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TYPE — TYPE DE CONSTANT II

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l’Apocalypse xxi, 1 sq., décrit la descente sur la terre est l’image des splendeurs et des béatitudes du ciel ; les troisièmes nous invitant à une moralité plus haute : les aventures des Israélites dans le désert nous sont une leçon de modération et de soumission à Dieu. C’est peut-être beaucoup raffiner. Tout d’abord on est bien tenté de bloquer « sens anagogique » et « sens tropologique ». Dans l’un comme dans l’autre, il s’agit de trouver dans l’Écriture une règle de vie. Nous avons dit abondamment que les Pères ne s’étaient jamais privés, à la suite de saint Paul, de trouver dans les saints Livres de multiples leçons, que celles-ci y aient été mises explicitement par Dieu ou que l’ingéniosité des prédicateurs les en aient tirées. Le mot

« type » du grec doit se traduire alors par « exemples »,
« leçons », et c’est bien exactement ainsi que parle

l’apôtre. Même dans ce cas, y a-t-il vraiment cette correspondance entre des événements du passé et des réalités de l’économie nouvelle qui justifierait l’usage du terme technique de type ? On en pourrait douter. Disons simplement, que, suivant le mot de Paul à Timothée : « Toute Écriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour former à la justice. » II Tim., iii, 16. Pour nous, il faudrait restreindre la signification du mot « type » à ces sortes de prophéties en action que constituent les personnages, les actions, les institutions rapportés par l’Ancien Testament et qui annoncent, de manière voilée, les divines réalités qu’a manifestées l’économie nouvelle.

Se reporter aux introductions générales à l’Écriture sainte. Voir en particulier R. Cornely, dans le Cursus Scripturæ sacræ des Jésuites allemands, vol. i, Introductio generalis, t. I, Introductio generalis in utriusque Testamenti libros sacros, Paris, 1894, p. 552-566.

Voir encore, ici même, l’art. Testament (Ancien et Nouveau), §. Interprétation de l’Ancien Testament, ci-dessus, col. 188 sq., et les art. Alexandrie (École chrétienne d’), t. i, col. 814-815 ; Origène, t. xi, col. 1507-1508 ; Philon, t. xii, col. 1444 ; Antioche (École théologique d’), t. i, col. 1436 sq., et surtout Théodore de Mopsueste, t. xv, spécialement col. 248-255.

É. Amann.


TYPE DE CONSTANT II. — Nom d’un texte législatif émané de cet empereur et qui marque un point important dans l’histoire du monothélisme. Voir l’art, t. x, col. 2320.

Après les différentes tentatives faites de concert par le patriarche œcuménique Sergius et l’empereur Héraclius pour faire prévaloir la doctrine monénergiste, capable, pensait-on, de faire l’union des chalcédoniens et des monophysites modérés, on s’était arrêté à Constantinople à la formule plus simple et, en apparence, plus acceptable du monothélisme. Le patriarche Sergius la soumit au pape Honorius et transforma en une approbation explicite de la formule de « l’unique volonté » les expressions plus ou moins amphibologiques du pape. Sur quoi, toujours à l’instigation du même Sergius, le basileus transposa en une exposition officielle de foi, ÊxÔeoiç ntaTetùç , les affirmations plus ou moins aventureuses échappées à l’impéritic d’Honorius. Celui-ci avait écarté sommairement la question des « énergies » du Christ et déclaré confesser

« une seule volonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».

C’est une doctrine complète que développe, à partir de ces textes, l’Ecthèse d’Héraclius, publiée entre septembre et décembre 638. Après avoir exposé, d’après le concile de Chalcédoine, le dogme de l’incarnation, ce document interdit comme blâmables les deux expressions une ou deux énergies et affirme dans le Christ une seule volonté, sans aucune confusion des deux natures, qui conservent chacune leurs attributs propres, dans l’unique personne du Verbe fait chair. Texte conservé dans les actes du concile du Latran de 649, Mansi, Concil., t. x, col. 991-998.

Loin de faire l’union, l’Ecthèse ne fit qu’accentuer les divisions. Les papes, successeurs d’Honorius, Séverin et Jean IV refusèrent de la recevoir et protestèrent contre l’abus que l’on avait fait des expressions échappées à leur prédécesseur. Jean IV, en particulier, demanda à Constantin III, l’éphémère successeur d’Héraclius (mars-mai 641), de faire enlever le texte de l’Ecthèse des endroits où il avait été affiché. On lui promit une satisfaction qui d’ailleurs ne vint pas, car la mort prématurée de Constantin III amena des complications politiques dont profita le monothélisme. Le patriarche Pyrrhus, soutien du monothélisme officiel, avait été disgracié par Constantin III ; il fut rétabli dans ses fonctions par Martine, veuve d’Héraclius, qui gouverna pendant quelques semaines au nom de son fils Héracléonas. Il est vrai que le triomphe de Martine et de Pyrrhus fut de courte durée. À l’automne c’était le fils de Constantin III, Constant II qui était couronné basileus ; Martine était exilée avec Héracléonas et le patriarche Pyrrhus donnait sa démission.

A son avènement, Constant II n’était qu’un enfant de onze ans et le pouvoir fut d’abord exercé par le patriarche Paul que l’on avait substitué à Pyrrhus. Paul était d’ailleurs aussi favorable au monothélisme que son prédécesseur ; dans sa lettre au pape Théodore, consacré le 24 novembre 642, il se déclarait solidaire de Pyrrhus dont il attribuait la chute à des causes exclusivement politiques. Le nouveau pape répondit en demandant qu’une procédure régulière fût engagée contre Pyrrhus ; pour ce qui était de l’Ecthèse, Théodore la déclarait de nulle valeur et même l’anathématisait. Jaffé, Regesta pontif., n. 2049, 2050. Peu après, Pyrrhus passait en Afrique byzantine, où l’abbé Maxime le provoquait à une conférence publique où seraient exposées contradictoircment les preuves pour et contre le monothélisme quillet 645). L’ex-patriarche dut s’avouer vaincu ; d’Afrique il passa à Rome où il abjura, entre les mains de Théodore, l’hérésie monothélite et fut reçu à la communion de l’Église romaine avec les honneurs dus à sa dignité. Cette abjuration eut un gros retentissement, en particulier en Italie et en Afrique. En cette région de nombreux conciles furent tenus, qui condamnèrent le monothélisme comme une hérésie. Des lettres furent adressées au patriarche Paul, l’exhortant à revenir à la foi orthodoxe ; d’autres au pape le priant d’user de son autorité pour obtenir de Paul, par force ou par amour, une nette désapprobation de l’hérésie. Fort de cet appui, Théodore Ier, après une sommation demeurée sans effet, excommunia le patriarche.

Le Sacré-Palais s’alarma de cette agitation, qui, d’ailleurs, ne restait pas sur le terrain purement religieux. En 646 l’exarque d’Afrique se faisait proclamer basileus ; cette équipée fut, au reste, bientôt arrêtée par les premières invasions des Arabes, qui, maîtres de l’Egypte, commençaient à progresser dans la direction du Maghreb. Toutes ces circonstances expliquent comment, dans les ronseils impériaux, on en vint à l’idée d’abandonner le monothélisme officiel de l’Ecthèse. Du moins ne voulut-on pas se reconnaître vaincu ; il s’agissait de sauver la face en évitant de désavouer la doctrine christologique dont on avait voulu faire un moyen de conciliation et qui s’a> génératrice de divisions encore plus acerbes. Il fallait avant tout prévenir le danger d’une rupture avec le Siège apostolique ; l’on crut, bien à tort, y réussir en interdisant dorénavant toute discussion sur le sujet en litige. Tel fut l’objet de la « loi sur la foi », to7îoç Ttept nia-teuc, qui fut promulguée en 648 et qui s’appellera dans l’histoire le « Type » tout court.

Ce n’est point comme l’Ecthèse une exposition de foi, mais l’expression de la volonté impériale au sujet