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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/512

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VATICAN (CONC. DU). PROCÉDURE

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l’avance s’exprimaient en toute liberté sur les textes soumis aux délibérations, proposant, selon qu’il leur paraissait bon, soit le rejet pur et simple du texte, soit les additions, suppressions, modifications qui leur semblaient opportunes. C’était à la commission compétente que revenait le labeur de tenir de ces remarques le compte qu’il fallait. La discussion d’un chapitre ou d’un paragraphe terminée, un rapporteur venait au nom de la commission dire quels amendements étaient admis, quels étaient rejetés par elle… C’est alors seulement qu’intervenait le vote, le plus ordinairement par assis ou levé. Les amendements acceptés par la majorité des présents repassaient alors à la commission qui en faisait état pour l’établissement d’un texte définitif. Celui-ci était alors soumis à un vote par appel nominal, chacun répondant de sa place, à l’appel de son nom soit placet (oui), soit non placet (non), soit placet juxta modum (oui à de certaines conditions). Ce dernier suffrage obligeait celui qui l’avait émis à expliquer par écrit les conditions mises par lui à un suffrage positif ; la commission était une fois encore saisie de ces conditions.

Tel fut au moins le procédé général de discussion qui se régularisa après la publication du décret du 20 février 1870. M.-P., t. l, col. 854. La disposition essentielle de ce décret, lequel provoqua quelque émoi, obligeait ceux qui désiraient un amendement au projet déposé de proposer une rédaction écrite des changements qu’ils souhaitaient. Il autorisait également les présidents à mettre aux voix la clôture d’une discussion, si celle-ci était demandée par dix Pères au moins, et cela par écrit. Ce fut tout spécialement cette disposition qui alarma les évêques de la minorité. Ils s’imaginèrent qu’elle pouvait servir à étrangler la discussion. En fait, il n’y eut jamais de clôture prononcée par surprise. Bien qu’il ne fût pas parfait, le règlement du 20 février se révéla à l’usage comme admissible.

Bien entendu, la langue latine était seule admise dans les discussions ; les discours étaient recueillis par des sténographes qui avaient été spécialement entraînés ; de ce côté il n’y eut pas de plainte. Mais la très mauvaise acoustique de Voulu conciliaire fut, dès les premiers moments, un sujet de récriminations. les mesures prises fin février pour l’améliorer ne purent guère que pallier le mal. D’ailleurs, l’acoustique eût-elle été parfaite que la différence dans la prononciation du latin par les évêques de nationalités si diverses aurait toujours constitué une grosse difficulté. On avait bien proposé de faire imprimer les discours prononcés : la crainte de la violation du secret ilmif le concile devait entourer ses délibérations empêcha d’adopter cette solution.

Les sessions publiques.

L’ailla conciliaire, dont

l’étendue avait été restreinte fin février, reprenait ses dimensions du début pour les sessions auxquelles le public était admis. Il n’y eut que quatre réunions de cette nature y compris celle d’inauguration (sessio prima) tenue le 8 décembre 1869 ri suivie le 10 de la première congrégation générale qui eul lieu sous la présidence de quatre légats : les cardinaux Bizzarri, Bilio, de Lucca <t Capalti, le cinquième, le cardinal de Reisach, ayant manqué à l’appel, pour cause de

grave maladie il mourut en effet le 23 décembre. La deuxième cession publique (secundo sessio) se tint le 6 Janvier 1870, Comme la première fois, les souverains, les princes, les ambassadeurs des puisles hauts fonctionnaires de la cour pontificale’Istalent. L’acte Important de la séance étall la profession de foi de chacun des Pères, profession conforme a celle en usage au concile de Trente. Les vinrent l’un après l’autre jurer sur les évangiles,

en répétant, chacun dans sa propre langue, la formule du serment..La troisième session publique (sessio lertia) eut lieu le dimanche de Quasimodo (24 avril). Le pape présidait en personne ; lecture fut donnée du texte de la constitution Z)ei Filius, tel qu’il était sorti des délibérations antécédentes, le vote nominal eut lieu ; les 667 Pères présents ayant voté unanimement, le pape déclara confirmer de son autorité apostolique les décrets et les canons. Enfin, le 18 juillet 1870, lorsque le vote de la 85e congrégation générale (13 juillet) eut été émis sur l’ensemble du projet De Ecclesia, le nouveau dogme fut proclamé dans la quatrième et dernière session publique (sessio quarta). L’œuvre capitale du concile était accomplie.

La presse.

Le caractère secret des autres

réunions indiquait assez que rien de ce qui se passait dans les congrégations et dans les députations ne pouvait transpirer au dehors, autrement que par des indiscrétions plus ou moins volontaires. A Borne donc la curiosité publique n’avait, pour se satisfaire, que de vagues récits toujours approximatifs, toujours passionnés et plus ou moins exagérés selon le parti auquel appartenait l’informateur qui les colportait. C’était d’ailleurs par bribes qu’arrivaient les nouvelles des résolutions prises pas le concile. Les lois restrictives imposées à la presse romaine expliquaient sa discrétion. Le Giornale di Roma, organe du Vatican, ne rapportait généralement que des faits accomplis, dégagés de tout commentaire, et quelques avis, utiles d’ailleurs, sur les procès-verbaux, le cérémonial et les rites. L’Unità catlolica ayant un jour publié certains détails qui attirèrent l’attention de la censure du concile, deux prélats de la cour pontificale, soupçonnés d’indiscrétion, furent aussitôt destitués. On sait encore que la police pontificale reçut l’ordre d’enfermer le secrétaire d’un évêque arménien pour le punir de ses indiscrétions. L’évêque dut recourir à maintes démarches pour obtenir l’élargissement de son assistant. Pour le détail de cette affaire compliquée voir Granderath, op. cit., t. n a, p. 411-431. Des incidents de cette nature devaient encore se reproduire Et c’est la raison pour laquelle, à plusieurs reprises, on revint dans les congrégations sur l’obligation du secret. L’on publia même des monita secrets relatifs à sa violation.

Ceux qui vivaient à Borne étaient surtout renseignés sur les faits qui se passaient à côté d’eux, mais en dehors d’eux, par les journaux politiques et religieux de Paris et de l’étranger, les uns ultramontains, les autres gallicans. Ces journaux échappaient en effet aux lois restrictives qui frappaient la presse italienne. Mais à l’exception de MM. de Biancey et Louis Yeuillol, considérés comme étant de la maison, les correspondants de la presse étrangère restaient dans la nuit. On sait, d’autre part, que l’imprimerie ne fonctionnait à Borne qu’avec l’autorisation du « Maître du Sacré Palais ".directeur officiel de la censure. C’était le B. P. Mariano Spada. O. 1’., chargé de refuser l’imprimatur à ceux des Pères qui tenteraient de recourir à la publicité par voie de lettres et de brochures. On se dédommageait, d’ailleurs, en se faisant publier à Naples. où la censure du royaume d’Italie laissait toute latitude. Nombre de brochures, quelques-unes assez Volumineuses, y furent ainsi éditées. Mais dans Rome aucun organe ne s’exposait à publier les protestations, les polémiques même qui s’élevaient dans les congrégations ou au sein des commissions ; tout cela n’arriva à la connaissance du public que par ceux-là même qui, les ayant soulevées, cherchaient au dehors, par voie de correspondances qui

revenaient à Home, leurs seuls moyens de justification et (le défense. Il faut signaler à ce point de vue. les Lettres de Rome régulièrement publiées dans