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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/141

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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE, LES RELATIONS

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sistante. Un des meilleurs exposés philosophiques de cette question scol astique est celui de Billot, De relatione prseambula disquisitio, au début du commentaire sur I », q. xxviii, DeDeo Irino, Rome, 1926, p. 404-417.

1. Le problème métaphysique de la relation. —

Cet aspect de la question a été traité à Relations, col. 2141 sq. Deux grands courants de pensée ont été relevés, celui de saint Thomas, auquel se rattache l’exposé de Billot, et celui de Suarez, dont les applications aux relations subsistantes entraîne, en plus d’un domaine, des conclusions assez divergentes. Ibid., col. 2142-2145. Voir aussi Salmanticenses, disp. IV, dub. ii.

Nous devons ajouter ici quelques indications complémentaires, d’ordre bibliographique. La théorie de Suarez, appliquée au problème trinitaire, De Trinitate, t. III, c. ix, n. 369, a eu des antécédents au Moyen Age, chez Pierre Auriol, In 7um Sent., dist. XIX, q. n. Voir plus haut, col. 1751. On la retrouve chez Tolet, In J, m part., q. xxviii, a. 1, concl. 3 ; Grégoire de Valencia, ibid., q. xxvii, a. 1, disp. II, q. ii, punct. i ; Ruiz de Montoya, disp. IX, sect. v-vn ; Tanner, disp. IV, q. iii, dub. I et iv ; Arriaga, disp. XLVIII, sect. i ; XLIX, sect. i-iv, et plusieurs autres dont on trouve les noms dans Muncunill, n- 580-581. Cette opinion a été reprise récemment par Robles Dégano, La relacion y la Santissima Trinitad, Madrid, 1923, et dans Torneos metafisico, Avila, 1928, et réfutée par Ramirez, O. P., Boletin de teologia dogmatica, dans la Ciencia Tomista, 1923, p. 399 sq. Inutile de citer les théologiens partisans de l’autre opinion : l’école thomiste dans sa totalité.

2. Les rapports de la relation subsistante à l’essence divine (a. 2 ; cf. q. xxxix, a. 1-2). —

L’art. Relations, col. 2147, a indiqué les conditions que doit réaliser une opinion sur ce sujet pour être recevable dans l’exposé théologique du mystère. On ne peut donc accepter que très difficilement l’opinion scotiste d’une distinction formelle ex natura rei, col. 2146. En voir la discussion, non seulement dans Gonet indiqué col. 2147, mais encore dans les Salmanticenses, disp. V, dub. ii, § v-x, n. 38-70. La distinction scotiste n’est recevable qu’à la condition de n’y voir qu’une distinction virtuelle ; et il est possible que beaucoup de ses partisans l’entendent ainsi. Les trois opinions librement discutées sur la nature de cette distinction virtuelle ont été indiquées col. 2148-2149. — Dans le premier groupe (distinction virtuelle majeure), aux noms de Molina, Vasquez et Alarcon, on ajoutera Tolet, q. xxviii, a. 2, concl. 2 et 3 ; Becan, De Trinitate, c. ii, q. v ; Tanner, id., disp. IV, q. iii, dub. m ; Fr. de Lugo, id., t. II, disp. VIII, c. ii, n. Il ; Arriaga, disp. XLVIII, sect. i, m ; Buonpensiere, q. xxviii, a. 2, n. 170, 171. — Au troisième groupe (distinction virtuelle mineure), se rattachent Gajétan, In I* m part., q. xxvii, a. 3 ; q. xxxiv, a. 1 ; Banez, id., q. xxviii, a. 2, concl. 4 ; Ripa, id., q. xxxix, c. i-ii ; Jean de Saint-Thomas, disp. XIII, a. 2, n. 3 et 6 ; Gonet, q. xxvii, disp. III, a. 2 ; Billuart, dissert. III, a. 3 ; L. Janssens, q. xxviii, a. 2, p. 236. — Dans le second groupe, placé sous l’égide de Silvestre de Ferrare et de Suarez, il faut également placer Bellarmin, Controv. i*, De Christo, t. II, c. ix ; Ruiz de Montoya, disp. XIII, sect. i-iii ; Amigo, disp. XIX, sect. vi, n. 150 ; Van Noort, n. 205.

— À la remarque finale sur la possibilité d’accorder ces opinions, on peut ajouter l’appréciation suivante de Billuart : Hi et alii similes modi dicendi in idem fere redeunt et videtur inter eos esse queestio de nomine. Dissert. III, a. 3. De bons auteurs parlent donc simplement de distinction virtuelle, sans préciser. Cf. Kleutgen, n. 1049.

3. Perfection inhérente à la relation comme telle. —

Le problème de l’identité des relations avec l’essence divine pose immédiatement celui de l’élément perfectif qu’elles apportent ou non à cette essence. Question traitée à Relations, col. 2144-2145. On n’ajoutera ici que quelques compléments utiles.

Au point de vue doctrinal, l’unique précision à apporter concerne un aspect de la question sur lequel l’unanimité des théologiens devrait se faire. Les relations, envisagées comme telles, et par conséquent, dans leur distinction virtuelle de l’essence, impliquent une perfection infinie. Ne disons-nous pas, à la préface de la Trinité (voir S. Thomas, a. 2, sed contra) : « Nous adorons la propriété dans les personnes, l’unité dans l’essence, l’égalité dans la majesté. » C’est donc une terminologie tout au moins défectueuse qu’adopte l’école scotiste, en affirmant que les relations divines, comme telles, ne disent ni perfection, ni imperfection. Mais peut-être n’y a-t-il là qu’une question de mots. Cf. Salmanticenses, disp. VII, dub. i.

La discussion proprement scolastique, rappelée à Relations, concerne un autre aspect du problème : les relations considérées sous le rapport de l’esse ad expriment-elles une perfection apportée à l’essence divine ? — L’école de Suarez (col. 2144) comporte elle-même des nuances. Une première tendance, pleinement logique avec la conception métaphysique proposée de la relation par Suarez, suggère l’existence d’une perfection relative, s’ajoutant à la perfection absolue de l’essence. Elle admet en conséquence trois perfections relatives en Dieu. C’est ainsi que Suarez, poussant à l’extrême logique son système, admet dans la Trinité non seulement trois subsistences personnelles, mais trois essences relatives (c. v), trois unités personnelles (c. vu), trois vérités personnelles (c. vin), trois bontés ou perfections personnelles (c. ix). Il se demande même si, à ce compte, on ne doit pas multiplier personnellement les attributs négatifs et positifs de Dieu ? (c. xi-xii). La solution affirmative est adoptée avec la restriction de l’emploi des termes pris adjectivement, conformément aux indications du symbole d’Athanase (c. xi, n. 8, 12). Voir ici Noms divins, t. xi, col. 791. Se rapprochent plus ou moins de Suarez (car il y a encore bien des nuances) : Tolet, q. xxviii, a. 1, concl. 3, 4 ; Grégoire de Valencia, disp. II, q. ii, punct. i ; Tanner, disp. IV, q. iii, dub. iv ; Fr. de Lugo, t. II, dist. X, c. n ; Amigo, disp. XIX, sect. viii, n. 192-213 ; Arriaga, disp. XLIX, sect. m ; Silv. Maurus, t. II, q. cix, n. 10-69 ; Muncunill, n. 1125-1145. — Une seconde tendance, tout en admettant le principe suarézien d’une perfection impliquée par l’esse ad comme tel, n’en tire pas les extrêmes conclusions logiques à l’égard d’une multiplication en Dieu des perfections relatives : « De ce que chaque perfection ou personne puisse être appelée une « chose » et qu’ainsi trois relations, trois « choses » sont dites en Dieu, cependant on ne saurait parler de trois bontés ou de trois perfections, parce qu’en réalité tout cela s’identifie avec l’essence en laquelle les relations s’intègrent pour constituer la déité ; et de cette intégration, mie seule perfection résulte. » Vasquez, disp. CXXII, c. vi. Ruiz, qui accepte ce point de vue, fait opportunément observer que, si des perfections relatives existaient comme telles et s’ajoutaient à la perfection essentielle, il y aurait dans la Trinité une perfection supérieure à celle de la divinité seule. Ce qui est insoutenable. À cette thèse se rallie en substance Franzelin, th. xxv, n. 3 ; Chr. Pesch, n. 628-630.

Cette seconde tendance, on le voit, se rapproche beaucoup de l’opinion thomiste. Mais celle-ci, à son tour, affecte deux tendances. Certains dominicains affirment que la relation considérée formellement, c’est-à-dire selon l’esse ad, n’inclut aucune perfection ; mais la relation divine, même considérée sous cet aspect, inclut une perfection infinie, souveraine,