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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/511

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    1. VATICAN (CONC##


VATICAN (CONC. DU) PROCÉDURE

au scrutin secret par les Pères du concile, le pape se réservant néanmoins la nomination de chacun des présidents. Les listes préparées en fin de compte par le cardinal de Angelis, et sur lesquelles ne figuraient pas les évêques les plus importants de la minorité, passèrent telles que le cardinal les avait présentées. L’ostracisme qui présida à la composition de la députation de la foi fut une lourde faute et pesa gravement sur les destinées du concile. Il appelle une explication. Aux réunions de la villa Caserta, maison généralice des rédemptoristes, le 23 décembre 1869, les membres les plus notoires de la majorité conciliaire (plus d’une quarantaine) décidèrent d’exclure de la députation de la foi tous les Pères connus pour leur opposition à la définition de l’infaillibilité. Les candidats à élire seraient pris dans les diverses nations et l’archevêque de Westminster, Mgr Manning, se chargeait de recueillir les noms en plein accord avec le cardinal de Angelis sur le choix à faire. Une liste lithographiée par les soins du cardinal fut mise en circulation. Et seuls furent élus à la majorité ceux qui figuraient sur la liste en questions. (On trouvera dans le Journal de Mgr Senestrey, évêque de Ratisbonne, le récit des diverses manœuvres entreprises aux réunions de la villa Caserta pour le recrutement des adhérents à la définition de l’infaillibilité.) Comme les anti-infaillibilistes avaient de leur côté fait circuler une liste dont tous les membres furent évincés par la majorité conciliaire, on se trouva avoir voté [iour ou contre l’infaillibilité en votant pour ou contre la liste du cardinal de Angelis. Cf. C. L., col. 1646 ; M.-P., t. lui, col. 157 sq. Le scrutin eut lieu le 14 décembre à la 2e congrégation générale et le résultat fut proclamé le 20 (3e séance). Furent élus entre autres : Mgr Pie, évêque de Poitiers, l’archevêque de Posen, Mgr Ledochowski, l’archevêque de Cambrai, Mgr Régnier, le primat de Hongrie, Mgr Simor, l’archevêque de Malines, Mgr Dechamps, l’archevêque de Westminster, Mgr Manning, l’évêque -de Baltimore, Mgr Spalding, l’évêque de Paderborn, Mgr Martin, l’évêque de Ratisbonne, Mgr Senestrey et l’évêque de Brixen, Mgr Casser, enfin le patriarche arménien, Mgr Hassun. On forma au sein de la députation une commission spéciale, composée de trois membres particulièrement influents : l’archevêque de Malines et les évêques de Poitiers et de Paderborn. Le cardinal Bilio fut désigné par Pie IX pour présider la députation de la foi. Il eut en qualité de secrétaire Mgr Schwetzi, prélat domestique, théologien du Vatican et professeur de théologie à Vienne.

A la 4e séance, fut proclamé le résultat du vote pour l’élection de la députation De disciplina, toujours suivant les listes du cardinal de Angelis. Le cardinal Caterini en fut désigné par le pape comme président. Elle se composait des archevêques de New-York, de Birmingham, Tuam, Mexico, Barcelone, Burgos, Lucques, Québec, du patriarche latin d’Alexandrie, des évêques de Nîmes, de Liège, Genève, Lemberg, Wurzbourg, Puno (Pérou), le Mans, Ségovie, Quimper, La Crosse (Wisconsin, É.-U.), Reggio, Ascalon, Caltanisetta (Sicile), Orvieto, Sinigaglia. M.-P., t. l, col. 120. Les deux dernières députations, l’une la députation Pro rébus ordinum regularium, proclamée le 3 janvier 1870 (6e séance), l’autre, la députation Pro rébus ritus orientalis et aposlolicarum missionum, nommée le 14 janvier à la 10e séance (résultats proclamés le 19, à la 12e séance) avec le cardinal Barnabo pour président, devaient avoir un rôle pour ainsi dire posthume. La discussion du projet sur les missions ne vint en effet que dans la 89e et dernière séance, alors que le Concile n’était plus représenté que par 104 membres présents (1 er septembre 1870). Mais le travail de la commission Pro rébus ritus orientalis et aposlolica rum missionum, pas plus que celui de la commission Pro rébus ordinum regularium, ne fut un travail perdu. Il sera largement utilisé sous les successeurs de Pie IX par les rédacteurs du nouveau Code de droit canonique, comme parles instructions pontificales. Texte du projet sur les missions dans M.-P., t. lui, col. 46-53, suivi des volumineuses observations de la commission ; les divers projets de regularibus, il n’y en a pas moins de dix-huit, ibid., col. 783854.

C’est un fait que, vu la composition de ces diverses députations, leurs décisions étaient finalement ratifiées ou rejetées par une majorité compacte de l’assemblée. On n’est pas cependant en droit de conclure, comme on le fit à Rome, dès l’ouverture du concile, que « le siège était fait et la victoire certaine » : ce qui signifierait que la discussion était de pure forme. Les questions traitées donnèrent lieu généralement à un mûr examen et le rôle de la minorité, surtout dans la définition de l’infaillibilité, fut de la plus haute importance. C’est ce qui ressort en particulier de l’étude des congrégations générales.

3° Les congrégations générales (ou séances ordinaires). — C’est aux congrégations générales ou assemblées plénières, qu’aboutissaient les travaux des commissions préparatoires et des députations. Ces séances étaient présidées par cinq cardinaux qui représentaient immédiatement le pape, les cardinaux de Luca, de Angelis, Bizzarri, Capalti et Bilio. La liberté des Pères était sans doute limitée, de ce fait d’abord qu’on ne pouvait saisir le concile d’une proposition sans l’agrément du pape (agissant d’ordinaire par la commission de postulatis), et de cette autre défense que le droit de réplique directe était banni de la discussion générale qui suivait le travail des commissions. On pouvait encore regretter que les évêques qui représentaient la minorité et partant l’opposition, dans le concile, aient eu leurs chefs exclus des commissions préparatoires et des députations. Il eût été préférable que des personnalités éminentes comme l’évêque de Mayence, l’évêque de Rottenbourg, l’archevêque de Kalocza, l’évêque d’Orléans et d’autres encore n’eussent pas été écartés des travaux de ces commissions par la majorité de leurs collègues. De ces faits, il serait inexact de conclure que le rôle des congrégations générales ne fut point différent du rôle passif d’une chambre d’enregistrement. Ce qu’on ne saurait en effet oublier, c’est que chaque Père avait le droit de parler en toute liberté et les discussions duraient en général aussi longtemps qu’il plaisait à un évêque de s’inscrire pour parler. Les présidents des séances n’avaient pas le droit de prononcer la clôture. Le concile seul, sur la demande de dix évêques pouvait déclarer la discussion terminée. On ne peut dire que le concile ait abusé de ce droit essentiel à toute assemblée délibérante. Comment prétendre d’ailleurs que la discussion ait été étouffée dans un concile qui a duré sept mois, où 420 discours ont été entendus, dont un quart sur la question de l’infaillibilité, où les deux constitutions dogmatiques De flde et De Ecclesia furent notablement modifiées par les débats conciliaires et profondément remaniées.

Pour compléter la physionomie des 89 réunions tenues par les congrégations générales, rappelons que leurs assemblées s’ouvraient à neuf heures pour se clôturer ordinairement vers onze heures. Elles commençaient toutes par la célébration d’une messe ; puis, on communiquait à l’assemblée le résultat des votes de la dernière séance ; on lisait le procès-verbal, et on écoutait les orateurs qui s’étaient fait inscrire pour prendre la parole. Les Pères avaient entre les mains, depuis quelques jours, les textes transmis par les diverses députations. Les orateurs inscrits à