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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/142

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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE, LES PERSONNES

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unique, parce qu’elle renferme implicitement l’essence divine. C’est la thèse de Bafiez, q. xxviii, a. 2, concl. 3 ; de Jean de Saint-Thomas, disp. XIII, a. 3, n. 8-20 ; de Contenson, De Trinitate, t. III, dissert, ii, c. ii, spec. 3 ; de Gotti, De Trinitate, q. iii, dub. iii, § 1-2. Voir l’exposé dans les Salmanticenses, disp. VI, dub. i, § 1, n. 5. — Une tendance plus conforme à la métaphysique de la relation est celle que nous avons indiquée à Relations, col. 2145, en l’attribuant à l’école thomiste en général. La perfection de la relation divine lui vient, non de son esse ad, mais de son esse iii, par lequel elle s’identifie à l’essence. Bien que les relations divines soient infiniment parfaites et, comme telles, adorables, elles n’ajoutent cependant aucune perfection à l’essence dont précisément elles tirent toute leur perfection. Citons : Chez les dominicains : Capréolus, In I am Sent., dist. XXVIII, a. 1, ad 2um, contr. 5 concl. ; Silv. de Ferrare, Cont. Gentes, t. II, c. ix ; Cajétan, q. xxviii, a. 2, ad 3 un > ; Ripa, q. xxviii, a. 2, dub. n ; Nazarius, q. xxviii, a. 2, controv. 2 ; N. Arnou, q. xxviii, a. 3, c. iv, § 1-4 ; Godoy, q. xxviii, tract. X, disp. LXXVIII, § 3-4 ; Gonet, tract. VI, disp. III, a. 5, § 1-4 ; Billuart, dissert. III, a. 5. Chez les scotistes, à la suite de Scot, In / um Sent., dist. VIII, q. iv, n. 23 et Quodl. v, q. v : Rada, controv. xxvii ; Mastrius, In I am Sent., disp. VII, q. i, a. 1-4 ; Frassen, disp. II, a. 2, q. m ; Montefortino, q. xxviii, a. 2, q. n ; Henno, disp. II, q. iii, concl. 2. On n’oubliera pas cependant que cette concordance accidentelle du scotisme et du thomisme laisse subsister les divergences plus considérables signalées ailleurs, col. 1749. Les Salmanticenses se rattachent à cet enseignement, disp. VI, dub. ii, § 1-15. Chez les jésuites : Molina, q. xlii, a. 6, disp. II, concl. 2 ; Bellarmin, De Christo, t. II, c. xii ; Becan, De Trinitate, c. ii, q. vi ; Billot, th. xxxix ; Kleutgen, n. 1083.

4. Nombre et distinction des relations divines (q. xxviii, a. 3, 4). —

Tous s’accordent à reconnaître en Dieu quatre relations réelles subsistantes et seulement trois personnes. On a indiqué ici, Relations, col. 2149-2150, les degrés de certitude de cette affirmation en la décomposant en ses éléments. Il serait superflu d’y revenir.

Les personnes considérées en commun (q. xxixxxxii). —

1. Personnes et relations divines. —

La définition que Boèce a donnée de la personne : « substance individuelle de nature raisonnable » est, en général, acceptée de tous ; mais on la complète par l’idée d’incommunicabilité (q. xxix, a. 1). On n’a pas à revenir sur l’exposé fait à Hypostase, t. vii, col. 409 sq. ; mais à dessein, nous laissons de côté, dans cette synthèse de l’enseignement catholique, les notions hétérodoxes relevées à Hypostase, col. 424-436, dont il a été fait, plus haut, col. 1793, mention suffisante. On rappellera d’un mot que les théologiens à la suite de saint Thomas (a. 2) ont approfondi la notion de prrsonne à l’aide des notions d’essence, d’hypostase et de subsistence. Cf. Hypostase, col. 408. Depuis le concile de Florence, seule la notion de subsistence a été l’occasion d’un progrès (très relatif d’ailleurs) d’ordre théologique. L’exposé philosophique du mystère de l’incarnation a incité certains théologiens, comme Cajétnn tt Suarez, à concevoir la subsistence comme un mode substantiel, se surajoutant à la substance cllt -même, tandis ( ; u’au xviie siècle, le jésuite Tiphaine revenant presque à la conception scotiste ne voulut y voir que la substance concrète considérée dans sa totalité. Sur ces conceptions, outre l’article Hypostase, col. 411-42°, voit Th. de Régnon, lUudes, t. I, p. 20 1 sq, Les répercussions de cet systèmes dans le problème trinitaire sont de moindre importance, mai. se traduisent néanmoins par des nuances non négligeables.

En premier lieu, on constate cette répercussion à propos de l’élément constitutif de la personne divine. Voir Relations, col. 2152. Mais les nuances qui divisent les théologiens apparaissent ici plutôt verbales et, partant, rendent assez délicat le classement des auteurs. À l’art. Relations, nous avons essayé de les grouper en deux tendances. Le problème plus mûrement examiné, nous serions incité à les répartir en trois classes : 1° Ceux qui admettent que l’esse ad implique par lui-même une réalité : en conséquence, ces auteurs ne voient pas la nécessité de placer le constitutif de la personne ailleurs que dans cet esse ad. C’est ainsi qu’aux côtés de Durand de Saint-Pourçain se rangent Suarez et tous ceux qui se rattachent à la métaphysique suarézienne de la relation. Citons : Amigo, disp. XX, n. 55 ; Pesch, n. 602 et P. Galtier. — 2° Ceux qui admettent que l’esse ad n’exprime par lui-même aucune réalité, mais que cette réalité vient de l’esse iii, et ils se subdivisent en deux catégories. Les uns placent le constitutif de la personnalité divine formellement dans l’esse ad ; toutefois, disent-ils, cet esse ad peut être considéré en tant que relation supposant à relation, et sous cet aspect il distingue seulement les personnes ; mais l’esse ad peut être aussi considéré comme le sujet se référant à un autre sujet ; et, sous cet aspect, il constitue la personne. Solution de Cajétan, q. xl, a. 1 ; de Jean de Saint-Thomas, disp. XVI, a. 1, n. 24-25 ; de Gonet, de Billuart, dissert. VI, a. 2. D’autres, tout en partant du même principe, admettent plus simplement et avec moins de subtilité que la personne est constituée en Dieu par la relation considérée comme subsistante ; donc, par l’esse ad connotant l’essence divine avec laquelle il s’identifie dans l’esse in. Solution de Bafiez, q. xl, a. 3, concl. 1 ; des Salmanticenses, disp. XVIII, dub. iv, § 3-6 ; de Capréolus, In I am Sent., dist. XXVI, q. i, § 3 ; de Silvestre de Ferrare, qu’on retrouve chez Billot, A. d’Alès, van der Meersch, etc. On comprend que les théologiens partisans de cette deuxième solution trouvent entre leur théorie et celle de Suarez une certaine affinité. Aussi les Salmanticenses, loc. cit., n. 68, rapprochent de Silvestre de Ferrare Vasquez, disp. CXXVII, c. ii, Suarez, loc. cit., Ruiz, disp. XXXII, sect. vu et alii plures, tam inira quam extra scholam divi Thomæ.

En second lieu, en fonction de leurs systèmes particuliers, les théologiens ont agité le problème de la subsistence absolue et des subsistenecs relatives en Dieu. On n’a rien à ajouter à ce qui a été dit à Relations, col. 2153-2155.

2. Pluralité des personnes en Dieu (q. xxx, a. 1-4).

La pluralité des personnes en Dieu n’apporte aux théologiens presque aucun élément de désunion. Il est trop évident, étant donnée la Révélation, qu’il faut placer en Dieu plusieurs personnes distinctes (a. 1), qu’il n’y a que trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit (a. 2) et que ce nom de personne est commun aux trois, non certes comme le genre ou l’espèce sont communs aux individus, mais comme indiquant en Dieu d’une manière vague — la seule que nous puissions avoir en parlant de Dieu — l’individualité caractéristique de la personnalité (a. 4). Deux points seulement ont pu retenir leur attention.

Ils se demandent d’abord pourquoi en Dieu trois personnes seulement, alors qu’on compte quatre relations subsistantes. Mais tous l’exposent en rappelant la règle promulguée a Florence : aucune distinction possible en Dieu là où n’intervient pas’opposition des r. lations. I.a spiration active étant commune au Père et au Fils ne peut constituer une personne. Ainsi s’expriment les commentatean de la q. xxx, a. 2, ad 1°". Le fait que la’piration active s’identifie avec la paternité et la filiation la constitue relation personnelle ;