Virgo via est ad Christum : opuscule qu’il dicta, durant les nuits d’insomnie de sa dernière maladie, aux frères de la Minerve. Il faut joindre à ces écrits les rapports importants qu’il présenta dans les Congrégations romaines dont il était préfet ou membre.

Léon XIII l’avait nommé président de l’Académie romaine de saint Thomas. Le cardinal était, en outre, protecteur de la Compagnie de Saint-Antoine, à Florence, et de la Société bibliographique de Paris ; enfin, il appartenait à la Commission des Études historiques.

Année dominicaine, juin 1893 ; Moniteur de Rome, Il mai 1893, cité dans Les questions actuelles, t. xix, 1893, p. 13 ; Le Cardinal Zigliara, article dans La Corse catholique, par dom J.-B. Gaï, O. S. B., n. 94, janvier 1935 ; Oraison funèbre du Card. Zigliara, par le R. P. Roland, O. P., Bastia, 1893.

J.-B. Gai.


ZIMMER Patrice-Benoît, théologien allemand (1752-1820). — Zimmer naquit à Abtsgmünd (Wurtenberg) le 22 février 1752. Prêtre en 1775, il fut successivement professeur de théologie dogmatique à Dillingen (1783-1795), où il fut le collègue de Sailler (voir ce mot, t. xiv}, col. 750), et à Ingolstadt (1799-1800), professeur d’exégèse puis de patrologie à Landshut à partir de 1800. Recteur magnifique de l’Université en 1819, Zimmer mourut le 16 octobre 1820. Les dons pédagogiques de Zimmer lui attirèrent de nombreux élèves et étendirent sa renommée, mais il se fit beaucoup d’ennemis en soutenant trop ouvertement les théories des philosophes modernes en particulier celles de Fichte et de Schelling.

Écrits : Dissertatio dogmatica de vera et completa potestate ecclesiastica illiusque subiecto prout illa a Christo institula et hoc ab eodem determinatum est, Dillingen, 1784, in-4° ; on doit reprocher à Zimmer d’avoir, dans cet ouvrage, soutenu des thèses anti-romaines ; Theologiæ christianæ theoreticæ systema, eo nexii atque ordine delineatum, quo omnium optime tradi explanarique videtur, Dillingen, 1787, in-8° ; Theologia christiana dogmatica, Vienne, 1789-1790, 2 vol. in-8° ; Fides existentiæ Dei, seu de origine huius fidei, unde ea derivari possit et debeat criticum examen, Dillingen, 1791, in-8° ; Theologiæ christianæ specialis et theoreticæ, Landshut, 1802-1806 ; Philosophische Religionslehre, Landshut, 1805, in-8° ; Philosophische Untersuchung über den allgemeinen Verfall des menschlichen Geschlechtes, Landshut, 1809 ; Untersuchung über den Begrift und die Gesetze der Geschichte, über die vorgeblichen Mythen im Buche Moses und über Offenbarung und Heidenthum, als Einleitung in die Geschichte des menschlichen Geschlechtes, insofern sie Geschichte der Völker der alten Welt ist, Munich, 1817, in-8°.

Sailcr, I’alritius Brnediclus Zinuners kurzgelasste Biographie und aiisfahrliche Daritellung scincr U’i.t.vrnxrTia/f, Landshut, 1822 ; Allgemeinc deulsche Biographie, t. xlv, p. 2128 ; Die Religion in Gcschichie und (irgrmnart, t. v, col. 2114-211." » ; Catholic Encgclopedia (New-York), t.. p. 7.V.I-700 ; tturter, Nomenclator, 3’ôd., t. v, col. 647 sq. ; rf. HnsU’ivnny, Bomanus pontifer primas, passim.

J. Mercier.