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UBERTIN DE CASALE
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l’arbre, Il chapitres, dépeint, fol. 4 r°-39 r°, la préexistence du Fils au sein du Père, sa collaboration à la création du monde, son incarnation ; le t. II, la tige de l’arbre, 8 ch., traite, fol. 39 v°-67 r°, depuis l’enfance jusqu’au baptême du Christ ; le t. III, rameaux de l’arbre, 23 ch., narre, fol. 67 r°-137 r°, les miracles du Christ ; le t. IV, le faîte de l’arbre, 41 ch., est consacré, fol. 137 r°-202 r°, à la passion, la mort, la résurrection, l’ascension du Sauveur. Il se termine sur l’assomption de la Vierge. Ubertin nous avertit, Prol. sec., fol. 4 r°, que ce chapitre a été rédigé le premier ; le t. V, les fruits de l’arbre, 18 ch., déroule, fol. 204 r°-247 v°, les rêves joachimites de l’auteur.

Ennemi déclaré de la philosophie, t. V, c. i, fol. 209 v°-210 r°, 212 v°, 219 r°, Ubertin attaque Aristote, Averroès et plusieurs païens » et leur « vaine science ». Il reproche « à certains maîtres parisiens, disciples d’Averroès », de n’avoir plus qu’une « notion fausse, incomplète et chimérique du libre arbitre » lequel, ajoute-t-il, n’a rien à voir avec les révolutions astrales. L. V, c. viii, fol. 228 r°.

a) Il traite De Deo urto et trino dans son Expositio… symboli, t. III, c. xiii, fol. 242 r°-243 r° et, dans son opuscule De articulis fidei, t. III, c. xiv, il réfute les objections sur la création ex nihilo ; quant à la création ab œterno il la déclare « impossible ». L. I, c. iv, fol. 5 v°-6 v°. Dans l’exposé de la doctrine trinitaire, t. I, c. i, fol. 4 r° et 4 v° ; c. iv, fol. 5 r° et c. vi, fol. 6 r°, il suit à la lettre le Breuiloquium de saint Bonaventure. Rien d’original non plus quand il parle de Verbo incarnato, sauf sur un point alors peu abordé : la dévotion au Sacré-Cœur. Le spirituel, sans nommer ni saint Antoine de Padoue, ni saint Bonaventure, précurseurs de cette dévotion dans l’ordre séraphique, fait gloire à Olieu de l’avoir instruit « sur les douleurs intérieures du Cœur de Jésus ». Prol. princ., fol. 2 r°. L’étude du Sacré-Cœur et de la vie intérieure de Jésus, professe-t-il, est beaucoup plus profitable à l’âme que celle de la vie extérieure du Christ. L. III, c. xviii, fol. 123 r°. Pendant trente-trois ans, Jésus a consommé la passion en son divin Cœur. Il l’a soufferte en son Cœur avant de la subir extérieurement. L. IV, c. vi, fol. 151 r°. Ce Cœur adorable a été transpersé spirituellement lors du massacre des Innocents. L. II, c. vu fol. 60 r°. Une profonde tristesse a toujours affecté ce Cœur divin qui s’offrait au Père céleste pour la satisfaction de tous nos crimes. Le Sacré-Cœur, principal agent de notre rédemption, source de toute grâce et de tout mérite, est un abîme d’amour, de douleur et de force ; l’âme dévote au Sacré-Cœur reçoit une pleine illumination sur elle-même, sur le prochain et sur Dieu ; elle puise dans ce Cœur très saint une divine douceur, mélange ineffable de pureté et de miséricorde. Les perfections du Sacré-Cœur sont, comme les dons du Saint-Esprit, au nombre de sept, à savoir : la miséricorde, la justice, la sagesse, la science, la patience, la force et l’ardeur d’un amour ineffable pour Dieu et pour l’homme. Jésus invite ses amis à pénétrer dans la plaie de son côté pour trouver dans son Cœur le zèle, le sacrifice, la ferveur qui changent en joie les plus grandes peines. Quand le Cœur de Marie intercède pour nous auprès du Cœur de Jésus, le Christ, découvrant la plaie de son côté, dit à sa mère : Ma Mère, cachez-y tous vos enfants. » La dévotion au Sacré-Cœur, prédit Ubertin, sera celle de la fin des temps. L’Église, alors, s’abîmera dans la contemplation du Sacré-Cœur et se reposera sur la poitrine de son époux divin. Et le spirituel de conclure : « O mon âme, pénètre dans cette terre promise qu’est le divin Cœur de Jésus. Non seulement lu y trouverai lait et miel en abondance, mais, par surcroît, la douceur, la pureté, l’amour de Dieu même. Kt maintenant, mon âme, ne sors plus jamais de ce

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

Cœur sacré, ni sous prétexte de vaines curiosités, ni poussée par l’ambition ou par l’avarice, mais demeures-y éternellement. » Prol., fol. 3 V ; t. I, c. ix, fol. 21 v » ; t. III, c. i, fol. 136 v° ; t. IV, c. viii, fol. 152 v° ; c. xi, fol. 156 v°, 157 r ».

Ubertin, en raison de cet enseignement neuf pour l’époque, a reçu le titre sans doute un peu ambitieux de Docteur du Sacré-Cœur. Il s’est montré également novateur sur le chapitre de la dévotion au Saint Nom de Jésus. « Ce Nom qui est au-dessus de tout nom, développe-t-il, est un refuge pour les pénitents, pour les malades un remède, pour les combattants une forteresse, pour les souffrants un soulagement, une aide pour les déficients », puis il décrit les merveilleux effets produits par cette dévotion dans l’âme chrétienne affermie dans la confiance en Dieu et dans la pratique de la pénitence. L. II, c. ii, fol. 71 v°-72 r°.

b) Il ressort de la Vie de la sainte Vierge, racontée par Ubertin dans ses quatre premiers livres, que Marie est vraiment Mère de Dieu et notre Mère. Elle est également notre médiatrice auprès du Sacré-Cœur. Ubertin fait allusion aux douleurs du Cœur de Marie. L. I, c. ix, fol. 16 r°, fol. 156 v°, 157 r°. La « bienheureuse Vierge est pleine de grâce comme il convient à la très excellente mère de Dieu » et cependant elle est remplie d’humilité, d’esprit de pauvreté et de charité. Ubertin fait un très beau commentaire du Magnificat, t. I, c. ix, fol. 29 r° ; dans sa prière au bon larron il nous montre la Vierge condolente, pleurant au pied de la croix sur les souffrances de son fils. L. IV, c. xiv, fol. 160 r°. Il reprend le même thème en l’élargissant dans le Dialogue de Marie avec la Croix. La Vierge consent à céder Jésus à la croix pour le salut du monde. L. IV, c. xxv, fol. 147 v°. La vie de Marie n’a été qu’une longue croix. L. IV, c. xxxvii, fol. 190 r°. Il considère également la mère de Jésus comme la Vierge-prêtre et lui prête ce langage : « II (l’Agneau de Dieu) n’a pu être offert que par moi seule… pour la libération des pauvres et malheureux fils adoptifs du Père céleste… » L. II, c. v, fol. 51 r° et v°. Gerson désapprouvera ce passage.

L’époux de la T.-S. Vierge, saint Joseph, laissé dans l’ombre à l’époque, inspire au spirituel de très belles pages. Il célèbre son rôle auprès de Marie et il met en lumière ce qu’il estime avoir été les sentiments du fiancé de la Vierge lorsque celle-ci revint de chez Elisabeth. Si Joseph voulut se séparer de Marie, affirme Ubertin citant saint Bernard, ce fut par humilité, car il s’estimait indigne de devenir l’époux de la Mère de Dieu et le père adoptif du Sauveur. L. II, c. ix, fol. 25 r°, 25 v°. En d’autres endroits il fait l’éloge du sage et pieux vieillard » à qui Dieu remet le soin de gouverner son Fils unique. L. I. c. vi, fol. 9 V-10 r° ; t. II, c. ix, fol. 65 r°.

c) De sacramentis. — L’auteur de YArbor traite de la grâce de façon traditionnelle : la grâce d’union, grâce habituelle, se confère par les sacrements. L. I, c. ix, fol. 16 r° et v°, 18 r°. Ubertin développe cette pensée dans un petit traité De seplem Ecclesiæ sacramentis, fondu dans son ouvrage, t. IV, c. xxxvi, fol. 187 v°190 r°, et aussi passim, sans beaucoup d’originalité d’ailleurs. Relevons seulement quelques particularités. Ubertin expose toute la doctrine catholique sur le baptême au t. III, c. ii, Jésus vir baptizatus. fol. 68 v°-71 r°. Contre certains hérétiques de son temps, il fait remarquer que, pour que le baptême soit valide, il n’est pas nécessaire que le baptiseur soit en état de grâce. Notre franciscain rigoriste enseigne que les enfants morts sans baptême supporteront éternellement la peine du dam et aussi celle du sens parce que, éternellement, ils seront souillés de la tâche originelle. Ubertin attribue cette opinion à saint Augustin. L. III, c. ii, fol. 69 r° et

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