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- UNITE DE L’EGLISE##
UNITE DE L’EGLISE. THEOLOGIE ORTHODOXE
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bourg, 1765, tr. grecque, Athènes, 1836, part. II, § 28, p. 130 ; Macaire (Hulgakov), qui affirme le caractère hérétique de toutes les Églises chrétiennes en dehors de l’Église gréco-russe ; à l’Église orientale seule conviennent les quatre notes du symbole. Introduction…, p. 408.
Cette preuve par les quatre notes est indiquée par Eugène Bulgaris († 1806), dans son ©goXof cL&v, Venise, 1872, p. 48-55 ; Athanase de Paros († 1813), ’EiriTOfiT) tûv Oîûov BoYfiiTwv, Leipzig, 1806, p. 35-36 ; le russe Pierre Ternovskij, Théologie dogmatique (en russe), Moscou, 1838. L’unité de foi, de sacrements, de culte, de discipline, de hiérarchie (avec un seul chef invisible, le Christ), de communion entre les pasteurs, est jointe aux autres notes par Antoine Amfiteatrov, op. cit., § 275-276, p. 325-327 ; Philarète Gumilevskij, op. cit., ErciTOfiT, , p. 228-249 ; N. Malinevskij, op. cit., t. ii, p. 218, 231, 296 ; Lebedev qui, avec Malinovskij, s’appuie sur la triple unité de foi, de culte, de discipline conforme aux saints canons (dans son livre sur La primauté du pape, p. 108-109, 323-333) ; Mesoloras, op. cit., p. 68-69 ; les catéchismes de Khamoudopoulos, p. 68-69 ; Sp. Sungras, ’( p6ô80 ?oç, _piTT.avsv.ri LaT.vP, Tsç, Athènes, 1909, p. 54-55.
Cet absolutisme est atténué chez d’autres auteurs, plus spécialement chez les contemporains. Déjà, en effet, vers le milieu du xixe siècle, un grand nombre de théologiens confessent que l’Église gréco-russe n’est qu’une partie de l’Église universelle du Christ. Ils se réfèrent à l’ancienne doctrine orientale de l’Église catholique divinement constituée en cinq patriarcats. Le patriarcat occidental faisant défaut, l’Église n’a plus son unité. Ils reconnaissent donc implicitement que l’Église gréco-russe n’est qu’une partie de l’Église universelle. Le patriarche Joachim II, dans des lettres synodales contresignées par douze métropolites (1801) appelle les Églises occidentales des « Églises sreurs ». Cf. Svêtlov, La question des vieux-catholiques dans sa nouvelle phase, dans Véra i razum, 1904, t. i, p. 307. Philarète Drosdov, dans ses Dialogues…, p. 19, 25, 47, 53, tient la même doctrine et même, p. 86-87, montre assez de bienveillance pour l’Église latine. Voir ici t.xii, col. 1388. Même sentiment et même vœu pour l’unité chez N. A. Muraviev, Parole de l’orthodoxie catholique au catholicisme romain, tr. fr., Paris, 1853, p. 36-37. Platon Gorodetskij († 1891), métropolite de Kiev, compare l’Église universelle à un vaste temple : les Églises particulières sont des chapelles, séparées entre elles par de simples claies et se rejoignant dans l’unique voûte. Voir le texte dans Revue internationale de théologie, 1903, p. 568. Cf. Anatole Marlinovskij († 1872), archevêque de Mohilev, Les relations de l’Eglise romaine aux autres églises chrétiennes et à tout le genre humain, 2 vol., Saint-I’et ersbourg, 1857, 1861, t. i, j). 7 : t. ii, p. 316 s(|. (tr. italienne. Home, 187 1). I. Sto’ianov comprend expressément l’Église romaine dans l’Église universelle. Nos nouveaux philosophes et théologiens, dans Vira i razum. 1885, t. i, p. 180-191.
Et même parmi les partisans d’une opinion moins bienveillante pour l’Église romaine, plusieurs sem blent accepter que l’union des deux Églises, orientale Bl Occidentale, serait nécessaire pour la tenue légitime d’un concile œcuménique. Cf. A. Lebedev, Le clergé de l’ancienne Église œcuménique (en russe). S : iini Pétersbourg, 1905, p. 245-246 ; Mesoloras, Eu_x60Xodj, t. n (2 « éd.), p. 26-27. 32-3 1. 38, 39 ; V. Maltzev, Dogmatische ErOrterungen zur Einfûhrung in des Verilàndniss der orthodox-kathnlischen Aufjassung in ilirem Verhûllniss zur rômischen und protestantischen, Merlin. 1893 ; J.-B. P.obni. L’Église orthodoxe gréco
russe, Paris, 1897, p. 86-87 ; Sakellaropoulos, ’ExxXn-OMttrnxov Slxatov, Uhènes, 1898, p. 8-9, 16, 23. Certains catéchismes enseignent expressément que
l’Église universelle est aujourd’hui partagée en deux : l’orientale et l’occidentale. Cf. Gegle, ’Op0680^o< ; -/pi.cmavi.y.T) xaT/jy/jaiç, Patras, 1899, p. 61-62 ; J. E. Mesoloras, ’OpOoSoÇoç xpicmavix7_ xa-y_)_7_crt, < ;, 3e éd., Athènes, 1891, p. 6 (catéchisme approuvé par le Saint-Synode d’Athènes).
Cette tendance à une tolérance plus universelle s’est accentuée lorsqu’il fut question d’admettre les vieux-catholiques dans la communion de l’Église russe. Sans doute, le parti des intransigeants s’affirma derechef. Dans sa réponse au patriarche œcuménique Joachim III (1903). le Saint-Synode de Pétersbourg professe que seule l’Église gréco-russe est l’Église universelle du Christ. Cf. Cerkovnyia Yiedomosti (1903), n. 23-24. Ce point de vue est partagé par les théologiens A. -Th. Gusev (de Kazan), V. A. Kerenskij, Serge, évêque de Finlande. Pour la bibliographie concernant cette controverse, voir ici t. xiv. col. 370371 (§ 8). La plupart des catéchismes grecs, on l’a vii, adhèrent à l’opinion intransigeante. Cf. Hernadakis, op. cit., p. 144 sq. ; Khamoudopoulos, op. cit., p. 73. Dans son encyclique (1895), le patriarche oecuménique Anthime VII proclame que seuls les chrétiens d’Orient forment le corps du Christ et que l’Église est constituée par l’agglomération des Églises autocéphales. Mais nombreux sont aussi ceux qui acceptent comme membres de l’Église même les chrétientés non romaines d’Occident, vieux-catholiques, anglicans ou protestants. Citons : V. Bolotov, I.-L. Janisev, le général A. Kireêv, Sokolov et Bêljæv de Moscou et Svêtlov de Kiev. Voir ici t. xiv, col. 363-364. Ce dernier auteur va jusqu’à affirmer qu’ « une division dans la foi et une erreur dogmatique n’est pas une séparation d’avec l’Église : outre l’unité de foi visible, qui s’exprime par l’unité de confession "extérieure, il peut exister dans l’Église même une unité invisible ». Bogoslovskii Yiestnik, 1905, t. i, p. 703. Svêtlov a beaucoup contribué à propager cette conception libérale de l’unité de foi dans l’Église. Dans sa Doctrine de la foi chrétienne apologéliquement exposée, il place l’unité de foi dans les seules croyances communes aux différentes confessions chrétiennes. Pour lui, le caractère hérétique d’aucune Église occidentale n’a été démontré et ne peut être démontré. Le défaut d’unité visible ne nuit pas à l’unité invisible. Donc, toutes les confessions chrétiennes appartiennent à la vraie Église, dont la partie la meilleure se trouve dans l’Église gréco-russe. Viennent ensuite l’Église catholique romaine, puis l’anglicanisme, puis le protestantisme.
Toutes ces confessions peuvent conduire les hommes au port de l’éternité ; mais l’Église russe le fera à la manière d’un grand transatlantique construit en Angleterre ; l’Eglise romaine, comme un paquebot à vapeur construit en Russie ; l’anglicanisme, à la façon d’un bateau apte à descendre le cours du Volga ; le protestantisme, comme un petit voilier marin ; les différentes sectes comme de simples nacelles ou bouées ; enfin, ceux qui ne se rattachent à aucune Église pourraient être assimilés à des nageurs se fiant à leurs propres forces et qui seront heureux de trouver quelque navire pour atteindre le rivage. Op. cit., 3o étlil., Kiev, 191(1, I. I, p. 208-209, 225-226.
Hicy que le théologien grec Diomedes Kyriakos ait
reconnu les vieux -cal ludiques comme faisant partie de l’Église, cf. Hev. internat, de théologie, 1903, p. 725727, la conception libérale de Svêtlov a trouvé peu d’écho en dehors de Russie.
Mais on ne sera pas étonné que les orthodoxes, de l’Église russe principalement, aient accepté de collaborer avec les anglicans et les protestants dans les
conférences tenues à Stockholm et a Lausanne en vue
de l’union des Églises. Dans son récent volume sur
L’orthodoxie, Paris, 1933, s. Boulgakov expose ainsi